Maroc

Les potiers tirent la sonnette d’alarme

Le village artisanal Benjellik avait pour ambitions de regrouper tous les artisans potiers-zelligeurs de la ville afin de mettre un terme aux activités polluantes et d’améliorer les conditions de travail des artisans. Actuellement, seulement 9 sur les 242 unités qui s’y étaient installées continuent d’exercer leurs activités. Les artisans continuent d’utiliser les fours traditionnels réputés polluants.

La filière de la poterie à Fès souffre de plusieurs difficultés. En effet, actuellement seulement 9 sur 242 unités initialement installées au village artisanal Benjellik, dédié à la poterie et au zellige sont encore opérationnelles. Pour planter le décor, le projet de création de ce village artisanal a été initié en 2004 dans l’optique de regrouper tous les artisans potiers-zelligeurs de la ville sur un terrain de 27 hectares. Il s’agissait ainsi de mettre fin aux activités polluantes qui constituent un réel danger pour la vie de la population locale, d’améliorer les conditions de travail des artisans, ainsi que la qualité de leur production et d’augmenter leurs revenus. D’après les artisans, «la filière n’a connu aucune évolution depuis cette date. En plus, le site ne dispose jusqu’à présent d’aucune signalisation». Pour rappel, l’aménagement de la zone a nécessité un investissement de 35,5 MDH, dont 10,5 MDH pour le réaménagement de la route menant à ce projet. Il a été initié par la coopérative : «Les patrons de la poterie de Fès». Le maître d’ouvrage étant le groupe Al Omran Fès.

La lutte contre l’informel n’a pas abouti
Suite à notre enquête sur le terrain, nous avons recensé plusieurs artisans qui ont bénéficié du projet de Benjellik, mais qui n’ont pas rejoint leurs zones, ils exercent toujours dans l’informel. D’après plusieurs d’entre-eux, «le programme de délocalisation des potiers-zelligeurs de la ville de Fès n’a pas abouti conformément aux engagements préalables. En effet, en plus de sa position en dehors du périmètre urbain (6 km de la ville de Fès), la zone ne dispose d’aucun moyen de transport collectif des artisans, depuis sa création en 2005, notons que la route qui mène au quartier Benjellik se trouve dans un état très dégradé». En outre, dans la période de fortes pluies, le village artisanal est isolé : «Depuis 2013, le conseil préfectoral a opté pour la création d’une route secondaire qui relie la zone de Benjellik à la route numéro 6, sur une longueur de 2,1 km, mais ce projet n’a pas non plus abouti», déplore un artisan.

Pénurie en argile
Les maux des artisans ne s’arrêtent pas là. Ils souffrent aussi de la rareté d’une matière première de qualité. «En 2010, la carrière que nous avions l’habitude d’exploiter, et qui relève du ministère des Habous et des affaires islamiques a été fermée suite à un incident. Cette carrière mettait à notre disposition une argile d’une excellente qualité, contrairement à celle que nous utilisons aujourd’hui», précise Abdelilah Kounti, président de l’association fassie du zellige et de la poterie. «Aujourd’hui, une station de traitement de la terre est devenue essentielle pour le développement de la filière», ajoute Kounti. Selon ce dernier, suite à plusieurs rencontres avec les associations de poterie, le ministère des Habous et des affaires islamiques a promis aux artisans du village artisanal de Benjellik 7 hectares pour l’exploitation de l’argile de bonne qualité, mais jusqu’à présent rien n’a été concrétisé. Sur ce point, il faut rappeler que la région de Fès est la seule au Maroc à disposer de la matière argileuse sèche, qui permet la production du zellige artisanal coloré à petits carreaux.

Les fours traditionnels toujours en expansion
Malgré leurs forts niveaux de pollutions de l’air, les fours traditionnels sont toujours utilisés par les artisans dans le village de Benjellik, tout comme dans les unités informelles qui serait au nombre de 40. Ainsi l’opération de modernisation des outils de production par l’introduction des fours à gaz dans le processus de fabrication n’a pas abouti à son tour. En effet, dans le cadre de l’appui à la production du projet «Artisanat et médina de Fès» financé par le Millennium Challenge Corporation (MCC), une initiative a été lancée afin de généraliser l’utilisation des fours à gaz, en accompagnant les artisans dans leur démarche de remplacement des fours traditionnels réputés «polluants» à travers un financement à hauteur de 80%, dont 40% de la MCC et 40% du Fonds national pour la protection de l’environnement (FNE). «Malgré leur apport positif en termes de préservation de l’environnement, les fours à gaz   n’ont pas suscité l’engouement des professionnels qui restent très critiques vis-à-vis de leur qualité de cuisson, notamment pour le zellige et ceci en comparaison avec les fours traditionnels», Pour A.Massoud, président de la Widadia «Les patrons de la poterie, Al Itar».


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