Le Roi trace une nouvelle feuille de route pour valoriser la jeunesse
Le roi Mohammed VI a adressé, aujourd’hui, un discours à la Nation à l’occasion du 65e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Le Souverain a réitéré son inquiétude quant à la situation de la jeunesse marocaine, tout en appelant les différents acteurs à prendre, dans les plus brefs délais, les mesures qui s’imposent pour rétablir le taux de chômage et arrêter l’hémorragie des compétences.
De prime abord, le roi Mohammed VI a rappelé les différents acteurs politiques et institutionnels, lors d’un discours adressé à la Nation à l’occasion du 65e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, l’intérêt qu’Il porte à la question de la jeunesse. Dans ce cadre, et en faisant référence à son discours d’ouverture du Parlement, Il a évoqué son appel aux diverses parties prenantes, de placer la question de la jeunesse au cœur du nouveau modèle de développement, et d’élaborer une stratégie intégrée dédiée aux jeunes «qui permettrait de définir les moyens de promouvoir efficacement leur condition».
Par ailleurs, le Souverain a souligné la nécessité de prendre en considération les droits des jeunes avant de se pencher sur les devoirs qui leur incombent. «Un jeune ne peut être appelé à jouer son rôle et à remplir son devoir sans avoir préalablement bénéficié des opportunités et des qualifications nécessaires», a dit le Souverain. D’ajouter : «A ce jeune, nous devons offrir du concret, particulièrement en termes d’enseignement, d’emploi, de santé et dans bien d’autres domaines. A ce jeune, nous devons donner espoir et confiance en son avenir».
Un taux de chômage inquiétant
Le Souverain a manifesté son inquiétude quant au taux de chômage des jeunes qui reste élevé, et qui constitue pour Lui, «un vrai sujet de consternation».
«Il est inconcevable qu’un jeune sur quatre soit au chômage en dépit du niveau de croissance économique atteint globalement par le Maroc. Et ces chiffres sont plus dramatiques en milieu urbain», a-t-Il martelé.
Pour le roi Mohammed VI, les efforts déployés en termes de chantiers économiques et de programmes sociaux ne parviennent pas à la hauteur de ses attentes. «Face à cet état de choses, et dans le prolongement des orientations tracées dans le Discours du Trône, Nous devons, à nouveau et de toute urgence, attirer l’attention sur la question de l’emploi des jeunes, notamment par rapport à son articulation au Système de l’Education et de la Formation», a-t-Il poursuivi.
«En effet, nous ne devons plus accepter que notre système éducatif fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de chômeurs, surtout dans certaines filières universitaires dont les diplômés, tout le monde le sait, peinent énormément à intégrer le marché de l’emploi», a déploré le Souverain dans son discours.
La fuite des compétences … un problème endémique
Outre le problème du chômage, le Souverain a évoqué la nécessité d’engager les mesures qui s’imposent afin de mettre fin à l’hémorragie des compétences. «Lorsqu’un grand nombre de jeunes, notamment parmi les hauts diplômés des branches scientifiques et techniques, pensent émigrer, ils ne sont pas uniquement motivés par les incitations alléchantes de la vie à l’étranger», a dit le Souverain. Ces jeunes envisagent cette éventualité aussi parce qu’ils «manquent dans leur propre pays d’un climat et de conditions favorables à la vie active, à la promotion professionnelle, à l’innovation et à la recherche scientifique », a déploré le roi.
Ainsi, remédier au «problème endémique» de la fuite des compétences devient urgent et «suppose une meilleure adéquation entre formation et emploi ainsi qu’une réduction du chômage», a-t-il affirmé.
Dans ce cadre, Il a engagé le gouvernement et les acteurs concernés à prendre, «dans les plus brefs délais, une série de mesures» faisant remarquer que «les questions de la jeunesse ne se limitent pas au seul domaine de la formation et de l’emploi ; elles recouvrent également d’autres champs conceptuels comme l’ouverture d’esprit, l’épanouissement intellectuel et le bien-être physique».
Une nouvelle feuille de route
Le roi Mohammed VI a établi une nouvelle feuille de route consistant en six mesures, dont la première prône «une refonte globale des mécanismes et des programmes d’appui public à l’emploi des jeunes, pour les rendre plus efficaces et adaptés aux attentes des jeunes».
«Ce travail de remaniement doit se faire selon le modèle que J’ai préconisé dans le Discours du Trône, à propos des programmes de protection sociale», a rappelé le Souverain, ajoutant que, «dans cette perspective, Nous avons décidé que soit organisée, avant la fin de l’année, une rencontre nationale sur l’emploi et la formation. Ses objectifs consisteront à formuler des résolutions pratiques et des solutions nouvelles, à lancer des initiatives et à mettre au point une feuille de route rigoureusement définie pour la promotion de l’emploi».
Deuxièmement, a poursuivi le Souverain, il faut «donner la priorité aux spécialités qui permettent de trouver un emploi et instaurer un système efficace d’orientation précoce au niveau de la deuxième ou de la troisième année précédant le baccalauréat», expliquant que le rôle d’un tel système est d’aider les élèves, «en fonction de leurs aptitudes et de leurs inclinations, à faire l’un ou l’autre des deux choix : s’engager dans une filière universitaire ou une formation professionnelle».
Parallèlement, le Souverain a appelé à la mise en place d’une «Convention-cadre entre le gouvernement et le secteur privé, pour imprimer une impulsion vigoureuse à l’opération de requalification des étudiants qui quittent les études sans diplôme» et qui pourront ainsi jouir de nouvelles opportunités pour faciliter leur insertion socio-professionnelle.
La troisième mesure consiste à une révision profonde des spécialités de la Formation professionnelle «pour qu’elles répondent aux besoins des entreprises et du secteur public, et qu’elles soient en phase avec les transformations que connaissent les secteurs industriel et professionnel», et ce pour que les lauréats aient plus de chance de s’intégrer professionnellement.
Par conséquent, a poursuivi le Souverain, «il convient d’accorder une plus grande attention à la formation professionnelle, tous niveaux confondus», affirmant qu’ «il importe aussi de mettre en place une nouvelle génération de centres de formation et de qualification des jeunes, qui seront propres à répondre aux exigences actuelles et à prendre en considération les spécificités et les besoins de chaque région». Sur cette même trame, Il a relevé l’engagement du le Fonds Hassan II pour le Développement économique et social à contribuer à la construction et à l’équipement de nouveaux centres de formation professionnelle pour répondre aux nouveaux besoins.
La quatrième mesure énumérée par le Souverain concerne la mise en place de mécanismes pratiques pour améliorer qualitativement les dispositifs incitant les jeunes à créer de petites et moyennes entreprises dans leurs domaines de spécialité et pour appuyer les initiatives d’auto-emploi et de création d’entreprises sociales.
En outre, les administrations publiques, et les collectivités territoriales en particulier, doivent acquitter leur dû aux entreprises, «car tout retard de paiement peut entraîner des cas de faillite et, corrélativement, de nombreuses pertes d’emplois», a déploré le Roi, s’interrogeant sur le sens de « prêcher d’exemple alors que les administrations et les institutions de l’Etat n’honorent pas leurs engagements en la matière ?».
La cinquième mesure évoquée par le Souverain consiste à instaurer de nouveaux mécanismes permettant d’intégrer une partie du secteur informel dans le secteur formel, en assurant au potentiel humain que recèle le premier une formation adaptée et incitative et une couverture sociale et en appuyant ses projets d’auto-emploi ou de création d’entreprise.
Il s’agit, en guise de sixième mesure, de mettre en place, au niveau de chaque établissement, un programme obligatoire étalé sur une période de trois à six mois, visant la mise à niveau des étudiants et des stagiaires en langues étrangères; favoriser une intégration linguistique accrue à tous les niveaux d’études, plus particulièrement dans l’enseignement des matières scientifiques et techniques, a expliqué le Roi.