Maroc

«Le partenariat entre le Rwanda et le Maroc est bien cimenté»

Emmanuel Hategeka, Directeur executive Rwanda Development Board (Centre de promotion des investissements au Rwanda)

Après le passage, en avril dernier, de la mission African Business Connect (ABC) à Kigali, les autorités rwandaises espèrent attirer davantage d’investisseurs marocains dans cette économie est-africaine en pleine essor. Emmanuel Hategeka, directeur executive du Centre de promotion des investissements au Rwanda revient sur les retombées de l’ABC au pays des 1.000 collines, et présente les principales opportunités du marché rwandais.

Les Inspirations ÉCO : Maroc Export et BMCE Bank of Africa ont organisé une importante mission d’affaires au Rwanda. Quelles en sont les retom-bées ?
Emmanuel Hategeka : Tout d’abord, j’aimerais remercier Maroc export et Bank Of Africa d’avoir organisé cette deuxième édition d’African Business Connect au Rwanda, en Tanzanie et à Madagascar. Pour nous, ce fut une étape importante dans les relations de nos pays, qui sont solides au niveau politique et qui deviennent plus fortes au niveau économique. Nous estimons qu’il est aujourd’hui primordial de mettre en relation nos deux communautés d’affaires. Lors de l’African Business Connect, au moins 2 conventions ont été signées, dont une concernant une coentreprise dans le domaine industriel. Nous avons également eu un partenariat entre entreprises opérant dans le domaine de l’énergie. Ils ont signé un accord pour travailler ensemble et produire et distribuer de l’énergie au Rwanda. Nous avons aussi des opérateurs qui ont manifesté leur intérêt pour les secteurs médicaux, industriels, etc.

En dehors des secteurs que vous venez de citer, quels sont les autres centres d’intérêts des opérateurs des deux pays ?
Nous avons également constaté un grand intérêt de la part de certaines entreprises marocaines attirées par le secteur de la construction, les textiles, ainsi que l’industrie pharmaceutique et le secteur des technologies de l’information et de la communication (TICs). Des entreprises marocaines se sont montrées impatientes de travailler avec des entreprises rwandaises, de promouvoir les produits et services de TICs produits au Rwanda et dans le reste de l’Afrique. Il convient de rappeler que le Rwanda est connu pour son savoir faire en matière d’infrastructures TICs. Globalement, nous sommes convaincus que de plus en plus de conventions de partenariat seront signées dans les prochains mois entre les entreprises marocaines et rwandaises. Je pense que notre collaboration a désormais été bien cimentée.

Au niveau institutionnel, comment évolue votre partenariat avec Maroc Export ?
Lors de l’African Business Connect, nous avons signé un accord entre nos deux organismes, à savoir le Rwanda Development Board (RDB) et Maroc Export. L’objectif de cet accord est de renforcer la collaboration entre nos deux institutions en termes d’échanges, de renforcement des capacités d’information, et d’organisation conjointe d’événements. Nous voulons ensemble réussir et faire la promotion du « made in Morocco » et du « made in Rwanda ». La fédération du secteur privé du Rwanda s’engage également avec l’organisation sœur au Maroc, afin de créer un conseil d’affaires entre le Rwanda et le Maroc pour emmener les deux communautés d’affaires à travailler ensemble, collaborer pour partager l’information, participer mutuellement aux expositions et aussi partager les connaissances et l’expertise, tout en saisissant les opportunités d’affaires des les deux pays. Les deux communautés d’affaires s’activent pour la mise en place d’un conseil d’affaires rwando-marocain qui va renforcer les relations commerciales entre les deux pays.

Le Rwanda est connu pour être un pays où l’environnement des affaires est très apprécié. Quels sont vos principaux atouts ?
Le Rwanda est un pays ouvert et prêt pour les affaires. Dans notre économie, il suffit juste d’une journée, ou plus précisément, seulement 6 heures de temps, pour enregistrer une entreprise. Le Rwanda est le deuxième pays en Afrique où il est plus facile de faire des affaires. Les investisseurs marocains pourront également y rencontrer une communauté d’affaires dans les domaines d’opportunité dont ils ont identifié et avec lesquels ils pourront partager des informations pour faciliter leur implantation et les soutenir une fois qu’ils sont implantés pour assurer le succès de leur entreprise.

Quelles sont les principales missions et actions du RDB, l’organisme que vous dirigez ?
Le RDB est un organe qui en charge la promotion des investissements au Rwanda. En tant que tel, il fournit les informations et facilite l’arrivée des investisseurs étrangers, y compris, bien sûr, des investisseurs marocains. Cette coopération renforcée avec le Maroc permettra de partager les informations pour accélérer l’implantation des investisseurs marocains.

Qui sont les principaux investisseurs au Rwanda ?
La majorité des investissements au Rwanda proviennent d’Afrique, en particulier de la sous-région est-africaine, principalement du Kenya, qui est le plus grand investisseur. Et nous aimerions en voir davantage d’investisseurs du continent pour une meilleure collaboration Sud-Sud. C’est vraiment là que nous voyons une collaboration interdépendante et pragmatique. Nous souhaitons voir les échanges interafricains évoluer positivement et se renforcer au fil des ans. Cela dit, au Rwanda, nous avons également des investissements réalisés par des entreprises américaines, ainsi que des investisseurs en provenance de l’Union Européenne et de la Chine. Mais, comme je l’ai souligné plus haut, le Kenya reste le principal investisseur, notamment dans le secteur financier et dans les secteurs de l’immobilier et des minéraux.

Votre compagnie nationale, Rwandair, prend de l’altitude. Envisage-t-elle de desservir prochainement Casablanca ?
Rwandair connait actuellement une croissance importante. La compagnie dessert actuellement 17 destinations au minimum, certaines d’entre elles sont en Afrique de l’Ouest. Il ne fait aucun doute que le Maroc sera l’une de nos destinations dans un proche avenir compte tenu des très bonnes relations bilatérales. Et en octobre 2016, l’un des accords que nous avons signés avec l’Etat marocain portait sur le secteur aérien. Cet accord ouvre la voie à des échanges dans les services aériens. Partant de là, nos deux compagnies nationales pourront desservir nos pays respectifs. Peut-être que la Royal Air Maroc sera la première à atterrir sur Kigali, avant que Rwandair ne prennent la direction de Casablanca.

Kigali est considérée comme la capitale la plus propre d’Afrique. Le Rwanda est un pays très propre. Quel est votre secret ?
Avant de répondre à votre question, j’aimerais vous en poser une : Pourquoi croyons-nous que la propriété est un luxe? Rien ne dit que l’Afrique doit être un endroit sale. Dans notre tradition au Rwanda, et dans tous les pays africains, chacun nettoie chez lui et tout le monde nettoie l’espace communautaire. C’est quelque chose qui est ancré dans notre culture. Donc, ce que nous avons fait, c’est seulement l’étendre à tout le pays. Et progressivement, tout le pays devient propre parce que tout le monde y contribue. Donc, en pratique, cela est devenu une coutume. Tous les derniers samedis du mois, nous sortons tous pour nettoyer notre environnement. Cela s’appelle «Umuganda», qui signifie le nettoyage communautaire. Si vous vivez dans un environnement propre, vous aurez probablement un esprit propre et un corps propre. Notre président mobilise personnellement la population non seulement pour nettoyer la rue, mais aussi pour un environnement des affaires propre. Il s’agit de maintenir un environnement sans corruption, et où il y a peu de place pour la médiocrité.

Concrètement, comment les services en charge de la propreté sont organisés dans votre pays et quel rôle est dévolu aux collectivités locales?
Bien sûr, les collectivités locales sont pleinement impliquées. Ces administrations locales, par exemple, les conseils municipaux, disposent d’un budget pour le nettoyage de la ville. Elles utilisent ces moyens pour embaucher du personnel pour le nettoyage, tout en créant ainsi des emplois au profit des personnes désireuses, principalement celles membres des coopératives dirigées par des femmes qui sont spécialisées dans le nettoyage.
Ces coopératives signent des contrats avec les autorités locales et sont soutenues par la population, qui participe chaque dernier samedi du mois, au nettoyage public. Il s’agit d’un choix que nous faisons en tant qu’Africains. Parfois, nous disons que nous avons besoin d’aide et de soutien.  
Mais vous n’attendez pas l’aide étrangère pour nettoyer votre pays alors que vous avez les bras et les jambes. C’est la moindre des choses. Par ailleurs, lorsque vous vivez dans un environnement propre, vous réduisez le coût des dépenses médicales et éliminez les maladies causées par le manque d’hygiène. En un mot, la propreté c’est aussi des avantages économiques. 



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