Maroc

Le début d’une nouvelle étape ?

Après l’attribution de deux licences de télévision, la porte sera-t-elle ouverte à d’autres projets ? La communication autour de ce dossier par le régulateur s’impose. Le développement de l’offre télévisuelle marocaine n’est plus un choix, mais une nécessité.

L’octroi de deux licences de télévisions satellitaires privées marque-t-il le début d’une nouvelle étape pour l’audiovisuel privé marocain ? Rien n’est moins sûr. La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) est appelée à communiquer sur ce dossier qui intéresse non seulement les opérateurs privés, qui attendent depuis de longues années une nouvelle vague de licences, mais aussi les citoyens marocains qui souhaitent le développement du paysage audiovisuel national. Le Maroc accuse en effet un retard abyssal en la matière, alors que les pays voisins et arabes ont pu développer leur paysage audiovisuel. Ces licences sont les premières à être attribuées après la mise en place des nouvelles dispositions juridiques régissant le secteur. Le processus d’attribution est passé par l’étape de «l’étude du dossier technique par les services de la direction générale de la HACA, puis l’étude et l’évaluation des projets par le Conseil supérieur, pour aboutir à l’octroi des licences par ce dernier, après audition et interaction avec le porteur de projet».

En 2017, la HACA a souligné que l’élargissement du tissu audiovisuel marocain était une préoccupation majeure. Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle a adopté une décision en janvier 2017, portant adoption de la procédure d’attribution de licence pour l’établissement et l’exploitation de services de communication audiovisuelle, publiée dans le Bulletin officiel en août de la même année. Cette décision, qui vise à clarifier le processus d’octroi des licences et impose des délais de réponse au régulateur, définit les procédures relatives au lancement des appels à manifestation d’intérêt et appels à concurrence, en sus de l’octroi de licence pour établissement et exploitation de services de communication audiovisuelle par satellite ou via Internet en gré à gré. Selon l’article 12 de cette décision, «la procédure de gré à gré est appliquée d’office, également, aux demandes portant sur l’établissement et l’exploitation d’un service de communication audiovisuelle diffusé autrement que par voie hertzienne terrestre». Le Maroc a fortement besoin de développer son offre audiovisuelle, notamment celle des télévisions privées. Pour la HACA, la porte a toujours été ouverte aux investisseurs. Sauf que les dossiers déposés n’atteignent pas l’étape de la validation. Ils seraient incomplets ou ne répondraient pas aux critères requis. «Il s’agit plutôt de manifestations d’intérêt que de dossiers en bonne et due forme», selon une source proche de la HACA. Aucun détail ne filtre sur le nombre de demandes de licences de radio ou de télévision déposées au régulateur de l’audiovisuel, alors que la transparence en la matière est exigée. «Il y a des demandes, mais les investisseurs ne sont pas pressés», se contente d’affirmer notre source. Les dossiers ont été retravaillés par les porteurs de projets et la HACA après l’amendement de la législation, sans pour autant atteindre les objectifs escomptés. Sur le plan financier, les critères sont jugés draconiens. La demande de licence doit être accompagnée par un montage financier bien ficelé. «C’est un métier sérieux. Il est normal que la HACA veuille créer un paysage audiovisuel pérenne. On préfère que l’investisseur garde son argent plutôt qu’il se trompe», souligne aux Inspirations ÉCO Younes Boumehdi, PDG de Hit Radio. Outre la présentation du projet éditorial et des données détaillées d’exploitation technique, le demandeur de licence doit préciser les ressources et prévisions du projet.

Il faut en effet joindre au dossier un note d’orientation stratégique formalisant la stratégie économique du porteur du projet et une autre détaillant son coût estimatif. À cela s’ajoute une note détaillant le plan de financement, et ce afin de démontrer que les fonds nécessaires au financement de toutes les composantes du coût estimatif total du projet ont été non seulement identifiés mais mobilisés (capitaux propres, dette bancaire, compte courant d’associés, capacité d’autofinancement). La viabilité du projet est une condition sine qua none. Rappelons qu’en 2009, aucune demande de licence de télévision n’a été octroyée, même si les porteurs de cinq projets télévisuels avaient été retenus pour concourir après avoir satisfait aux conditions de recevabilité juridique. Le conseil supérieur, rappelons-le, avait estimé que l’admission de tout nouveau projet de télévision nationale présentait (à l’époque) un risque important de déséquilibre pour le secteur, pouvant manifestement compromettre l’équilibre des opérateurs audiovisuels publics et privés existants à court terme, et leur viabilité à moyen terme. Un argument contesté par les investisseurs. Dix ans après, la donne a-t-elle changé ? De l’avis de Boumehdi, beaucoup de choses ont changé au fil des années.

En 2009, il s’agissait de projets de télévisions généralistes dont le coût de fonctionnement est très élevé. «Les chaînes thématiques sont moins chères. Ainsi, l’équilibre économique est plus facile à trouver et les coûts sont maîtrisés», dit-il. C’est d’ailleurs pour assurer l’équilibre économique qu’il entend lancer en même temps un bouquet de cinq chaînes thématiques. Il aspire à décrocher bientôt les licences pour trois autres chaînes (musique, cuisine et sport). Boumehdi invite les opérateurs à déposer leurs dossiers pour développer une offre nationale collective et pouvoir, ainsi, créer un marché de production de contenu exportable. Pour y arriver, «il faut une stratégie nationale d’accompagnement du secteur».


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