Maroc

La solidarité internationale s’impose pour soutenir le Maroc

Volker Türk, Haut-commissaire adjoint de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés

Ce sont des témoignages poignants qu’ont livrés des réfugiés au Maroc au Haut-commissaire adjoint de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, Volker Turk, qui vient d’effectuer une visite au Maroc. Le chômage et la difficulté d’accès aux services de santé sont les principaux problèmes soulevés. Le haut responsable onusien souligne l’importance de la solidarité internationale pour soutenir un pays comme le Maroc qui est devenu une terre d’accueil pour les migrants et les réfugiés.

Les Inspirations ÉCO : Quel regard portez-vous sur la politique migratoire du Maroc ?
Volker Türk :  J’ai une grande admiration pour cette politique migratoire lancée en 2013. Des progrès ont été, en effet, réalisés et l’on espère la consolidation des bonnes pratiques développées sur le plan juridique. Il faut introduire une reconnaissance juridique dans la législation marocaine pour les questions des réfugiés.

Que pensez-vous du projet de loi sur le droit d’asile ?
On souhaite bien l’accélération de la cadence pour faire adopter ce projet de loi sur le droit d’asile dans les plus brefs délais. D’ailleurs, nous sommes très contents des dispositions de ce texte.

Pensez-vous que le Maroc a les moyens de soutenir les réfugiés notamment sur le plan d’accès à l’emploi sachant que la population locale souffre aussi du fléau du chômage ?
Un changement est en train de se faire. Le Maroc était traditionnellement considéré comme un pays de transit, mais il est devenu au cours des dernières années une terre d’accueil. Quelques milliers de réfugiés ont demandé l’asile au Maroc et ont obtenu le statut de réfugié. Le défi se pose au niveau de la manière de travailler avec les réfugiés et les communautés hôtes. Quand l’approche est bien ficelée et gérée, la situation devient gagnant-gagnant.

Qu’en est-il de la responsabilité des pays développés appelés à soutenir financièrement les pays hôtes, dont les moyens sont limités ?
Il est clair que la solidarité internationale est indispensable pour un pays comme le Maroc. Mais, il s’agit aussi d’un pays qui a de grandes ressources. Certes, le chômage, comme vous le soulignez, touche aussi les jeunes Marocains. Mais, une solution s’impose en partenariat avec le secteur privé pour, d’une part, créer davantage d’opportunités d’emplois pour les Marocains et, d’autre part, étendre cette politique aux réfugiés grâce au soutien de la communauté internationale. La société civile pourrait également jouer un rôle important. À titre d’exemple, au sein de la Fondation Orient-Occident, la population migratoire et des réfugiés sont accueillis au même titre que des Marocains et Marocaines dans une situation vulnérable. De bonnes pratiques sont relevées, pas uniquement au Maroc, mais aussi dans d’autres pays. Il faut dire que la bonne gestion permet de transformer les situations difficiles en opportunités. Les investissements du secteur privé national et international pourraient nous aider à étendre l’accès au marché de l’emploi. La Jordanie qui a reçu 600.000 réfugiés syriens est un bon exemple. Un compact emploi est conclu entre le secteur privé et le gouvernement pour créer des emplois dédiés à la population locale ainsi qu’aux réfugiés. Il faut trouver des investissements divers provenant de différentes parties de la société dont la communauté internationale. Il est évident que des différences existent entre les pays industrialisés et ceux en voie de développement. Néanmoins, les investissements dans les pays d’accueil peuvent être un moteur de développement. Il s’agit d’un changement de paradigme en parvenant à considérer les réfugiés comme une opportunité et un catalyseur de développement au lieu de les percevoir comme un fardeau. Cette vision implique le soutien de la communauté internationale et, par conséquent, un effet positif sur la population locale.

Que visez-vous par le pacte mondial sur les réfugiés ?
L’assemblée générale des Nations Unies nous a demandé de développer un pacte global sur les réfugiés. Ce pacte répond à une lacune avec laquelle on vit depuis des décennies : le partage du fardeau et des responsabilités. L’impact est considérable sur le pays qui accueille des réfugiés en masse. La solidarité et la coopération internationales sont, ainsi, exigées. Ce pacte global tend à créer une plateforme de coopération de la communauté internationale pour répondre aux défis auxquels les pays hôtes font face. L’expérience du Maroc est importante, car elle a trait souvent à un contexte urbain. On espère que ce pacte global sur les réfugiés va permettre de définir un cadre de coopération internationale beaucoup plus équitable et prévisible surtout dans les pays en voie de développement en Afrique, en Asie, et même en Amérique. Le but est de concrétiser la solidarité internationale.


Les difficultés de transition

Dans leurs témoignages émouvants, bon nombre de réfugiés espèrent quitter le Maroc pour vivre dans un autre pays où ils peuvent vaincre les affres du chômage et accéder facilement aux services de santé. Une situation expliquée par le Haut-commissaire adjoint de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, Volker Turk, par la période transitoire que connaissent les nouvelles terres d’accueil qui ont été considérées pendant longtemps comme des pays de transit. «Il est clair qu’il est difficile de gérer la nouvelle situation dans trois domaines importants : l’éducation, les services de santé et l’emploi. Au Maroc, la société civile arrive à mettre en place une politique de convivialité entre les Marocains, les migrants et les réfugiés», précise-t-il.


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