Maroc

«L’Afrique du Nord représente 5% de notre chiffre d’affaires»

Farid Chedid : Fondateur et pdg de Chedid Re

Les Inspirations ÉCO : Chedid Capital Holding est la société mère de Chedid Re au Maroc, courtier en réassurance. Quelle est la particularité de ce métier ?
Farid Chedid :   Chedid Capital Holding est une société financière qui investit soit par le biais de création de sociétés nouvelles, soit en acquérant des parts dans des sociétés sur les marchés du Moyen-Orient et en Afrique. C’est actuellement notre étendue territoriale. Une des unités stratégiques dont nous disposons est Chedid Re. Il s’agit d’un courtier de réassurance et agent de souscription. Le métier d’agent de souscription consiste en la souscription des affaires en réassurance pour le compte de réassureurs internationaux. Le métier de courtier en réassurance consiste, pour sa part, en la représentation de la compagnie ou des compagnies d’assurance afin de leur structurer des programmes de réassurance avec un ou plusieurs réassureurs. La réassurance est une syndication des risques avec des réassureurs internationaux. La différence par rapport au courtier d’assurance est que ce dernier traite des contrats standards et des contrats types alors que le courtier de réassurance traite des contrats qui diffèrent l’un de l’autre. Chaque contrat de réassurance est spécifique aux besoins, aux risques et au portefeuille de la compagnie d’assurance (cliente, ndlr). Chaque contrat est sur mesure alors que dans l’assurance, c’est du standard. C’est ce qui fait aussi que le métier de réassurance est beaucoup plus compliqué que le métier d’assurance.

Vous êtes depuis juin 2015 broker de Lloyd’s. Que représente cela pour votre société ?
La Lloyd’s est un marché de réassurance qui compte 99 syndicats, qui échangent les risques de réassurance. L’intermédiaire pour faire ces échanges est un courtier qui doit être accrédité et c’est ce qu’on désigne par broker ou courtier de la Lloyd’s. Un client ne peut pas accéder à ce marché sans passer par un intermédiaire. Il s’agit d’un marché de 15 milliards de livres sterling. Aujourd’hui, nous sommes le seul courtier arabe originaire du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui a un accès direct au marché de la Lloyd’s. Les autres intermédiaires sont des sociétés établies à Londres, européennes ou américaines. Il s’agit d’une opportunité sans égale pour nous mais aussi pour les marchés sur lesquels nous opérons et auxquels nous offrons ainsi un accès au marché de la Lloyd’s. Chaque syndicat fonctionne comme un réassureur. Il y a des apporteurs de fonds d’investisseurs qui apportent des capacités aux syndicats. Le syndicat est géré par un managing agent. Celui-ci gère le syndicat ainsi que les capacités qui lui sont apportées. Il s’agit en l’occurrence de la gestion administrative et financière mais aussi de la gestion de la souscription des risques. Les apporteurs et gestionnaires peuvent appartenir au même groupe.

Vous vous êtes installés au Maroc en décembre dernier. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Nous avions déjà un courant d’affaires émanant du Maroc et du reste de la région, notamment la Tunisie, l’Algérie et la Libye. Nous avons pris la décision en 2014 de nous installer à Casablanca suite au lancement de Casablanca Finance City qui offre des avantages intéressants, mais ce ne fut pas l’unique raison, nous considérons Casablanca comme étant le meilleur hub régional pas seulement pour gérer le courant d’affaires issues de la région du Maghreb et de l’Afrique du Nord mais de l’ouest de l’Afrique francophone. Nous voulons développer notre courant d’affaires dans ces régions et Casablanca s’est avérée le meilleur emplacement pour s’établir au niveau des ressources humaines, aux niveaux administratif et financier, au niveau des taxes et impôts ou encore au niveau légal. Tous ces éléments représentent un atout pour l’investisseur étranger qui cherche une stabilité politique, une stabilité légale et une stabilité financière. La place casablancaise était pour nous le meilleur emplacement.

S’agit-il de l’unique présence de la holding au Maroc ?
Oui. Pour notre holding, Chedid Re constitue l’unique implantation au Maroc. Nous étudions s’il est possible de développer d’autres segments dans le futur mais pour le moment nous cherchons à développer la réassurance.

Quelle est la part de l’Afrique du Nord dans vos revenus ?
Aujourd’hui, l’Afrique du Nord représente 5% de notre chiffre d’affaires mais nous avons l’intention de développer un courant plus important.

Comment se présente le marché de la réassurance au royaume ?
Le marché de l’assurance est un marché très développé et très mature. Il y a eu une consolidation du marché il y a quelques années débouchant sur un nombre restreint de compagnies fortes. Il y a toujours un besoin en réassurance. Il y a aussi la Société centrale de réassurance qui est un acteur très important sur le marché mais je pense qu’il y a aussi de la place pour que des courtiers internationaux comme Chedid Re, avec les compétences régionales qui peuvent permettre aux réassureurs internationaux de s’intéresser et d’avoir accès au marché et aussi de permettre à la SCR, la Mamda Re et les sociétés marocaines de se développer à l’international. Nous voyons notre rôle dans les deux sens aider les sociétés marocaines à avoir de la réassurance internationale et aider la SCR à avoir accès au business des marchés internationaux. C’est un courant d’affaires dans les deux sens qui permettra d’avoir beaucoup plus de stabilité financière au niveau des résultats du secteur de l’assurance au Maroc.

Quels sont les segments qui sont les plus concernés par la réassurance ?
Au Maroc, les segments les plus concernés par la réassurance sont les risques incendies auxquels le royaume est très exposé. Il y a aussi un besoin de couvrir les catastrophes naturelles. L’assurance et la réassurance agricole sont aussi nécessaires. Il y a également les risques de constructions, des risques en énergies, entre autres. Il y a, en effet, un besoin en réassurance sur lesquels nous sommes assez actifs.

Vous venez d’acquérir des parts dans l’entreprise émiratie «Al-Manara Insurance Services». Que représente cette acquisition dans votre ambition de conquérir le marché arabe ?
Nous avons acheté 75% d’Al-Manara Insurance Services, qui est un courtier de taille moyenne. Nous sommes très bien implantés sur le marché des Émirats arabes unies. Cette acquisition est une manière de consolider notre position et notre présence, de renforcer nos équipes et la valeur ajoutée que nous avons, de créer plus de synergie en bénéficiant des économies d’échelle que l’on peut créer en intégrant Al-Manara Insurance Services. Cette acquisition est l’exécution d’un plan que nous avions mis en place pour faire de la croissance pas seulement organique mais externe par acquisition de sociétés sur les marchés arabes ou d’Afrique dans lesquels nous existons pour consolider notre position. En 2015, nous avions acheté le plus grand courtier d’assurance de l’Île Maurice et de l’Afrique de l’Est. Pour le futur, nous envisageons d’autres acquisitions sur les marchés sur lesquels nous sommes présents au Maroc ou ailleurs, en fonction des besoins et des opportunités que nous trouverons sur le marché. 


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