Maroc

Jettou charge les académies régionales

Le rapport de la Cour des comptes met en garde contre la gestion du matériel didactique et des produits chimiques par les académies. Absence d’un système de suivi du matériel didactique et de contrôle de sa disponibilité matérielle, stockage dans des conditions lamentables… les aberrations.

C’est un nouveau rapport qui en dit long sur la très mauvaise gestion du secteur de l’éducation au Maroc. La Cour des comptes a récemment adressé un référé au ministre de l’Éducation nationale portant sur la gestion du matériel didactique et des produits chimiques par certaines académies régionales de l’éducation et de la formation. En clair, la Cour a lancé à une enquête préliminaire portant sur les constats établis par l’inspection générale des affaires administrative du ministère de l’Éducation nationale. Ces constats font état de plusieurs dysfonctionnements notifiés au ministère mais qui, selon la Cour, persistent. Il s’agit entre autres des registres d’inventaire du matériel didactique qui ne sont ni conformes, ni actualisés. La Cour a aussi relevé l’absence d’un système de suivi du matériel didactique et de contrôle de sa disponibilité matérielle au niveau des établissements scolaires qui en bénéficient. Pire encore, les magistrats de  Driss Jettou ont aussi relevé que ce matériel est stocké dans des conditions lamentables. C’est également le cas pour son entretien. Les aberrations ne s’arrêtent pas là puisque la Cour des comptes a constaté que les académies régionales font l’acquisition de matériel obsolète ou incompatible avec les programmes de l’enseignement.

Cela se passe de tout commentaire. Mais une fois ce matériel acquis, il n’est pas exploité. Le comble est que des laboratoires mobiles sont livrés à certains établissements scolaires sans les accessoires prévus dans les CPS. Résultats, ses laboratoires ne sont pas exploités. Cela va plus loin lorsqu’on sait que le matériel est parfois livré tardivement à ses bénéficiaires, ce qui prive ces derniers de la garantie des fournisseurs. La Cour reproche aussi aux responsables, au sein des académies régionales, «l’acquisition et la distribution de matériel sans prendre en considération les stocks disponibles au niveau des établissements scolaires et ce, en l’absence d’inventaires fiables et actualisés». À cela s’ajoute l’acquisition de matériel pour des établissements en cours de construction.

Cette aberration induit un endommagement ou la perte du matériel, sans oublier la perte de la garantie du fournisseur. L’autre pratique pour le moins douteuse est celle portant sur «l’attestation de la réception du matériel par certains établissements scolaires sans que ledit matériel soit livré, tout ou partie, à ces établissements». Cela dit, la Cour a aussi mis en garde le ministère contre le manque d’entretien et le mauvais stockage des produits chimiques qui «peuvent éventuellement nuire à la sécurité des personnes fréquentant les laboratoires». La Cour demande aussi au ministère «de veiller à l’exploitation optimale des ressources allouées aux académies régionales, d’assurer la sauvegarde de leur patrimoine et de les inciter à mettre en œuvre, d’urgence, les mesures adéquates pour éviter la continuité et la persistance desdits dysfonctionnements». Selon la Cour, sont à l’origine de ces lacunes le manque de précision en matière d’évaluation des besoins en matériel et produits chimiques à acquérir, le non-respect, par les académies régionales, des dispositions réglementaires régissant les marchés publics et le manquement à leur responsabilité en matière de supervision, de suivi et de contrôle nécessaires aux opérations de réception du matériel didactique et des produits chimiques».

La position du ministère
Au regard de ses griefs, le ministère de l’Éducation nationale affirme avoir pris ses dispositions pour «vérifier la réalité des accusations».  Il s’agit entre autres de la mobilisation de l’Inspection générale chargée des affaires administratives et financière et l’Inspection générale chargée des affaires pédagogiques pour effectuer des missions d’inspection. En parallèle, un audit est mené et accompagné de la suspension provisoire de toutes les actions administratives et financières portant sur lesdits marchés. Il est aussi question d’analyser les rapports élaborés par les deux inspections générales du ministère, qui ont révélé les anomalies dans la gestion des marchés d’acquisition du matériel didactique.


Destruction des produits chimiques périmés

S’agissant des produits chimiques, on peut lire dans le rapport de la Cour que «pour se débarrasser des produits chimiques périmés, le ministère a adressé une lettre, le 15 septembre 2016, aux académies régionales de l’éducation et de la formation, portant sur les mesures et les actions à prendre afin d’assurer une bonne gestion des produits et des liquides chimiques au sein des laboratoires scientifiques des établissements scolaires. De même, le ministère a envoyé deux autres lettres, à la même date, au ministre de l’Intérieur et au Commandant de la Gendarmerie royale afin d’apporter leur appui technique et spécifique en vue de sécuriser les opérations liées à la destruction des déchets chimiques». Sur ce point, il faut aussi préciser que le ministère de l’Éducation nationale a donné ses instructions aux directeurs des académies régionales et aux directeurs provinciaux pour mettre sur pied des comités spécialisés pour réaliser des visites terrains dans les établissements scolaires. L’objectif étant de dresser un inventaire général des produits chimiques existants, d’établir le diagnostic des conditions de stockage de ces produits et de prendre les mesures nécessaires pour la destruction des produits périmés. Ces comités étaient censés avoir préparé et envoyé, fin novembre dernier, un rapport de mission au Centre national d’innovation pédagogique et d’expérimentation.


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