Investissements : l’État mobilise son foncier
En dépit d’une forte concentration régionale, le foncier mobilisé pour l’investissement cible les secteurs qui ont été touchés par la crise. Le secteur de l’énergie devra occuper plus de 86% de la superficie mobilisée.
La gestion déconcentrée de l’investissement peut s’avérer vitale pour le plan de relance économique visant à améliorer le seuil des investissements dans les secteurs créateurs d’emplois et porteurs de forte valeur ajoutée pour le tissu productif. La Commission régionale unifiée d’investissement a procédé à une évaluation préalable des projets concernés et devra statuer sur les demandes de cession ou de location, et fixer leur valeur locative. Au titre du premier semestre 2020, et en dehors de projets agricoles, l’État a mobilisé 4.064 ha en faveur de divers secteurs d’activité pour la réalisation de 120 projets devant drainer un investissement global de plus de 5,9 MMDH. L’un des principaux critères d’homologation des projets reste le potentiel de création d’emplois.
Selon les données communiquées aux parlementaires, lesdits projets devront créer 6.237 emplois directs. Au niveau de la typologie, il ressort que le tourisme, l’agro-industrie et les services se partagent près de 66% des dossiers approuvés à fin juin 2020. De son côté, le secteur de l’énergie devra occuper plus de 86% de la superficie mobilisée, sachant que les segments de l’industrie restent le premier employeur dans la nouvelle vague des projets acceptés, avec 55% des emplois projetés. Notons qu’environ 3.500 ha ont été mobilisés au profit du secteur énergétique pour la réalisation de deux projets d’investissements, devant drainer un investissement global de plus de 2,4 MMDH, dont 99% sont concentrés à Dakhla-Oued Eddahab. Cette même région a pu également attirer les agro-industriels avec 21 projets qui ont été retenus par la Commission unifiée de l’investissement.
13 conventions projetées dans le domaine agricole
Le bilan de la répartition des terrains relevant du domaine privé de l’État, au cours du premier semestre, indique que la surface mobilisée dépasse 637 ha, avec 13 conventions qui ont été signées dans le cadre du partenariat agricole. La déclinaison régionale place deux régions en tête de liste des projets lancés, en l’occurrence Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat qui abriteront plus de 62% des projets qui sont majoritairement affectés à l’arboriculture fruitière et à l’oléiculture. Ces deux filières dominent en effet les implantations sur le domaine privé de l’État durant cette année, soit 610 ha, tandis que le reste est affecté à l’élevage. À rappeler que la Région Rabat-Salé-Kénitra a profité de la totalité de la superficie mobilisée au profit de l’arboriculture, au moment où la Région Béni Mellal-Khénifra devra profiter de 80% des projets liés à l’oléiculture. Pour ce qui est de la production animale, l’État continue à fournir des efforts pour mieux accompagner les éleveurs de bovins et les aviculteurs. Les données relatives au premier semestre de cette année laissent dégager pourtant une faiblesse des terrains dédiés à ces deux branches agricoles, avec uniquement un investissement de 5 MDH qui a été approuvé par la Commission unifiée des investissements.
Le patrimoine foncier revalorisé
Depuis la réforme du statut des CRI en 2019, la gestion déconcentrée de l’investissement a pu franchir un nouveau cap qui a impacté positivement les modalités de l’examen des dossiers. La crise engendrée par la pandémie de la Covid-19 devra, de son côté, renforcer la convergence des actions des CRI avec la Direction des domaines relevant de l’Exécutif dans l’optique de capitaliser sur les avantages octroyés aux régions dans le domaine de l’investissement. Les statistiques montrent que 202 projets ont été agréés au cours de l’année 2019, portant sur une superficie de près de 10.176 ha. Le montant global des projets approuvés s’élève, quant à lui, à plus de 15,2 MMDH avec des prévisions de créer à terme 19.740 emplois. À noter qu’au cours de l’année 2019, plus de 78% des projets portent sur le tourisme et l’habitat, au moment ou la Région Casa-Settat s’est accaparé environ 57% du foncier relevant du domaine privé de l’État. Cette inégalité régionale persistante reste parmi les obstacles insurmontables pour les décideurs, face à la faiblesse du recours aux modalités de la solidarité régionale. Pour rappel, les nouvelles normes accordent aux walis des régions l’autorisation de la cession des terrains de l’État, lorsque le montant est inférieur à 200 MDH, ainsi que pour les projets qui relèvent de la compétence du département des Finances.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco