Investissements au Maroc: faut-il être optimiste ?
Pour la première fois, depuis le début de la crise sanitaire, tout le monde est d’accord que «la mayonnaise» est en train de prendre dans le domaine de l’investissement au Maroc. Cela se passe bien pour Damane Relance et les banques de projets de l’Industrie. Dans la loi de finances 2021, le gouvernement annonce 235 MMDH d’investissement, dont le lancement du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Mais optimisme rime-t-il avec confiance ?
De bonnes perspectives sont en vue pour la reprise de l’investissement dans l’économie nationale ! Pour la première fois, depuis le début de la crise sanitaire, tout le monde est d’accord que « la mayonnaise » est effectivement en train de prendre dans le domaine de l’investissement au Maroc. À commencer par Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, sans doute le plus optimiste de tous, puisqu’il dit clairement, qu’actuellement, «on ne doit plus parler du verre à moitié vide dans le pays, parce que celui-ci ne cesse de se remplir de jour en jour». Le ministre fait référence notamment, d’une part, à la banque de projets industriels lancée en septembre dernier par son Département qui connait un vrai succès ; et d’autre part, aux bénéfices que la relocalisation entamée en Europe va générer pour le tissu économique. Sans oublier les ouvertures créées dernièrement par la plus haute autorité de l’État qui, tout en réussissant une belle opération diplomatique va attirer de nouveaux investissements en provenance des États-Unis et d’Israël. Concernant la banque de projets, il y a lieu de rappeler que le premier lot de 100 projets retenus par le ministère a pu drainer 15,1 MMDH d’investissements. Une seconde banque de projets vient d’être lancée ; Elalamy et son équipe sont très confiants quant à l’accueil qui lui sera réservé par les opérateurs économiques.
Elalamy mise aussi sur le mouvement de relocalisation en Europe
À propos du grand mouvement de relocalisation en cours en Europe, premier partenaire économique du royaume, Moulay Hafid Elalamy pense que «cela ne se fera pas sans recourir au Maroc. En développant son business au Maroc, Safran a créé des emplois en France». À la CGEM aussi, on commence à afficher un certain optimisme. «Nous avons accueilli la banques de projets du ministère de l’Industrie avec beaucoup d’enthousiasme et d’espoir. Parce que c’est une réponse concrète à la préférence nationale. Mais, j’aimerai que cela bénéficie beaucoup plus à la nouvelle génération », a notamment lancé Chakib El Alj, président de la CGEM, qui rejoint sur ce point Mohamed El Kettani, président directeur général d’Attijariwafa Bank. «La relance de l’investissement doit se faire auprès des jeunes. C’est ce que nous nous employons à faire au niveau de notre banque où nous avons mobilisé nos experts pour aller auprès d’eux afin de les accompagner dans le montage financier de leurs dossiers, dans le cadre la banque de projets», a affirmé El Kettani. À signaler qu’en plus de la banque de projets, le système financier a également travaillé sur les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics pour venir en aide aux entreprises dans la période de crise. C’est ainsi que dans le cadre de Damane Oxygène, 17 MMDH ont été placés auprès de 41 000 entreprises; tandis que pour Damane Relance 29.400 entreprises ont bénéficié de 31 700 MMDH au 15 novembre dernier. Il va devoir aussi se mobiliser pour l’année à venir où le niveau d’investissement public sera élevé. En effet, l’État a prévu, à travers le projet de loi de finances 2021, de mobiliser une enveloppe de 235 MMDH, ce qui représentera un chiffre record. 195 MMDH seront consacrés aux investissements publics, y compris ceux des Entreprises et établissements publics (EEP) et des collectivités locales; tandis que les 45 MMDH seront mobilisés dans le cadre du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Dans le détail, 15 MMDH vont alimenter le Fonds Mohammed VI pour l’investissement à partir du budget de l’État ; alors que pour les 30 MMDH restants, l’argentier du pays s’engage à les lever auprès des investisseurs institutionnels publics ou privés, des institutions multilatérales, ou proviendront de dons de pays amis. Ce n’est pas tout !
La ZLECA pourra être un catalyseur
La Zone de libre-échange du continent africain (ZLECA) démarre en début janvier 2021. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle les autorités à sauter le pas en s’engageant sur ce projet continental. Le CESE recommande de mettre le turbo sur trois axes. D’abord, c’est de parachever rapidement la ratification de l’accord relatif à la ZLECA et de veiller à une représentation active du Maroc auprès du Secrétariat général de la ZLECA. Ensuite, de créer un comité national public-privé chargé du suivi et de la mise en œuvre de la ZLECA. Et enfin de faire aboutir l’étude d’impact relative à l’adhésion du Maroc à la ZLECA afin de renforcer la position du royaume dans les négociations en cours sur la mise en œuvre de l’accord. Bref, tous les ingrédients sont apparemment là pour susciter l’optimisme et l’espoir de relance économique à travers l’investissement durant l’année 2021qui commence, dans neuf jours. Selon l’économiste Adil Roqai, parmi les points qui créent de l’optimisme, il y a également lieu de citer «la fin de la crise sanitaire qui s’approche. On ne sait pas encore exactement quand, mais tout indique qu’elle est imminente». L’économiste Mehdi Fakir est lui beaucoup plus prudent, puisqu’il déclare que «dans le monde des affaires, ce n’est pas l’optimisme qui compte mais plutôt la confiance». Pour lui, «le climat de normalisation n’est pas encore là. Toutefois, cela ne doit pas empêcher les opérateurs d’investir. L’intelligence, c’est de profiter de la relance pour investir».
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco