Inflation : le consommateur serait-il devenu indifférent ?
Les spéculations que connaît le marché marocain, quelles que soient les circonstances, ne semblent plus choquer le consommateur. Les épisodes successifs de hausse des prix l’ont a priori immunisé, à tel point qu’il y serait devenu insensible.
La période de fièvre acheteuse que les Marocains ont connue est bel et bien révolue. Loin d’être une oniomanie (addiction comportementale aux achats), cet acte était totalement destiné à tendre la main aux sinistrés dans un élan de solidarité «organique» qui caractérise le peuple marocain. Or, après une période d’achats massifs de produits alimentaires et d’hygiène destinés aux populations sinistrées, place aujourd’hui à l’accalmie. Rappelons que cet épisode a eu d’importantes conséquences, puisque les prix de certaines denrées ont connu une hausse substantielle. Un constat relevé par les consommateurs qui se sont joints à la cause des endeuillés. Si certains commerçants et quelque sgrandes surfaces ont profité de la situation pour augmenter les prix, au sein de la grande distribution, les opérateurs écartent toutes hausses, notamment des produits de première nécessité.
Tassement de la demande
À en croire les consumméristes, on peut parler d’un retour des prix à la normale, après le rush qui a suivi le tremblement de terre. Un comportement tout à fait usuel dans ce genre de situation. «L’achat que l’on peut qualifier de compulsif en ces moments de détresse provoque systématiquement des augmentations de prix, ce qui correspond à la loi du marché», analyse Ouadi Madih, président de la FNAC (Fédération nationale des associations du consommateur). Il s’agit, pour lui, d’un simple jeu économique pour répondre à une demande grandissante. «Mais dans ce cas en particulier, il est malsain de recourir à ces pratiques de concurrence déloyale. Malheureusement, le manque de contrôles rigoureux et d’outils répressifs ont permis aux spéculateurs de proliférer», observe-t-il.
inaction
Même son de cloche du côté de la Fédération marocaine des droits du consommateur qui constate un tassement de la demande. Toutefois, son président, Bouazza El Kharrati, met en exergue les vagues de hausse que les Marocains subissent ces derniers temps, abstraction faite de cette période exceptionnelle.
«Les hausses consécutives que le prix du carburant a connues impacte fortement ceux des produits tant alimentaires que non alimentaires. En dépit de la subvention accordée aux transporteurs, rien ne change», déplore-t-il.
«C’est ce que nous relevons au quotidien auprès des consommateurs. Et comme le gouvernement n’entreprend pas de mesures concrètes et strictes, le Marocain continue de subir», s’indigne-t-il.
Pour lui, du fait du mutisme des autorités concernées, le consommateur est devenu fataliste face aux augmentations de prix qu’il continue de subir de plein fouet. Preuve en est le prix du carburant qui a continué de grimper sans pourtant qu’il y ait la moindre réaction. Pour rappel, un cri de colère lancé par des spécialistes qui demandent l’intervention du gouvernement pour appliquer les mesures prévues dans les textes de loi, à l’instar des tests et des masques dont les prix ont été réglementés durant la période covid. Il faut dire que ce séisme a constitué une aubaine pour bon nombre d’individus qui ont profité de la situation à tous points de vue. En dehors du détournement des denrées alimentaires, un acte qui a fait objet d’une enquête judiciaire il y a quelques jours, des comportements indignes se sont manifestés ici et là.
«Les hausses consécutives que le prix du carburant a connues impacte fortement les prix des produits tant alimentaires que non alimentaires. En dépit de la subvention accordée aux transporteurs, rien ne change. C’est ce que nous relevons au quotidien auprès des consommateurs. Et comme le gouvernement n’entreprend pas de mesures concrètes et strictes, le citoyen continue de subir.»
Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO