MarocTable ronde

Inclusion financière : les acteurs et les moyens

Tous les acteurs doivent apprendre à travailler ensemble, pour que chacun puisse apporter sa valeur ajoutée. La capacité d’adaptation est un facteur clé.

La Stratégie nationale d’inclusion financière au Maroc est une initiative ambitieuse visant à intégrer toutes les couches de la population dans le système financier formel. Cette stratégie repose sur un diagnostic approfondi et s’articule autour de plusieurs piliers clés, dont le développement de modèles financiers alternatifs.

Dans le cadre de la table ronde du Cercle des ÉCO, organisée autour du thème «Inclusion financière : comment relever le défi de la bancarisation ?», Hakima Alami a souligné que l’un des piliers de cette stratégie est le développement de modèles alternatifs tels que la microfinance, le paiement mobile et la micro-assurance, chacun nécessitant des actions spécifiques.

Aux côtés de Hakima Alami, participaient aussi au panel : Mehdi Benbachir, directeur général et membre du directoire de Société Générale Maroc ; M’Hamed El Moussaoui, directeur général en charge du support et technologie, et membre du directoire d’Al Barid Bank ; et Xavier Reille, directeur de la Société financière internationale (IFC) pour le Maghreb et Djibouti.

Selon les participants, il est essentiel de soutenir le rôle des banques classiques, notamment pour atteindre les populations rurales jusqu’ici non desservies. La méconnaissance de ces populations par les acteurs financiers constitue un obstacle majeur à surmonter. Les banques de microfinance ont le potentiel d’aller beaucoup plus loin, en transformant les dépôts en crédits adaptés à ces populations, ce qui nécessite des outils appropriés pour le scoring du crédit, un aspect crucial de l’équation.

Spécialisation des agences
M’Hamed El Moussaoui rappelle que les acteurs bancaires ne sont qu’une composante de l’inclusion financière. «Au début des années 2000, on parlait essentiellement de bancarisation. Al Barid Bank, grâce à son maillage territorial et à sa proximité avec les citoyens à revenus modestes et irréguliers, a pu intégrer environ 4 millions de comptes».

Depuis la crise Covid, et avec la publication des circulaires de la Banque centrale ouvrant de nouvelles perspectives, toutes les banques ont accéléré la digitalisation, facilitant ainsi l’accès des citoyens aux services bancaires et financiers. Les banques collaborent désormais avec d’autres acteurs, comme les établissements de paiement et les compagnies d’assurance, pour accélérer le développement de l’inclusion financière.

Mehdi Benbachir souligne, quant à lui, l’importance de l’adaptation des banques classiques, notamment en ce qui concerne les canaux de distribution. «Au-delà des agences physiques, certains publics, notamment les jeunes, préfèrent une relation à distance. Il est donc crucial de développer des offres d’ouverture de compte, d’épargne, de crédit et d’assurance à distance».

Les banques doivent également s’adapter aux différents segments de clientèle. Par exemple, une clientèle sensible au prix sera attirée par une offre de base gratuite incluant un compte, une carte et une application. Son groupe possède des agences dédiées aux TPE.

«Le taux de bancarisation des femmes au Maroc étant de 39%», souligne-t-il, «il est nécessaire de fournir un effort supplémentaire pour atteindre la parité».

Ce modèle de spécialisation a permis à la Société Générale d’améliorer le taux d’équipement de ses clients. «Dans une agence, on trouve des chargés de clientèle généralistes, mais il est difficile pour eux de maîtriser les besoins variés des clients, qu’ils soient jeunes, en âge de financer les études de leurs enfants, ou en phase de planification de la retraite. Un client professionnel, ou une PME, a des problématiques spécifiques liées à l’entreprise. Les produits de santé, de prévoyance et d’épargne varient considérablement selon les segments de clientèle». Spécialiser une partie du réseau a permis de mieux cibler les besoins des clients et d’améliorer ainsi le taux d’équipement.

Avancées technologiques et réglementaires
M’Hamed El Moussaoui observe une évolution intéressante : l’explosion des transactions financières digitales. «Les clients peuvent désormais ouvrir un compte et effectuer des transactions financières, comme le paiement de factures ou les virements, sans se déplacer. La crise Covid a poussé les clients à utiliser les services digitaux, révélant leurs avantages».

La Banque centrale a publié des circulaires autorisant une gestion totalement digitale de la relation client, facilitée par les progrès en authentification en ligne. Les banques peuvent désormais développer leurs services et réduire leurs coûts en se basant sur l’intelligence artificielle. La Fondation marocaine pour l’éducation financière travaille activement sur ces sujets, en partenariat avec l’ensemble des acteurs, car l’IA est un levier de développement de l’éducation financière.

Hakima Alami explique que l’amélioration de la technologie, attentivement suivie par la Banque centrale, a permis des avancées majeures, comme la mise en place du groupement pour la télécompensation des chèques. Auparavant, les chambres de compensation manuelles géraient les délais de règlement, qui pouvaient aller de 30 à 60 jours. La signature électronique a permis des progrès significatifs, et la technologie continue de créer de nouveaux paradigmes.

«Le rôle du régulateur est de savoir tirer profit de ces innovations tout en assurant une balance adéquate», souligne-t-elle.

La loi autorisant les acteurs non bancaires à offrir des services de paiement a établi un cadre réglementaire permettant aux fintechs d’apporter une valeur ajoutée à une population ciblée. La création d’un canal d’échange a permis à ces acteurs de se former et au régulateur de comprendre leurs besoins. Le dialogue public-privé est essentiel pour construire des projets communs et développer des solutions adaptées.

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO


whatsapp Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp

Évolution des prix des fruits et légumes à Casablanca



Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page