Inclusion financière : encore des défis à relever !
Adoptée en 2019, la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF) a réalisé un progrès significatif avec un taux de mise en œuvre de 66% en 2022. Cette stratégie, qui a notablement étendu la portée de l’Assurance maladie obligatoire et intégré des éléments clés de protection sociale, se prépare désormais pour une deuxième phase axée sur l’évaluation approfondie des réalisations et l’ajustement des objectifs face aux nouveaux défis et priorités nationales.
Adoptée en 2019, la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF) s’est construite autour de sept leviers d’action principaux, destinés à améliorer l’accès aux services financiers des populations les moins bien desservies, telles que les ruraux, les femmes sans emploi et les personnes à besoins spécifiques. Cependant, l’environnement externe a subi des changements significatifs depuis le lancement de cette stratégie, notamment en raison des effets de la pandémie du Covid-19, des tensions géopolitiques et du changement climatique, tous exacerbant les vulnérabilités socio-économiques.
Progrès et réalisations
À fin 2022, la SNIF a enregistré un taux d’avancement de mise en œuvre de 66%, est-il noté dans le Rapport annuel 2022, récemment publié par Bank Al-Maghrib. En outre, sur les 109 actions prévues par la feuille de route y afférente, 38% ont été complètement réalisées, 38% étant toujours en cours à fin 2022. Le taux des actions non-entamées, qui s’élève à 24%, est expliqué principalement par des travaux qui sont tributaires de l’approbation des textes de loi et d’application, est-il noté au niveau du rapport.
Parmi les réalisations notables, on compte l’extension de la portée de l’Assurance maladie obligatoire pour inclure les bénéficiaires du RAMED. Parallèlement, le nouveau régime de Contribution professionnel unique (CPU), lancé début 2021, a intégré un volet spécifique à la protection sociale, qui offre initialement une couverture pour l’AMO, bénéficiant ainsi également aux autoentrepreneurs. Ce régime nécessite le paiement de droits sur une base trimestrielle et encourage l’utilisation régulière de services financiers.
De plus, l’adoption du Registre social unifié (RSU) permet un ciblage amélioré des aides sociales pour les catégories éligibles. Le développement des infrastructures numériques et l’encouragement de l’économie numérique sont également au cœur des priorités actuelles, répondant aux besoins de digitalisation accrus et contribuant à la résilience économique et sociale.
Par ailleurs, à fin 2022, le réseau des banques et des établissements de paiement (EP) a connu une croissance notable, atteignant 31.515 points d’accès, contre 26.771 l’année précédente, marquant ainsi une augmentation de 17,7%. Cette expansion est principalement observée en milieu urbain, où elle représente près de 92% des nouveaux points d’accès, et concerne surtout les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kenitra et Fès Meknès. Les points d’accès des EP constituent près de 78% de ce réseau et desservent 43% des communes. Toutefois, seulement 33% des communes rurales bénéficient de ces points d’accès, couvrant 46% de la population rurale.
De plus, 54% de ces communes rurales sont exclusivement desservies par les EP, touchant ainsi 22% de la population rurale. Par ailleurs, 37% des dites communes, représentant environ 7% des communes rurales, ont une population de moins de 10.000 habitants. En parallèle, le réseau bancaire a enregistré une légère baisse de 0,2% dans sept régions du Royaume, avec une diminution notable de près de 4% en milieu rural.
Les défis à surmonter
Au-delà des défis liés aux crises récentes, la première phase de la SNIF a été notablement influencée par le nouveau programme gouvernemental pour 2021-2026, qui a établi plusieurs priorités ambitieuses. Ces objectifs comprennent l’atteinte d’un taux de croissance annuel de 4%, la création d’au moins un million de nouveaux emplois, l’augmentation du taux d’activité des femmes à plus de 30%, la réduction des disparités sociales et territoriales à moins de 39% selon l’indice de Gini, et l’assurance d’un revenu de dignité de 1.000 dirhams pour les seniors de plus de 65 ans, d’ici 2026.
Le programme envisage également la généralisation des allocations familiales de 300 dirhams par mois et par enfant, jusqu’à trois enfants, l’introduction d’une indemnité pour perte d’emploi pour tous les travailleurs d’ici 2025, et la création d’une prime de naissance pour les familles nécessiteuses.
De plus, un budget annuel de 500 millions de dirhams sera alloué aux associations pour personnes handicapées, avec la création de 250.000 emplois directs à travers divers projets publics, la promotion du label «Made in Morocco» visant à substituer 34 milliards de dirhams d’importations et générer plus de 100.000 emplois, ainsi que le développement de l’emploi dans le secteur de la pêche et de la pisciculture avec plus de 100.000 nouveaux postes.
Une deuxième phase de renforcement
Selon le rapport publié par Bank Al-Maghrib, une évaluation approfondie de la première phase de la SNIF a été réalisée en 2023, visant à capitaliser sur les enseignements tirés et à intégrer pleinement les priorités nationales telles que la protection sociale étendue et la résilience au changement climatique. Cette évaluation s’est concentrée sur une analyse SWOT détaillée pour identifier les forces, faiblesses, opportunités et risques actuels, et définir des stratégies pour les phases ultérieures.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO