Impact de la Covid-19 : un tableau contrasté pour les régions
Le gouvernement veut relancer le processus de la régionalisation avancée comme réponse aux effets économiques dévastateurs de la pandémie. Si aucune région n’a été épargnée par la crise, l’ampleur des répercussions est néanmoins inégale.
La relance économique des régions figure au coeur des mesures prévues par l’État pour le compte du prochain exercice budgétaire. Les données communiquées à ce sujet aux parlementaires s’assimilent davantage à un plan d’urgence pour atténuer l’impact de la crise économique qui plane actuellement sur l’ensemble des régions, mais à des degrés disparates. Il s’agit de faire le bilan des stratégies sectorielles sur l’atténuation des inégalités régionales, mais aussi de lister les priorités qui devront cadrer les points d’achoppement entre le budget de l’État et les finances régionales. Les données de l’Exécutif montrent des baisses d’activités importantes enregistrées entre mars et mai, oscillant entre 51% pour la région de Beni Mellal-Khénifra, et 72% pour la région de Drâa Tafilalet. Casablanca-Settat a, elle aussi, subi une baisse sans précédent de ses activités, de l’ordre de 55% sur la même période. Pour la région de Marrakech-Safi, qui est fortement dépendante du secteur touristique, l’activité des unités hôtelières et des chaînes de restauration a chuté de plus de 66%. «Cette vulnérabilité patente des économies régionales face aux chocs de la pandémie mettent clairement en relief l’impératif d’accélérer le processus de la régionalisation avancée, en faisant de la résilience globale des régions le paradigme sur lequel devrait s’articuler la nouvelle génération des politiques publiques dédiées aux territoires», rappelle le rapport parlementaire remis à la première Chambre du Parlement.
Des mesures jugées prioritaires
L’offre gouvernementale destinée à redresser la barre se fonde sur une série de mesures qui devront prendre forme durant cette dernière année de mandat. En premier lieu, il s’agira de renforcer l’exigence de mise en place d’une approche collaborative inter-régions. La solidarité régionale devra donc fonctionner de manière effective, en vue de réduire les écarts creusés par la pandémie. Au second degré des priorités, figure l’ouverture des régions aux opportunités de partenariats décentralisés pour pouvoir bénéficier de sources de financement. L’État ambitionne, via ce procédé, de renforcer les capacités d’anticipation des acteurs territoriaux durant l’année 2021, «avec, comme effet de retour, une restauration de la confiance des populations des instances représentatives au niveau régional», indique la feuille de route de l’Exécutif.
Le bilan établi en matière d’attractivité des régions montre, quant à lui, que deux pôles productifs urbains occupent la tête du classement. Il s’agit des préfectures de Rabat et de Casablanca qui drainent fortement les actifs qualifiés à hauteur de 33% et 22% de la population active et des hauts cadres. Le même classement indique que Marrakech et Agadir devront capitaliser sur les acquis touristiques, en dépit de la conjoncture difficile qui sévit. Les statistiques indiquent que ces deux villes se singularisent par la forte fréquentation, avec un nombre de 3,7 millions de touristes accueillis. D’autres zones d’activités ont été classées comme étant moyennes. À ce titre, Tanger et de Fès ressortent comme étant les deux centres urbains enregistrant une forte stimulation pour les Investissements directs étrangers (IDE). La ville du détroit occupe la deuxième place du classement, en termes de création d’entreprises, après Casablanca. Par ailleurs, la classification établie par le gouvernement met en avant un constat intéressant : la vocation africaine de plusieurs villes s’est confirmée au cours de la période étudiée. Il s’agit respectivement de Tanger, Casablanca, Rabat et Marrakech. Par ailleurs, les villes intérieures du pays restent le lieu d’accueil par excellence des travailleurs indépendants, avec en tête du classement Khémisset et Taza, où le pourcentage des non-salariés se situe respectivement à 40% et 39%.
Une forte concentration dans quatre régions
Les disparités entre les premières régions persistent, malgré les efforts déployés pour la péréquation. Ainsi, quatre régions concentrent plus de 68% de la richesse, sachant que la concentration observée apparaît nettement à travers l’analyse de la configuration sectorielle des valeurs ajoutées régionales. Les données du gouvernement montrent que six régions ont contribué à hauteur de 79% à la valeur ajoutée du secteur primaire, durant les sept dernières années, alors que la région de Casablanca-Settat reste hégémonique pour le secteur secondaire avec une part de 44% de la valeur ajoutée secondaire au niveau national. À l’instar du secondaire, la polarisation reste aussi le fait marquant pour le secteur tertiaire avec, encore une fois, Casablanca-Settat qui accapare plus de 32% de la valeur ajoutée du secteur des services, soit près du double de la contribution de Rabat-Salé-Kénitra et le triple des performances réalisées par Tanger-Tétouan-Al Hoceïma.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco