Maroc

Formation professionnelle : l’urgence d’un partenariat public/privé

Au Maroc, le chemin traditionnel de l’éducation supérieure via le baccalauréat n’est pas la seule voie vers le succès professionnel. Pour les jeunes étudiants qui n’ont pas obtenu ce diplôme, la formation professionnelle offre une alternative précieuse et souvent  sous-estimée.  

La formation professionnelle attire chaque année des centaines de milliers de jeunes. Des centres de formation professionnelle, des écoles spécialisées, des instituts techniques aux programmes de formation en ligne, il existe une pléthore d’options accessibles aux jeunes étudiants, avec ou sans baccalauréat. Ces programmes couvrent un large éventail de domaines, allant de l’artisanat traditionnel à la technologie de pointe, en passant par le commerce, le tourisme et la santé.

Au cours de l’année 2021-2022, 179.979 jeunes ont obtenu leurs diplômes dans une des disciplines qu’offre la formation professionnelle au Maroc. Loin devant, 137.504 lauréats sont issus du secteur public, alors qu’au cours de la même année, le nombre de ceux issus des établissements privés s’élève à 42 .72. Au total, ce sont 2.058 établissements publics et privés qui dispensent des formations professionnelles, le plus grand nombre étant situé à Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra.

La formation en IA en vogue
Les secteurs les plus en vogue au cours de ladite année ont été l’administration, gestion et commerce, l’industrie mécanique, métallurgique et l’électronique, la coiffure et l’esthétique, les métiers de l’automobile, le tourisme, l’hôtellerie et la restauration ainsi le paramédical et la santé. Mais un tout nouveau secteur a attiré près de 10.000 jeunes, celui du digital et de l’intelligence artificielle. La plupart ont été formé par le secteur public qui a récemment intégré ce cursus, non seulement pour ceux ayant obtenu un baccalauréat, mais aussi qui ont seulement le niveau bac, avec ou sans expérience professionnelle.

L’OFPPT offre ainsi à ces derniers des formations leur permettant de devenir web marketer, développeur d’applications web et mobile ou encore spécialiste réseaux certifié. Bien que le secteur public offre plus de filières, le secteur privé cartonne avec plus du double du nombre d’établissements. Abdelilah Benhilal, président de la Fédération marocaine de l’enseignement professionnel privé (FMEP), nous explique qu’actuellement la filière la plus demandée au sein des établissements privés est celle du paramédical et de la santé.

«C’est le secteur où le taux d’insertion est le plus élevé. Le besoin est énorme, non seulement au Maroc avec la généralisation de la protection sociale, mais aussi à l’étranger», dit-il.

D’ailleurs, les lauréats du secteur privé marocain sont convoités au-delà même des frontières du Royaume. La FMEP a récemment scellé un partenariat avec son homologue allemand pour le recrutement direct des jeunes qu’elles forment.

«Ils n’ont absolument rien à payer, même les cours d’allemand dispensés au Maroc sont pris en charge avant leur départ vers le pays, où ils sont directement engagés dans des hôpitaux ou des cliniques privées», nous confie Benhilal.

Loi obsolète
Mais il n’y a pas à se réjouir de cette fuite de main d’œuvre qualifiée. Plusieurs obstacles entravent encore le plein développement de la formation professionnelle au Maroc, estime notre interlocuteur, soulignant que la loi n° 13-00, portant statut de la formation professionnelle privée, qui date de 2000, est «obsolète et devrait être révisée», afin de répondre aux exigences actuelles du marché de l’emploi.

Le président déplore, notamment, l’absence d’une carte de la formation professionnelle intégrant le public et le privé. Une convention-cadre avait été signée par le précédent gouvernement pour former 30.000 jeunes dont la formation serait financé par l’État, mais elle n’a pas abouti et l’expérience n’a pas été réitérée, indique Benhilal. Selon lui, «un partenariat public-privé permettrait de mieux répondre au besoins du marché, d’harmoniser les programmes de formation tout en encourageant et normalisant la formation qualifiante».

Ce type de convention permettrait aussi de réduire les coûts de la formation professionnelle au sein du secteur privé, qui restent élevés pour certains, admet le président. «En s’appuyant sur nos établissements et nos ressources, le public pourrait faire des économies et former plus de jeunes», souligne le président la FMEP.

«Un obstacle supplémentaire entrave encore le développement de la formation professionnelle, à savoir le manque d’orientation au sein des lycées pour encourager les jeunes élèves à opter pour cette voie», souligne Benhilal.

En outre, l’absence de passerelles entre le système de formation professionnelle et l’enseignement supérieur «aggrave cette problématique, celle-ci pouvant être atténuée par l’instauration d’un partenariat entre les secteurs public et privé», conclut-il.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO

 


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