Maroc

Flambée des prix de l’huile au Maroc: ce que l’on sait

Les internautes sont furieux. Sur la toile, les consommateurs dénoncent une hausse des prix de l’huile de table. Les explications sont à chercher dans les données macro-économiques, recensées notamment par la FAO.

Sur la toile, les consommateurs dénoncent une hausse des prix sur les huiles alimentaires à deux près de dirhams par litre, soit 10 DH pour le bidon de cinq litres. Alors que les ravages de la Covid-19 se font encore sentir, depuis deux semaines, des consommateurs mécontents appellent au boycott. Un appel que n’apprécie pas la Fédération marocaine des droits du consommateur ( FMDC). Boycotter un produit revient à mettre en danger les emplois qui en dépendent, défend Bouazza Kherrati, président de la FMDC. Cependant, poursuit ce dernier, conformément à la loi 31-08, le consommateur a le droit de choisir entre acheter ou pas un produit, à condition qu’on lui explique le comment et le pourquoi de la hausse. Or, avant de mettre en place de nouveaux prix, « aucune information n’a été donnée pour justifier cette augmentation. » Dès lors, poursuit Kherrati, il fallait s’attendre à cet appel au boycott des consommateurs dont le pouvoir d’achat a considérablement baissé sous l’effet de la crise sanitaire et économique qui fait encore des dégâts partout dans le monde. Il ajoute que, même si au niveau international les cours des matières premières se sont envolés, rien ne pouvait justifier une hausse de telle ampleur.

« Par le passé, il y a eu des hausses, mais elles étaient de l’ordre de 10 à 20 centimes. », déplore-t-il. Marque non seulement la plus consommée sur le marché national, mais aussi la plus ciblée depuis que la grogne des consommateurs a éclaté à propos de la hausse des prix, Lesieur Cristal a détaillé hier mardi ses arguments. Dans un communiqué, l’entreprise marocaine rappelle son engagement depuis près de 80 ans aux côté des consommateurs. Lesieur Cristal dit, en outre, « comprendre l’émoi suscité par la hausse des prix du marché des huiles de table au Maroc, ces quatre derniers mois». Faut-il le rappeler, une enquête de Sunergia Group, datée de 2019, avait conclu que Lesieur Cristal est citée par 84% des commerces traditionnels de Casablanca comme étant la marque d’huile de table qui tombe le plus souvent en rupture de stock, car la plus consommée. Cette proportion tombe à 31% pour le groupe HSB et à 5% pour Savola. L’augmentation des prix constatée actuellement, explique un communiqué de l’industriel, «est liée à la flambée des prix des matières premières agricoles à l’international et plus particulièrement, celles utilisées pour la fabrication des huiles de table».

D’ailleurs, depuis mai 2020, le cours du soja a augmenté de 80% et celui du tournesol de 90%, précise l’opérateur. Des stocks ont, à ce titre, pu être constitué par l’entreprise afin d’assurer l’approvisionnement du marché national en pleine crise sanitaire, et éviter toute pénurie. «Ces stocks lui ont permis de retarder le plus possible la répercussion de la hausse des cours mondiaux auprès des consommateurs marocains», ajoute le communiqué de Lesieur Cristal, pour expliquer cette hausse jugée excessive d’un coup. La flambée des cours des matières premières ne cessant de s’amplifier, l’entreprise a ainsi répercuté «une partie dans ses prix, à l’instar de tous les opérateurs du marché», est-il précisé.

Des flambées record !
Les éléments appuyant cet argumentaires sont d’ailleurs à chercher dans les données relatives à l’indice de la FAO, afférent aux prix des huiles végétales. Celui-ci s’est établi, en moyenne, à 138,8 points en janvier dernier, en hausse de 7,7 points (5,8 pour cent) par rapport au mois de décembre, marquant son plus haut niveau depuis mai 2012. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), cette huitième hausse mensuelle consécutive de l’indice était principalement imputable à l’augmentation des prix des huiles de palme, de soja et de tournesol. Alors que la production d’huile de palme en Indonésie et en Malaisie s’est avérée plus faible que prévu en raison de précipitations trop abondantes (et, dans le cas de la Malaisie, d’une pénurie de travailleurs migrants qui perdure), ajoute l’organisation spécialisée du système des Nations unies, les cours internationaux de l’huile de palme sont montés en flèche pour atteindre leurs plus hauts niveaux depuis huit ans et demi. De même, selon la FAO, les prix internationaux de l’huile de soja ont progressé pour le huitième mois de suite, en raison d’une réduction des disponibilités à l’exportation et de grèves qui perdurent en Argentine. « En ce qui concerne l’huile de tournesol, les prix ont continué à monter, car un important recul des récoltes de tournesol en 2020-2021 a contribué à un resserrement de l’offre mondiale que l’on avait déjà constaté auparavant», détaille la FAO. Par ailleurs, Kherrati estime nécessaire de souligner que l’autre argument plaidant en faveur des industriels pourrait être celui de la hausse des droits d’importations, de 24% pour atteindre 40%. 

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco



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