FIMA : une 14e édition en témoignage au charme de la mode africaine
Après Dakhla en 2018, le Festival international de la mode en Afrique (FIMA) transcende, une fois de plus, les frontières pour renforcer davantage les liens culturels qui unissent les pays du continent. Cette fois-ci, c’est à Rabat, «capitale africaine de la culture», que se tient la 14e édition du FIMA, et ce, du 7 au 10 Décembre, au site du Chellah, sous le thème : «La synergie des cultures pour le développement de l’Afrique».
Le FIMA a été marqué, lors de sa cérémonie d’inauguration, par la présence de Déborah Katisa Morais Brazao Carvalho, Première dame du Cap Vert, ainsi que celle de nombreuses personnalités. Placée sous le Haut patronage du Roi Mohammed VI, et sous l’égide du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, ce festival propose, à l’occasion de cette 14e édition, des défilés de mode et des spectacles ainsi que des compétitions pour valoriser les meilleurs stylistes d’Afrique et de la diaspora, dans les catégories telles que maroquinerie, bijoux et accessoires de mode.
Il est prévu également, lors de cette rencontre interculturelle, la tenue de tables-rondes axées sur les thèmes du financement de la mode et de la création, la protection de la propriété intellectuelle, les appellations d’origine des créations africaines, et l’utilisation des nouvelles technologies dans la production et le marketing.
À cette occasion, la Première dame du Cap Vert, marraine du festival, a tenu à féliciter le Maroc pour la victoire obtenue par les Lions de l’Atlas, affirmant que «la victoire du Maroc a également été célébrée au Cap Vert». Selon elle, la mode ne se résume pas à un tissu ou à du textile, «mais elle est porteuse de messages». «Quand je pense à la mode africaine, cela me fait penser au bonheur, aux couleurs de la vie…», a-t-elle déclaré, tout en soulignant que l’Afrique a la possibilité d’avoir une institution de la mode durable. Et la Première Dame du Cap Vert de conclure «qu’on ne devrait pas laisser mourir le textile».
Pour sa part, Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, qui n’a pas pu être présent à l’évènement comme prévu, a tenu à adresser un mot aux participants à cette occasion, par lequel il déclare que «le lien culturel entre le Royaume du Maroc et le FIMA, cette grande rencontre de la mode africaine, a pris naissance lors de sa Première édition en 1998.
Conformément à la vision panafricaniste de notre pays, les autorités de l’époque ont soutenu ce projet continental, qui rapproche les peuples, cultive la paix et prône le développement de notre continent, à travers la mode, cette dernière étant l’expression de son identité culturelle». Même son de cloche chez Éric Falt, directeur du bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, qui estime que ce festival va célébrer la créativité africaine, et ce, de multiples façons.
«Les thématiques abordées lors de cette édition sont très importantes pour l’industrie de la mode», a-t-il indiqué, ajoutant que plusieurs questions sont soulevées, relatives à la protection des créations dans un contexte de production de masse, ou encore à la crise climatique.
Il souligne que l’Afrique est une priorité stratégique pour l’UNESCO, qui est pleinement engagée à soutenir l’économie du continent. Falt a rappelé également que cette institution internationale avait entamé, dès juin 2022, une étude sur l’industrie de la mode, ayant pour objectif d’identifier les défis et les besoins de ce secteur.
Il a néanmoins estimé que ce dernier souffrait de plusieurs faiblesses, dont le manque d’investissement et d’infrastructures, ainsi que la fragmentation de la chaîne de valeur. En conclusion, le directeur de l’UNESCO pour le Maghreb a appelé à la réflexion collective en vue de la mise en œuvre d’un cadre propice à son développement.
Pour Jean Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de CGLU (Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique, «La culture et porteuse d’identité, d’estime de soi et d’activité économique, mais malheureusement, dans les politiques africaines, les ministères de la Culture sont les plus pauvres.» Le secrétaire général estime que la culture devrait être considérée comme le 4e pilier du développement d’un pays, ajoutant qu’il n’y a pas de meilleur endroit que le site historique de Chellah pour abriter ce festival.
Pour les organisateurs, le FIMA vient renforcer le processus de «Rabat, capitale africaine de la culture». Il constitue une source de fierté pour le continent, étant donné qu’il contribue au rayonnement mondial de la culture africaine.
Selon eux, «le FIMA, c’est d’abord l’expression de la paix entre les peuples et un espace de rencontres réunissant les créateurs des cinq continents pour se connaître tout en élargissant et vivifiant la culture, qui est le meilleur moyen de cimenter l’entente entre les nations».
Ils estiment également que cette manifestation culturelle importante est la meilleure illustration de la prise de conscience des uns et des autres sur les grands défis auxquels l’Afrique est confrontée et sur l’urgence d’exploiter et de valoriser notre patrimoine à travers la créativité artistique. En plaçant la culture au centre des grands débats, les décideurs politiques et les acteurs culturels sont désormais en symbiose, et s’accordent sur l’efficience d’une action conjuguée pour l’épanouissement des peuples et des nations. À noter que les matinées seront rythmées, pendant toute la durée du FIMA, par des expositions de textiles africains, les après-midis par des colloques, et les soirées par des concours de jeunes créateurs et des défilés.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO