Maroc

Fès-Meknès : un schéma directeur contre l’érosion des sols en gestation

Face à l’érosion des terres agricoles qui coûte 0,54% du PIB annuel, le ministère de l’Agriculture lance un vaste projet pour élaborer un schéma directeur régional contre ce phénomène dans la région de Fès-Meknès.

Dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des ressources hydriques, la préservation des sols arables est devenue un enjeu crucial pour le Maroc. C’est dans cette optique que le ministère de l’Agriculture vient de lancer un projet d’élaboration d’un schéma directeur régional pour lutter contre l’érosion des terres et valoriser les eaux pluviales.

Avec un délai de réalisation de 12 mois et une enveloppe budgétaire de 5,7 millions de dirhams pour la seule phase d’étude, ce projet témoigne de l’importance accordée par le ministère de tutelle à cette problématique environnementale. Il s’inscrit pleinement dans la feuille de route de la stratégie «Génération Green» qui vise à assurer une gestion durable des ressources naturelles au service d’une agriculture résiliente.

L’érosion hydrique, principale menace
Au Maroc, l’érosion hydrique représente la principale cause de dégradation des terres agricoles. Selon des chiffres alarmants d’une étude de la Banque mondiale datant de 2017, le coût annuel de ce phénomène s’élèverait à 0,54% du PIB national. Un tribut économique et environnemental colossal supporté par le Royaume, malgré les efforts déployés jusqu’à présent en matière de conservation des eaux et des sols.

Cette érosion entraîne en effet d’importants dégâts agronomiques et pédologiques avec un appauvrissement des sols en éléments nutritifs et une altération de leur structure. Elle a également un impact néfaste en amont et en aval des infrastructures hydrauliques, tant dans les périmètres irrigués que dans le secteur pluvial.

À long terme, c’est la durabilité même des exploitations agricoles et des parcours qui se trouve menacée sur les plans hydrique, pédologique et topographique.

Un diagnostic global  et cartographique
Pour remédier à cette situation préoccupante, le projet piloté par la Direction régionale de l’agriculture (DRA) de Fès-Meknès va permettre de dresser un état des lieux exhaustif à l’échelle régionale. Il s’agira dans un premier temps de réaliser un diagnostic général sur les risques de dégradation des sols, leur perception par les exploitants agricoles ainsi que les facteurs à prendre en compte pour réduire l’érosion et le stress hydrique.

Sur cette base, la DRA procédera à un ciblage et à une cartographie précise des zones d’intervention prioritaires en fonction de la sévérité de l’érosion et des conditions de mise en œuvre des travaux. La topographie des sites propices à la collecte des eaux pluviales à des fins agricoles sera également identifiée avec un géoréférencement optimal.

Un vaste travail de terrain est en outre prévu avec des prises de vue aériennes par drone, des relevés topographiques, des enquêtes auprès des agriculteurs et des plans parcellaires détaillés des zones les plus vulnérables. L’objectif est de disposer d’une image la plus fidèle possible de la réalité du terrain pour adapter au mieux les solutions préconisées.

Vers un plan national  anti-érosion
Au terme de ces vastes investigations de terrain couplées à une analyse poussée, la DRA identifiera les techniques les plus adaptées aux différentes unités agro-écologiques de la région pour lutter contre l’érosion et la rareté de l’eau. Elle étudiera l’ensemble des mesures à mettre en œuvre, juridiques, organisationnelles ou techniques, pour assurer le succès et la pérennité du futur programme d’intervention.

L’aboutissement de cette étude régionale de grande envergure sera l’élaboration d’un schéma directeur pour la conservation des eaux et des sols dans la région de Fès-Meknès. Il définira un programme d’aménagement détaillé visant à réhabiliter les terres dégradées en s’appuyant sur la cartographie des zones vulnérables. Les modalités techniques de collecte optimale des eaux pluviales seront également arrêtées, tenant compte des spécificités géographiques et climatiques locales.

Ce schéma directeur régional servira de pierre angulaire à l’édification d’un futur plan national anti-érosion, enjeu stratégique pour le Maroc dans sa quête de souveraineté alimentaire durable. Un défi de taille dans un pays où l’agriculture demeure une composante vitale de l’économie et un pilier de la résilience des territoires ruraux face aux changements climatiques.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO


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