Maroc

Fès-Meknès : grand-messe des professionnels de la santé sur la réforme médicale

Des dizaines de professionnels de la santé se sont récemment rassemblés à Fès pour discuter de la réforme du système de santé marocain. Cette rencontre a permis de mettre en lumière plusieurs enjeux critiques, notamment la question du faible recours aux médicaments génériques, l’urgence d’établir un système d’information intégré couvrant l’ensemble du secteur, ainsi que la nécessité de revoir la stratégie de prise en charge des affections à longue durée (ALD). 

La réforme du système de santé est en cours et les professionnels se mobilisent pour s’y préparer. C’est le cas de l’Alliance des médecins istiqlaliens de Fès qui a organisé, jeudi 16 février, une conférence-débat en partenariat avec le Centre marocain d’études et de recherches en politique de santé. L’objectif de cette rencontre était de sensibiliser les professionnels de la santé sur les principaux axes de la réforme.

Avant de livrer sa lecture des projets de loi en cours, Allal Amraoui, chirurgien et parlementaire, a donné un aperçu global sur l’écosystème de santé et le rôle des différents ministères pour la réussite de la refonte du système de santé au Maroc (financements, infrastructures routières, éducation…). Il a ensuite présenté les principales réformes entamées par le pays portant sur la révision du système de santé, et la mise en œuvre des axes de réforme du système national de la santé, notamment celui relatif à la gouvernance, conformément à l’article 32 de la loi-cadre n° 06.22 afférent au système national de santé. Il a également mis l’accent sur l’importance de l’adoption de la loi n° 07.22 concernant la création de la Haute Autorité de la santé, le projet de loi n° 08.22 relatif à la création des Groupements sanitaires territoriaux (GST), le projet de loi n° 09.22 afférent aux garanties essentielles accordées aux ressources humaines des métiers de la santé et projet de loi n° 10.22 concernant la création de l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé.

Faible recours aux médicaments génériques
Bien que les autorités marocaines aient encouragé la production et la vente de médicaments génériques, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer l’offre de médicaments génériques sur le marché. Dans ce cadre, Amraoui, qui a été également directeur régional de la Santé dans la région, a précisé que «pour assurer la refonte globale du système de santé, nous devons relever de nombreux défis, dont l’élargissement du recours aux médicaments génériques». En effet, le recours aux médicaments génériques par le Maroc reste très faible avec seulement 30% contre plus de 70% aux États-Unis. Ce faible taux de couverture contribue à une offre limitée de ces médicaments pour les patients, qui peuvent alors se tourner vers d’autres, dits de marque, plus coûteux. Pourtant, une offre plus large de médicaments génériques permettrait de favoriser la concurrence et de réduire les prix pour les patients, tout en améliorant l’accès aux soins pour les populations les plus vulnérables.

Nécessité d’un système d’information intégré
La réforme du système de santé est une étape incontournable pour améliorer la qualité des soins au Maroc. Selon Allal Amroui, l’instauration d’un système d’information intégré dans le secteur de la santé est essentielle pour y parvenir. En effet, cette solution permettrait aux professionnels de la santé d’accéder à des informations complètes et à jour sur les patients, leur permettant ainsi de prendre des décisions plus rapides et plus éclairées, ce qui réduirait les erreurs médicales et améliorerait la qualité des soins.

De plus, un système d’information intégré pourrait également faire baisser les coûts de fonctionnement du système de santé en réduisant le temps passé à la recherche d’informations et en limitant les examens et les consultations redondantes, ainsi que les prescriptions inutiles. Cette solution serait donc bénéfique pour les patients ainsi que pour le système de santé dans son ensemble.

Allal Amraoui souligne aussi l’importance de généraliser ce système d’information, à la fois dans le secteur public et privé, pour améliorer la coordination des soins entre les différents professionnels de santé. En somme, la mise en place d’un système d’information intégré dans le secteur de la santé est une mesure indispensable pour améliorer la qualité des soins tout en réduisant les coûts.

Les priorités de l’ANAM
Intervenant au sujet des priorités de la réforme de la généralisation de l’assurance maladie à l’ère de la protection sociale, Khalid Lahlou, directeur général de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), a précisé qu’en parallèle de la réforme du système de santé, le Maroc mène un chantier d’une importance cruciale et complémentaire, à savoir celui de la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). «Grâce à ce nouveau dispositif, plus de 22 millions de personnes supplémentaires ont pu bénéficier en 2022 d’une assurance couvrant les frais de traitement, de médicaments et d’hospitalisation», a-t-il précisé. D’ici à 2024, ce sont sept millions d’enfants en âge de scolarité qui seront concernés par la généralisation des allocations familiales. Quant à l’élargissement de la base des adhésions aux régimes de retraite, il permettra à cinq millions de personnes d’en bénéficier d’ici à 2025. Enfin, la généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi couvrira l’ensemble de la population.

Plus de 95% de la population couverte en 2022
Le directeur de l’ANAM a qualifié les tendances de couverture au Maroc de «régulières et optimistes». Selon lui, le taux de couverture est passé de 16 % en 2005 à 70,2 % en 2020, pour atteindre près  de 95 % de la population en 2022. Cependant, Khalid Lahlou a également souligné le poids des affections à longue durée (ALD) sur les dépenses de l’AMO, mettant en évidence la nécessité de réviser la stratégie de prise en charge de ces maladies. Il a noté que quatre pathologies accaparent à elles seules 72,8 % des dépenses relatives aux ALD. Cette situation souligne l’importance de trouver des solutions pour mieux gérer les dépenses de santé liées aux maladies chroniques et de mettre en place une stratégie de prévention pour réduire le nombre de cas. Une prise de conscience qui semble primordiale dans un pays où la couverture sanitaire est en pleine expansion et qui doit répondre aux besoins d’une population de plus en plus nombreuse.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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