Les universités et écoles supérieures ont toutes opté pour l’intégration du monde de l’entreprise dans leurs cursus respectifs. Chacune a sa méthode et son approche, mais l’objectif visé est le même : maximiser l’employabilité des lauréats.
L’adaptation des formations proposées aux réalités des mutations que connaissent les secteurs porteurs n’a pas toujours été la priorité absolue des universités et écoles supérieures. Cela a changé avec le temps, inadaptabilité des profils oblige. Le retour d’expérience, accumulé sur plusieurs décennies de pratiques pédagogiques unidimensionnelles, ont renseigné sur la pertinence de ces approches aujourd’hui obsolètes. Les conclusions qui en ont résulté dessinent les contours d’une vérité désormais incontestable : les profils formés «à la traditionnelle» n’attirent plus l’intérêt des employeurs.
Ce constat peut donner l’impression que les formations techniques les plus précises (ingénierie, chimie, etc.) ne sont pas concernées par ces mutations. Elles le sont encore plus, de l’aveu même des universités qui forment ces profils. Suivre de près les évolutions que connaissent les secteurs porteurs et s’adapter en fonction des exigences changeantes des employeurs est devenu le leitmotiv des formateurs. C’est le cas de l’Institut des hautes études de management (HEM), l’Université internationale de Casablanca, l’Université internationale de Rabat, Mundiapolis, l’Esca École de Management, IHEPS, TBS, etc. C’est également le cas des universités publiques telles que l’ENCG Settat, qui a signé un certain nombre de conventions avec des acteurs de premier plan du monde de l’entreprise. L’accord le plus récent a été conclu avec le groupe Société Générale Maroc (SGMB) visant la coopération sur des stages dotés d’encadrement de professionnels, aux étudiants de l’ENCGS (Stages d’initiation, d’approfondissement et projets de fin d’études), un encadrement spécial assuré à ses stagiaires PFE (Projets de fin d’études, semestre 10), la participation aux forums annuels et aux journées de recrutement ponctuelles organisées par l’ENCGS, la mobilisation d’experts pour animer des cours de témoignages professionnels et participer à des conférences et à des séminaires organisés par l’ENCGS, la sponsorisation de certains événements de l’ENCGS et le financement avec des conditions de prêts avantageuses, les frais de scolarité des étudiants en formations initiale et continue.
Cet accord représente sensiblement la direction qu’empruntent les autres universités publiques qui ont adopté cette approche, les écoles privées d’enseignement supérieur qui ont dépassé le cadre des simples stages d’observation ou d’initiation professionnelle et l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT). Un constat partagé par l’Université Mundiapolis qui, elle aussi, favorise l’implication directe des employeurs, mais adopte une approche différente : celle du Mundia JobFair, un Forum dédié à l’emploi organisé par le Centre d’accompagnement à la réussite des étudiants (CARE) relevant de l’université. Le Forum est tenu en étroite collaboration avec, entre autres, des représentants de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), l’Association des femmes chefs d’entreprise du Maroc (AFEM), l’Agence nationale pour la promotion de la PME – Maroc PME, etc. HEM, pour sa part, combine l’objectif de facilitation des insertions professionnelles aux intérêts pédagogiques que représente la participation continuelle de professionnels aux cursus pédagogiques à travers des conférences thématiques ou des cours spéciaux.
Depuis que l’institut s’est allié à la Société financière internationale (SFI) pour lancer conjointement une joint-venture universitaire, baptisée Med Université, HEM a pleinnement embrassé ses missions régionales et continentales en mettant à disposition du secteur de l’enseignement, une entité dédiée à la formation de profils précis, aux aptitudes acérées, en accord avec ce que cherchent les entreprises qui emploient le mieux aujourd’hui, et qui sont presque toutes issues de l’émergence des écosystèmes industriels opérant dans des métiers nouveaux. Le modèle adopté repose sur des programmes de formations professionnalisantes, dont les spécialisations sont axées sur les métiers porteurs des services et de l’industrie. Autant dire que la définition du contenu pédagogique est indexée sur l’émergence des nouveaux métiers mondiaux. Accessoirement, la nouveauté avancée par le management commun de la JV est le critère de l’accessibilité financière. En adoptant cette posture, HEM et SFI ambitionnent de démocratiser l’accès aux formations de qualité pour celles et ceux qui disposent de l’infrastructure intellectuelle et pédagogique pour les suivre, mais sont estropiés par leur incapacité à couvrir les coûts. En relocalisant l’adéquation entre les qualifications théoriques et techniques des lauréats à la demande du marché de l’emploi en amont des cycles d’études, ces écoles ont créé un lien solide avec les employeurs, qui participent de plus en plus à la définition des programmes formant les cursus proposés. Normal, ce sont eux qui récupèrent les lauréats à la sortie de l’école et les emploient pour rendre leur structure encore plus performante. L’École centrale de Casablanca est bien avancée sur cette stratégie.
Le profil d’ingénieur étant de plus en plus prisé par le secteur industriel. Maghreb Steel, leader national de l’acier, a choisi de s’allier à l’unique antenne africaine du groupe Écoles centrales pour se fournir en compétences et agir sur les matières enseignées afin qu’une des ingénieurs que l’école produit soit parfaitement intégrés et imprégnés des principales problématiques de l’industriel, et ceci dès le premier jour passé dans ses locaux. Les futurs Centraliens seront initiés aux particularités du monde industriel au sein des unités de Maghreb Steel, encadrés par les professionnels qui y officient.
De même, le sidérurgiste pourra faire bénéficier ses cadres techniques et autres des programmes de formation avancés assurés par les enseignants-chercheurs de Centrale Casablanca. C’est à ce jour l’expression de l’adaptation la plus poussée du marché au niveau supérieur. S’agissant des profils techniques, c’est l’OFPPT qui se taille la part du lion avec la création d’unités de formation entièrement dédiées aux écosystèmes automobile et aéronautique. Des mutations inédites dans l’histoire des réformes de l’éducation dans notre pays, favorisées d’ailleurs par une conjoncture mondiale devenue rigide à la fructification des anciens modèles de développement économique des suites des crises financières répétées.C’est ainsi que le rôle croissant que joue internet dans les stratégies d’entreprises est devenu incontournable et la fourchette des possibilités suffisamment large pour favoriser l’émergence de métiers nouveaux ainsi que l’adaptation de fonctions existantes à d’autres, nouvelles, plus en accord avec l’évolution des procédés. Il est également intéressant de relever le point commun entre tous ces nouveaux métiers qui réside dans leur appétit insatiable pour les qualifications pointues. Pareil pour les sous-secteurs y afférent, qui n’en sont pas moins friands. Cette effervescence constatée autour de l’avènement des nouveaux métiers mondiaux au Maroc est confirmée par le volume des investissements directs étrangers (IDE) à destination du royaume ainsi que les performances des nouveaux métiers dans lesquels le pays s’impose aujourd’hui en spécialiste continental. Ces éléments prouvent bien que le paysage économique est assurément entré en phase de mutation, tout comme celui des économies américaine et européenne avant lui. Pour le cas du Maroc, cela se justifie par le nombre de groupes industriels d’envergure internationale qui sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la dynamique soutenue du développement industriel national.
D’ailleurs, l’OFPPT s’intéresse au secteur des énergies renouvelables en signant avec Masen, complétant ainsi le scope de compétences sur lesquelles l’Office se positionne et à ses côtés l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur public et privé.