Maroc

Emploi : un nouveau cap face à une crise persistante

L’Exécutif entend bien mettre un terme à l’explosion du chômage qui a atteint au dernier pointage 21,3%. Il vient de déployer une nouvelle stratégie de l’emploi avec un budget exceptionnel de 14 milliards de dirhams en 2025. En dépit des quelque 300.000 nouvelles immatriculations à la CNSS en 2023, l’économie nationale a perdu 157.000 postes, mettant en évidence le décalage entre les créations d’emplois déclarées et la réalité du travail non formel.

La question de l’emploi est aujourd’hui au cœur des préoccupations nationales. Face à une situation où le chômage atteint des niveaux alarmants, le gouvernement vient de dévoiler une nouvelle stratégie pour redynamiser le marché du travail. Avec un budget exceptionnel de 14 milliards de dirhams (MMDH) en 2025, ce plan vise à relancer l’investissement, à renforcer la formation et à mieux intégrer le monde rural dans la dynamique de l’emploi.

L’objectif est de créer davantage d’opportunités tout en assurant une meilleure qualité des emplois. Cette feuille de route repose sur une approche globale qui s’attaque aux principaux freins à l’embauche. D’abord, un soutien renforcé à l’investissement, qui doit permettre aux entreprises, en particulier les PME, de recruter davantage.

Ensuite, une refonte en profondeur des dispositifs d’emploi et de formation, avec un accompagnement élargi à toutes les catégories de chercheurs d’emploi, y compris ceux qui sont aujourd’hui les plus éloignés du marché du travail. Enfin, un volet spécifique consacré au monde rural, afin d’apporter des solutions adaptées aux petits agriculteurs et éleveurs, qui font face à une précarité croissante.

L’investissement au cœur du dispositif
Cette feuille de route a été élaborée dans une logique de concertation élargie. Les employeurs, représentés par la CGEM, ainsi que les syndicats et divers acteurs économiques ont été impliqués dans la définition des priorités. L’enjeu est de construire une réponse adaptée aux réalités du terrain et de s’assurer que les moyens déployés auront un impact réel.

Pour garantir un suivi efficace, un comité interministériel, présidé par le chef du gouvernement, sera chargé d’évaluer régulièrement l’avancement des mesures et d’ajuster les interventions si nécessaire.

Dans cette nouvelle approche, l’investissement est placé au cœur du dispositif. Il ne s’agit pas seulement de maintenir le soutien aux grands projets structurants, mais aussi d’offrir un nouveau cadre incitatif pour les PME. Une offre gouvernementale spécifique est en cours d’élaboration afin d’accompagner les petites et moyennes entreprises dans leurs efforts de recrutement, en complément du Pacte d’investissement qui reste un pilier central de la politique économique.

L’enjeu est de stimuler un tissu entrepreneurial capable de créer des emplois durables, loin des dynamiques précaires qui caractérisent encore une partie du marché du travail. Parallèlement, une réforme des dispositifs d’emploi actifs est engagée.

L’ANAPEC verra son rôle renforcé, avec un élargissement de ses missions afin de couvrir un spectre plus large de profils, y compris les non-diplômés qui peinent aujourd’hui à s’insérer professionnellement. Un programme de formation en alternance sera mis en place, dans plusieurs secteurs stratégiques, afin d’assurer une meilleure adéquation entre l’offre de formation et les besoins des entreprises.

L’objectif est de ne laisser personne sur le bord du chemin et de donner à chaque chercheur d’emploi des outils concrets pour accéder à un travail stable. Le monde rural, souvent délaissé dans les politiques de l’emploi, fait également l’objet d’une attention particulière. Une offre spécifique est prévue pour soutenir les petits agriculteurs et éleveurs, en misant sur des projets locaux générateurs de revenus. L’idée est de favoriser une économie de proximité, capable de créer des emplois sur place et d’éviter l’exode vers les villes, où le marché du travail est déjà sous pression.

Un marché de l’emploi toujours en crise
Mais la situation actuelle reste préoccupante. Le dernier Recensement général de la population et de l’habitat fait état d’un taux de chômage de 21,3%, un chiffre qui a immédiatement suscité le débat.

Le Haut-commissariat au plan (HCP) a tenu à préciser que cette donnée, issue d’une méthodologie différente de l’Enquête nationale sur l’emploi, donne une vision plus large, mais ne reflète pas avec exactitude la dynamique réelle du marché du travail. Il n’en demeure pas moins que cet indicateur met en lumière les difficultés structurelles de l’emploi au Maroc et la nécessité d’une action rapide et efficace.

Le plan gouvernemental marque un tournant décisif dans la gestion du marché du travail. L’enjeu est de réussir à traduire ces engagements en résultats concrets, en assurant une mise en œuvre efficace et un suivi rigoureux des mesures annoncées. Miser sur l’investissement, la formation et l’accompagnement des populations rurales peut constituer un levier puissant pour inverser la tendance, mais encore faut-il que ces efforts se traduisent par une politique de création d’emplois durable et inclusive.

«Un chômage structurel qui ne cesse d’augmenter.»

Les tendances de ces dernières années montrent une progression inquiétante du chômage. Entre 2010 et 2023, le taux est passé de 9,1% à 13%, avec une hausse marquée de 1,2 point sur la seule année 2023. Cette augmentation ne s’explique pas uniquement par la perte d’emplois, mais aussi par une évolution inédite du marché du travail.

Avant la pandémie, la population active augmentait en moyenne de 77.000 personnes par an. Or, en 2023, elle a reculé de 20.000 personnes, signe d’un désengagement croissant des travailleurs, en particulier des jeunes, face aux difficultés d’insertion. Un autre paradoxe apparaît dans l’évolution du marché de l’emploi.

Alors que la part des diplômés progresse, avec une augmentation significative de l’emploi qualifié, notamment pour les niveaux intermédiaires et supérieurs, l’insertion professionnelle reste compliquée. Les jeunes sont parmi les plus touchés par le chômage, notamment ceux qui ont suivi des formations générales, souvent en décalage avec les besoins des entreprises.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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