Emploi des jeunes : la silencieuse baisse du chômage
Si jusqu’ici, bien des spécialistes n’ont cessé d’alerter sur la nécessité de désamorcer la bombe du chômage, tout porte à croire que le marché de l’emploi commence, petit à petit, à retrouver des couleurs.
Une bombe à retardement heureusement désamorcée ? Fait de chômage de longue durée et des difficultés des «15-24 ans» à trouver un emploi, l’engin explosif serait-il devenu moins menaçant ? Si, pour bien des spécialistes, on se dirige tout droit vers l’ubérisation du marché du travail, sous l’effet de la rareté des offres d’emploi et des licenciements massifs, un phénomène qui touche tous les secteurs de l’économie, tout porte à croire que la tendance commence à s’inverser. Certes, les chiffres du chômage, relatifs au deuxième trimestre de l’année, (12,8% à fin juin 2021 contre 9,2% en 2019), ne permettent pas de confirmer vraiment cette tendance, mais il semble que le marché de l’emploi commence à retrouver progressivement des couleurs.
«C’est vrai que nous sommes encore dans un contexte d’après-crise mais il y a de plus en plus d’entreprises qui recrutent, après des vagues de licenciements énormes», remarque Naïm Bentaleb, co-fondateur et directeur général de Xpertize Africa. Si les entreprises ont été durement impactées par la crise sanitaire et économique et qu’elles ont dû licencier une partie de leur personnel, insiste le patron de l’opérateur international dans le domaine des Ressources Humaines, de nombreuses entreprises sont en train de reprendre leurs collaborateurs.
D’ailleurs, dans les mois à venir, tout porte à croire qu’on assistera à une baisse sensible du taux de chômage. Mieux encore, non seulement les recruteurs ont l’embarras du choix du fait du contexte actuel, mais il existe également, pour les chômeurs, beaucoup de structures de recyclage pouvant leur permettre d’adapter leur profil à la nouvelle donne du marché du travail, tourné vers les nouveaux métiers du futur. Bien qu’il soit très difficile de cerner les besoins de ce marché, il faut reconnaître que le Maroc a consenti des efforts considérables pour la formation de ses compétences. «Je pense que les entreprises ont maintenant la possibilité de recruter de nombreux profils de bonne qualité», poursuit notre interlocuteur. Mais il ne faut pas être naïf. Si l’espoir est encore permis et que tout semble indiquer qu’on s’apprête à sortir du creux de la vague covid-19, certains recruteurs sont de plus en plus attirés par des demandeurs d’emplois taillables et corvéables à merci, leur proposant, le plus souvent, des contrats de travail précaires. C’est à ce niveau que l’État doit intervenir pour permettre aux entreprises de recruter plus facilement, préconisent les spécialistes.
À ce propos, il existe une panoplie de solutions à portée de main pour la nouvelle équipe gouvernementale qui table sur un investissement public «record» de 245 milliards de dirhams, soit plus de 23 milliards d’euros, pour remettre sur pied l’économie nationale, fortement ébranlée par la crise sanitaire. Selon les experts, des réformes courageuses seront nécessaires pour résorber le taux de chômage. À commencer, par exemple, par la baisse des impôts sur le revenu ainsi que la mise en place d’une prime d’encouragement destinée aux petites entreprises qui recrutent.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO