Maroc

Emballages des pesticides : CropLife et AgroTech prennent le taureau par les cornes

Le marché des pesticides est estimé selon l’association CropLife Maroc à hauteur de 2 MMDH au Maroc dont 70 % est destinée essentiellement à l’usage agricole. La région de Souss-Massa détient près de 30 à 32% des emballages vides des phytopharmaceutiques (EVP), d’où le lancement du projet pilote de gestion durable des EVP par CropLife Maroc, CropLife Afrique & Moyen Orient et l’Association AgroTech. 

A l’horizon 2030, chaque agriculteur marocain doit accroître sa production afin de nourrir l’équivalent de quatre citoyens. Et pour ce faire, l’intensification des rendements des cultures est un mal nécessaire à travers l’usage raisonné des produits phytosanitaires.

Cependant, une fois utilisés en tant que facteur de production, les emballages de pesticides accompagnés de mauvaises pratiques constituent une nuisance pour l’environnement, la santé humaine et animale, d’où le lancement, mercredi dernier, à la Cité d’innovation de Souss-Massa du projet pilote de gestion durable des emballages vides des produits phytopharmaceutiques. Porté par l’association CropLife Maroc et CropLife Afrique & Moyen Orient, ce projet sera exécuté par l’Association Agro Technologies (AgroTech) de Souss-Massa qui s’est attelée sur cette problématique depuis plus d’une décennie avec l’appui de ses partenaires institutionnels. Un protocole d’accord a été déjà paraphé entre ces trois parties.

Sur la base des chiffres présentés lors de cet atelier de démarrage, le marché des pesticides est estimé, selon l’association CropLife Maroc, à 2 MMDH au Maroc dont 70 % est destinée essentiellement à l’usage agricole alors que 22 % des quantités utilisées sont orientées vers l’hygiène publique. Le reste est destiné à l’hygiène animale et à l’usage industriel. Par classe, l’équivalent de 45 % et de 40% des quantités utilisées concernent, respectivement, les insecticides et les fongicides en fonction des facteurs climatiques, alors que 15 % couvre les herbicides. S’agissant du type de culture, près de 44% et 26 % concernent, respectivement, le maraîchage et les plantations et 21 % les céréales.

73% des agriculteurs ont tendance à ne pas rincer les contenants
Ce sont essentiellement les déchets inorganiques constitués d’emballages vides des produits phytosanitaires et de produits fertilisants qui posent problème, puisque 73% des agriculteurs ont tendance à ne pas rincer les contenants de ces produits; ce qui les rend dangereux aux yeux de la loi selon CropLife Maroc.

Au total, la moyenne des importations des phytopharmaceutiques est égale à 17.000 t/an alors que le Maroc consomme 1,46 kg/ha, selon une étude de la FAO en 2020, soit beaucoup moins en comparaison avec des pays comme Israël (14,51 kg/ha), les Pays-Bas (11,89 kg/ha), la Belgique (6,26 kg/ha), l’Italie (6,11 kg/ha) en plus du Brésil, de la France, de l’Espagne et de la Turquie dont la consommation oscille entre 5,94 et 2,32 kg/ha. Étant donné que la région Souss-Massa est un des principaux producteurs de fruits et légumes au Maroc, elle est la plus concernée par cette problématique. Aujourd’hui, la région Souss-Massa produit l’équivalent de 350 tonnes par an selon une enquête déjà réalisée en 2014.

De plus, elle détient près de 30 à 32% des emballages vides des phytopharmaceutiques (EVP) générées au niveau national par l’utilisation des pesticides. À cet égard, parmi les principaux bénéficiaires de ce projet figurent les agriculteurs des périmètres agricoles de Chtouka-Ait Baha et Taroudant. Le but étant d’établir un diagnostic des pratiques de gestion des EVP utilisées dans les exploitations et de vulgariser auprès des agriculteurs visés par le projet les bonnes pratiques de gestion des EVP et leur traçabilité jusqu’à l’élimination, notamment pour le stock obsolète, tout en mettant en place une filière nationale de gestion des EVP.

300.000 tonnes de déchets dangereux au niveau national
Selon les chiffres exposés par la Direction de l’environnement de Souss-Massa, le gisement total des déchets au niveau national est estimé à 26,8 millions de tonnes hors déchets agricoles dont 300.000 tonnes de déchets dangereux. À l’horizon 2023, ce gisement global connaîtra une augmentation importante pour atteindre 39 millions de tonnes, soit une augmentation de 45%.

Au sein de la région Souss-Massa, le gisement est estimé à 597.222 tonnes/an, selon les chiffres de 2019, avec une projection à la hausse de l’ordre de 70% durant la prochaine décennie. Au-delà de la loi 28.00 relative à la gestion des déchets et leur élimination, c’est le décret n°2-14-85 du 20 janvier 2015 qui est dédié à la gestion des déchets dangereux tels qu’ils sont définis à l’article 2 du décret n°2-07-253 du 18 juillet 2008 portant classification des déchets et fixant la liste des déchets dangereux (DD).

Conformément au catalogue marocain des déchets (CMD), les pesticides, en plus des emballages contenant des résidus de substance et des emballages métalliques contenant une matrice poreuse solide, sont considérés comme des déchets dangereux.

Par ailleurs, la loi n°34-18 relative aux produits phytopharmaceutiques, qui a été promulguée par le dahir n°1-21-67 du 3 hija 1442 (14 juillet 2021), a déterminé le régime applicable à la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, à leur utilisation ainsi qu’au contrôle des activités qui leur sont liées en attendant l’ensemble des textes d’application. Le constat est le même, pour le Dahir n° 1-21-68 du 14 juillet 2021 portant promulgation de la loi n° 53-18 relative aux matières fertilisantes, leurs adjuvants et les supports de culture (MFSC).

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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