Maroc

Elections législatives : Les petits partis appellent à l’égalité des chances

La majorité des partis politiques n’arrive pas à percer dans les élections. Manque des ressources financières, accès inéquitable aux médias publics et seuil électoral…sont les obstacles relevés par certaines formations. Pour pallier ces contraintes, 12 partis politiques appellent à garantir à toutes les formations un accès juste et équitable aux prochaines échéances législatives.

De nombreux partis politiques peinent à percer sur le plan électoral. Sur les 35 partis que compte le Maroc, huit ont pu obtenir 91,12 % des voix dans les précédentes législatives. Et seulement 18 ont pu accéder au Parlement sur les 31 partis ayant participé à ces échéances. Pourquoi la majorité des formations peine-t-elle à convaincre les électeurs ? La principale raison avancée par les observateurs et les politiciens a trait aux moyens financiers. Le financement est, en effet, un facteur déterminant dans la réussite ou l’échec d’un parti politique, comme le souligne le politologue, Miloud Belcadi. Faute de moyens, ces partis ne parviennent pas à multiplier les actions de proximité auprès des citoyens . Le SG du Parti du renouveau et de l’équité (PRE) Chakir Achahbar tire à boulets rouges sur le système actuel du financement public qui «sert certains partis politiques au détriment d’autres, alors que la concurrence doit se faire sans le soutien de l’État ou en optant pour une répartition équitable des moyens financiers publics».

Plusieurs partis auraient espéré l’amendement de l’arsenal juridique électoral pour atteindre l’équité escomptée en matière de financement. Le seul changement qui aura lieu au cours des prochaines législatives consiste à octroyer la même avance aux partis politiques avant les élections législatives. Or, le problème ne se situe pas dans le financement électoral, mais plutôt dans le financement relatif à la gestion des partis politiques qui est conditionnée par le seuil électoral de 5%, de l’avis du chef de file du PRE. Il faut dire que huit partis politiques seulement se partagent plus de 80% du financement public. Bon nombre de formations survivent grâce au soutien forfaitaire de l’État qui ne dépasse pas 500.000 DH, alors que les premiers de la classe arrivent à bénéficier de montants beaucoup plus importants.

Zhor Chekafi, SG du Parti de la société démocratique,pointe du doigt cette injustice qui «pénalise plusieurs formations partisanes qui ne se battent pas à armes égales avec leurs concurrents et croulent sous les dettes». Le manque de ressources financières impacte la présence des petits partis politiques au niveau national. Leur participation aux élections reste limitée et ils n’arrivent pas à assurer une couverture large des circonscriptions électorales. Autre handicap, l’accès aux médias publics est conditionné par les résultats des anciennes élections. Pendant la campagne électorale, les partis politiques sont répartis en trois groupes : les formations ayant un groupe parlementaire dans l’une des deux Chambres, les partis représentés au Parlement, mais sans groupe et les partis non représentés au Parlement. Chacun des trois groupes bénéficie d’un temps d’antenne prédéfini pour intervenir sur les radios et à la télévision.

Lors des élections communales de 2015, les partis politiques non représentés au Parlement ont eu droit à neuf minutes chacun contre 26 minutes pour ceux ayant un groupe parlementaire. La «dominance» de certains partis dans les émissions télévisées de débat est vertement critiquée. Le président du parti des Néo-démocrates, Mohamed Darif appelle à revoir la répartition des temps d’antenne pour permettre aux partis politiques, même les plus jeunes, d’informer l’opinion publique de leurs idées et programmes estimant que les médias jouent un rôle important dans le renforcement de la notoriété des formations politiques auprès des électeurs. Par ailleurs, le seuil électoral figure en tête des priorités des petites formations politiques qui espèrent la suppression de ce dispositif au niveau tant des circonscriptions locales que de la circonscription nationale dédiée aux femmes et aux jeunes. Jusque-là, leur lobbying, au cours des concertations avec le ministre de l’Intérieur, a permis d’abaisser ce seuil de 6% à 3%. Mais, c’est encore insuffisant, de l’avis de plusieurs politiciens qui souhaitent que leur formation accède en cette année 2016 à l’institution législative.

Appel au Parlement
Un groupe de 12 partis politiques, qui s’est réuni dimanche dernier à Rabat, appelle les parlementaires à amender la loi organique relative à la Chambre des représentants et la loi organique portant sur les partis politiques surtout en ce qui concerne le seuil électoral. Ce groupe politique est composé des partis de l’Unité et la démocratie, la Réforme et le développement, la Société démocratique, du Renouveau et de l’équité, de la Choura et de l’Istiqlal, du Centre social, la Liberté et la justice sociale, la Renaissance et la vertu, du Parti démocrate national, du Parti Al Amal, Al Ahd Addimoqrati et les Néo-démocrates.



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