Maroc

Éducation. La tutelle manque de visibilité

Le diagnostic réalisé par le département de tutelle insiste sur la contractualisation avec les Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF). Plusieurs indicateurs du rapport de performance n’octroient pas la visibilité nécessaire pour la rectification des mesures prises.

Face à la pression du calendrier de la réforme, les données du rapport de performance du ministère de l’Éducation nationale ne semblent hélas pas être en mesure d’offrir une plus grande visibilité à l’action du gouvernement au cours des deux prochaines années. Les données recueillies auprès des divers intervenants au processus de la réforme mettent en effet en relief  plusieurs limites au cadre d’action du ministère, ce qui fait planer des risques sur l’aboutissement de plusieurs chantiers lancés dans le cadre de la Vision 2030. L’élargissement de l’offre, l’implication du privé, la gouvernance du système ainsi que l’épineuse question du manque de ressources humaines sont autant d’éléments analysés par le projet de rapport de performance de l’année 2018, qui passe aussi au crible le volet budgétaire du ministère. La programmation triennale adoptée indique que huit axes prioritaires devront accaparer l’attention du ministère. Il s’agit, par ordre d’importance, de l’adoption d’une démarche anticipative pour l’enregistrement des nouveaux élèves, la lutte contre l’encombrement des classes, la requalification des espaces pédagogiques, le matériel scolaire, l’élargissement de l’offre, le soutien social, l’amélioration des mesures visant la qualité de l’enseignement et, enfin, le renforcement de la gouvernance «pour garantir la réussite de cette année scolaire».

Ressources humaines, les inspecteurs mis en avant
Le projet de rapport de performance du département de l’Éducation nationale au titre de l’année 2018 fait ressortir que le pourcentage des instituteurs du primaire qui achèvent leurs séances est passé de 98,5% à 99,2% en 2018, en attendant que ce taux atteigne 99,6% en 2020. Cet indicateur est moins élevé pour les enseignants du lycée, avec un taux de 80,5% en 2018. Pour ce qui est des inspections, les statistiques du même document montrent que chaque inspecteur pédagogique encadre 188 enseignants en 2018. Les responsables du ministère s’attendent à ce que ce taux puisse s’améliorer en 2019 afin de pouvoir réduire la charge des inspecteurs qui devraient encadrer, l’année prochaine, 171 enseignants. «Cet indicateur dépend du nombre de postes budgétaires réservés aux inspecteurs», indique le rapport de performance, qui détaille l’impact de la donne budgétaire sur le rendement des inspecteurs ainsi que sur l’effectif qui sera formé après avoir passé le concours d’accès au centre de formation des inspecteurs pédagogiques.

Gouvernance, une base de données pour le suivi
Au total, 12 contrats-programmes seront conclus avec les AREF au cours de cette année 2018. Selon les détails apportés par le projet du rapport de performance, il est question de signer un contrat-programme entre le ministère et chaque académie, sachant que le nouveau découpage régional devra faciliter la contractualisation avec les AREF. L’autre indicateur clé en matière de gouvernance concerne «le projet d’établissement activé». Concernant l’année 2018, 50% des établissements disposent actuellement de ce document, en attendant que ce nombre s’améliore au cours des deux prochaines années pour atteindre plus de 70% des établissements en 2020. Le rapport de performance insiste sur le fait que le projet d’établissement est un outil de prospection visant l’amélioration du contenu de la formation, qui «est préparé dans un cadre participatif en fonction du diagnostic et des priorités». Ce document est préparé au niveau de chaque établissement et devra être approuvé par la direction provinciale du ministère ainsi que par les AREF. Le projet de rapport met aussi en avant le fait qu’une base de données sera préparée dans l’objectif d’assurer le suivi des données relatives à chaque projet arrêté.

Élargissement de l’offre éducative
La contribution de l’enseignement privé au cycle du préscolaire s’élève à 35% en 2018, au moment où les prévisions pour les deux prochaines années attestent de la hausse de la demande, avec 39% attendus en 2019. Les chiffres du rapport de performance montrent que le nombre global des élèves inscrits au privé a atteint plus de 726.000 élèves en 2017 pour le primaire, 155.000 pour le cycle collégial et 89.000 pour le cycle lycéen. L’offre de l’enseignement privé pour le cycle primaire devra quant à elle être renforcée pour atteindre 19,8% en 2019. Le rapport rappelle également que le total des élèves du primaire du public et du privé devra passer à 3.468.258 enfants scolarisés en 2019. «Cet indicateur dépend des données démographiques de la catégorie d’âge scolarisée fournies par le HCP», souligne le rapport. Le principal obstacle relevé par les responsables au sein du ministère réside «dans l’absence de visibilité sur le taux du déficit des ressources humaines, que ce soit les fonctionnaires ou les instituteurs», précise le commentaire du ministère sur ce segment. Pour faire face à la problématique de l’encombrement, les AREF ont recruté 11.000 enseignants par contrat en 2016, «ce qui a permis d’améliorer ce taux à 94%, de même que le nombre des fonctionnaires ayant été recrutés selon des modalités contractuelles a atteint 24.000 personnes en 2017, chose qui témoigne des efforts consentis par l’État pour résoudre la problématique de l’encombrement des classes et pour remplacer les fonctionnaires aujourd’hui retraités, précise le rapport. Au titre de l’année 2018, le nombre prévisionnel d’enseignants recrutés par contrat devrait atteindre les 20.000.

Promouvoir l’égalité des chances entre le rural et l’urbain
Le diagnostic réalisé met en avant le soutien d’ordre social (internats, transport, opération «1 million de cartables»). «Cet indicateur ne livre pas une vision précise sur le rendement des élèves qui bénéficient des programmes de soutien social», déplorent les rédacteurs du rapport, qui insistent sur le fait que les mesures prises devront réduire le taux d’abandon scolaire dans le monde rural. Plusieurs statistiques ont été données par le rapport à propos des bénéficiaires des programmes de soutien. Elles concernent essentiellement le transport scolaire avec plus de 182.000 élèves, tandis que le nombre des bénéficiaires du programme Tayssir a dépassé les 736.000. «Cet indicateur demeure important dans la mesure où l’important taux d’abandon scolaire reflète l’existence de problèmes d’efficience du système éducatif, et permet de mieux cibler les niveaux scolaires concernés», indique le rapport. Le taux de réussite pour l’obtention du certificat d’enseignement primaire a atteint près de 87% en 2018, mais il «cache les disparités entre les régions, de même qu’il ne donne aucune idée claire sur les élèves qui ont obtenu ce certificat après avoir redoublé l’année», précise l’évaluation du ministère. 


Le système de suivi de l’enseignement supérieur renforcé

Le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique veut fédérer le HCP et les universités autour de la mission d’évaluation au cours de cette rentrée. La nouvelle convention de partenariat tripartite qui devrait être appliquée s’assigne comme objectif «la production d’un état des lieux objectif du système éducatif, en s’appuyant sur des données et des informations fiables et actualisées». Celle-ci «permettra de ce fait d’aider à la prise de décisions à même de promouvoir l’école marocaine et de la préparer aux défis relatifs au nouveau projet de développement», selon le document signé par les trois instances. Cette convention vise aussi «la création d’un observatoire de suivi et d’évaluation de l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur, la mise en place d’un réseau d’experts, ainsi que l’organisation conjointe d’activités scientifiques et académiques».


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