Discours royal: mobilisation générale autour de l’eau et l’investissement
Dans son discours prononcé à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, le Roi Mohammed VI a mis le cap sur deux sujets prioritaires : l’eau et l’investissement. Le Souverain a tracé quatre principales orientations à suivre pour la gestion de la problématique de l’eau, et, pour l’investissement, il a annoncé qu’un montant de 550 MMDH sera alloué au «Pacte National pour l’Investissement» qui vise la création de 500.000 emplois, au cours de la période 2022-2026.
Hausse du thermomètre, absence de précipitations, sécheresse sévère, niveau critique de remplissage des barrages et surexploitation de la nappe phréatique…Le Maroc est confrontée à sa pire situation hydrique depuis plus de trois décennies. C’est la raison pour laquelle la gestion des ressources hydriques a été déjà érigée en priorité nationale, comme en témoigne le discours prononcé, vendredi dernier, au Parlement par le Roi Mohammed VI à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 2e année législative de la 11e législature. Lors de ce rendez-vous annuel, qui offre l’opportunité d’aborder les grandes questions nationales, et notamment celles qui revêtent un caractère prioritaire, le Souverain a mis l’accent sur deux sujets importants. Outre la question de l’investissement, le Roi a mis le cap sur la problématique de l’eau et ses défis urgents et futurs. «L’état actuel des ressources hydriques nous interpelle tous, gouvernement, institutions et citoyens. Il exige de nous, un devoir de vérité et de responsabilité, dans notre action pour remédier aux faiblesses et aux carences qu’elle révèle», a fait savoir le Souverain lors de son discours devant les représentants du peuple. Avant d’ajouter que «le Maroc se trouve désormais en une situation de stress hydrique structurel et la seule construction d’équipements hydrauliques, si indispensable et importante soit-elle, ne suffit pas à régler tous les problèmes», indique-t-il. Il va sans dire que parallèlement à la politique royale de construction de barrages, le Maroc a déjà fait appel à d’autres ressources non conventionnelles. Il s’agit essentiellement du dessalement de l’eau de mer et de la réutilisation des eaux usées pour faire face à la succession des années de sécheresse et au déficit hydrique qui réduisent sensiblement le niveau des nappes phréatiques et les réserves en eau des barrages qui sont à peine remplis en moyenne de 37% selon la situation journalière des principaux grands barrages du Royaume arrêtée le 14 octobre 2022.
Accélérer la réalisation du Programme national prioritaire
Face à cette situation, «Nous appelons donc à un traitement diligent de la problématique de l’eau, dans toutes ses dimensions, et notamment à une rupture avec toutes les formes de gaspillage ou d’exploitation anarchique et irresponsable de cette ressource vitale», a insisté le Roi dans son discours. Mettant l’accent sur les mesures d’anticipation, dès le mois de février dernier, dans le cadre du Plan de lutte contre les effets de la sécheresse, visant à garantir la disponibilité de l’eau potable, à soutenir les agriculteurs, à préserver le bétail, le Souverain a rappelé que la problématique de l’eau revêt toujours une importance capitale, sous tous ses aspects.
«Le problème de l’eau ne doit pas servir de prétexte à la surenchère politique, ni d’argument pour alimenter des tensions sociales. Il nous incombe, à nous tous, en tant que Marocains, de redoubler d’efforts pour faire un usage responsable et rationnel de l’eau», a fait savoir le Roi Mohammed VI. Mettant l’accent sur les séances de travail consacrées à l’examen de la problématique de l’eau qui ont abouti à l’élaboration du Programme national prioritaire de l’Eau 2022-2027, le Roi a aussi appelé à un changement véritable de comportement dans le rapport à l’eau.
Dans ce sens, les administrations et les services publics se doivent de donner l’exemple selon le Souverain. «Il faut également assurer une gestion optimale de la demande, en concomitance avec les réalisations en cours, en matière de mobilisation des ressources hydriques», précise le Roi. Actuellement, plus de 50 nouveaux ouvrages de grande ou moyenne tailles ont été érigés, selon le discours royal, alors que 20 autres sont en cours de réalisation. «Indépendamment de la pluviométrie qui marquera les années à venir, Nous nous attachons à accélérer la réalisation du Programme national prioritaire de l’Eau 2022-2027 dont les projets sont répartis à l’échelle de tout le Royaume», explique le Souverain qui a cité l’achèvement de la construction des barrages programmés, la mise en place d’interconnexions hydrauliques et la réalisation de stations de dessalement d’eau de mer. A cela s’ajoute l’affermissement de l’orientation visant à assurer l’économie de l’eau, notamment en matière d’irrigation.
Renforcer la politique de l’eau
Parallèlement, le Roi Mohammed VI a mis l’accent sur la nécessité, à moyen terme, de renforcer la politique de l’eau et de rattraper le retard dans ce domaine. «Le devoir de responsabilité impose désormais des choix durables et intégrés, ainsi que davantage de solidarité et d’efficacité et ce, dans le cadre du nouveau Plan national de l’eau (PNE) dont Nous appelons de nos vœux la mise en œuvre diligente», a souligné le Souverain.
Dans ce contexte, le Roi a tracé les principales orientations à suivre. Il s’agit tout d’abord de lancer des initiatives et des projets plus ambitieux, par le recours aux innovations et technologies nouvelles, dans le domaine de l’économie de l’eau et de la réutilisation des eaux usées. Il est question aussi d’accorder une attention particulière à une exploitation rationnelle des eaux souterraines et à la préservation des nappes phréatiques, en mettant fin au phénomène de pompage illégal et au creusement de puits anarchiques.
Parmi les orientations figure aussi la nécessité de garder à l’esprit que la question de l’eau n’est pas l’affaire exclusive d’une politique sectorielle isolée, mais qu’elle constitue une préoccupation commune à de nombreux secteurs. Pour le Souverain, «il en résulte que les stratégies sectorielles doivent être constamment mises à jour en fonction de la pression exercée sur les ressources en eau ainsi que sur leur évolution future». Par ailleurs, le Roi a appelé à prendre en compte le coût réel de l’eau à chaque étape de la mobilisation de cette ressource, de considérer ce que cela implique en termes de transparence et de sensibilisation aux différents aspects de ce coût.
Lever les obstacles entravant l’investissement
Outre la question de l’eau, le Roi a accordé un intérêt particulier, dans le cadre du second axe, à l’investissement. En abordant l’importance de la nouvelle Charte nationale de l’investissement, le Roi a exprimé son souhait que cette loi donnera une impulsion tangible à l’attractivité du Maroc pour les investissements privés, tant nationaux qu’étrangers. «Nous misons sur l’investissement productif en tant que levier essentiel pour la relance de l’économie nationale et l’ancrage du Maroc dans les secteurs prometteurs», a souligné le Souverain.
Aussi, il convient de lever, selon le Roi, les obstacles qui continuent d’entraver une relance effective de l’investissement national, sur tous les plans. «Les Centres régionaux d’investissement (CRI) sont donc appelés à superviser l’intégralité du processus d’investissement et à en accroître l’efficience ; ils sont également chargés d’assurer de meilleurs services d’accompagnement et d’encadrement au profit des porteurs de projets, jusqu’à leur concrétisation finale», insiste-t-il.
Pour cela, les CRI doivent bénéficier, selon le Souverain, de l’appui de l’ensemble des parties prenantes, tant au niveau central que territorial. S’agissant du climat des affaires, les réformes structurelles engagées ont permis d’améliorer l’image et la performance du Maroc dans ce domaine. Cependant, malgré les résultats obtenus, «il reste beaucoup à accomplir pour libérer les énergies, tirer le meilleur parti des potentialités nationales, encourager l’initiative privée, drainer davantage d’investissements étrangers», indique le Roi Mohammed VI.
550 MMDH pour le «Pacte National pour l’Investissement»
A cet effet, le Roi a mis l’accent à nouveau sur la nécessité de la mise en œuvre effective de la Charte de déconcentration administrative, la simplification et la digitalisation des procédures, la facilitation de l’accès au foncier et aux énergies vertes, l’appui financier aux porteurs de projets, en plus de la consolidation des règles de la concurrence loyale et mise en œuvre effective des mécanismes de médiation et d’arbitrage pour le règlement des litiges. «L’investissement étant l’affaire de toutes les institutions et de tous les acteurs du secteur privé, Nous soulignons que chacun doit rester mobilisé et afficher une attitude responsable à l’effet de promouvoir ce secteur vital pour l’essor de notre pays», souligne le Roi.
L’objectif stratégique recherché est que le secteur privé occupe la place qui lui échoit dans le domaine de l’investissement, celle d’une force motrice effective de l’économie nationale. Par ailleurs, il convient que les entreprises marocaines et leurs organisations nationales, régionales et sectorielles assument, selon le Souverain, leur fonction de catalyseurs de l’investissement et de l’entrepreneuriat.
De son côté, le secteur bancaire et financier national se doit aussi, selon le discours royal, de soutenir et financer la nouvelle génération d’entrepreneurs et d’investisseurs, notamment les jeunes ainsi que les petites et moyennes entreprises. En rappelant l’attention particulière qui doit être portée aux investissements et aux initiatives des membres de la communauté marocaine résidant à l’étranger, le Roi a souligné que «Nous avons exhorté le gouvernement, en partenariat avec les secteurs privé et bancaire, à traduire leurs engagements respectifs dans un Pacte National pour l’Investissement». Ce dispositif vise à mobiliser 550 MMDH d’investissements et à créer 500.000 emplois, au cours de la période 2022-2026.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO