Maroc

Dialogue social : consensus sur l’augmentation générale des salaires et la réforme des retraites ?

Entamé le 22 avril, le dialogue social entre gouvernement, syndicats et patronat entre dans une phase décisive. À la veille du 1er mai, les négociations s’intensifient pour trouver un accord sur les dossiers brûlants, notamment une éventuelle augmentation générale des salaires.

Sur la table du gouvernement, se bousculent nombre de doléances de l’Union marocaine du travail (UMT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Confédération démocratique du travail (CDT). Ce nouveau round du dialogue social, le triumvirat syndical souhaite le boucler avec des propositions concrètes.

En tête de leurs revendications, une nouvelle augmentation générale des salaires. Pour les trois centrales syndicales, cette hausse est plus que jamais une nécessité pour préserver le pouvoir d’achat des consommateurs, dans ce contexte de flambée des prix des produits alimentaires.

Revaloriser les pensions des retraités
Pour l’heure, cette revalorisation ne concerne que les fonctionnaires dont le SMIG passera à 4.500 dirhams à partir du 1er juillet prochain, d’après le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Mustapha Baitas. Soit une progression conséquente de 50% en quatre ans.

Par ailleurs, la rémunération moyenne mensuelle nette passera de 8.237 DH en 2021 à 10.100 DH à l’horizon 2026. Bien évidemment, ces hausses, décidées par le gouvernement dans le cadre du dialogue social, nécessiteront d’importantes dépenses. Leur coût est estimé à 45,7 milliards de dirhams (MMDH) en 2026 et à 46,7 MMDH en 2027, selon la même source, précisant que cette enveloppe budgétaire “exceptionnelle” profitera à 1.127.842 fonctionnaires. L’autre revendication phare, c’est la réforme des retraites.

Sur ce point, l’UMT a appelé l’État à revaloriser les pensions des retraités, qui, selon elle, sont restées figées depuis des années. Elle a exprimé ses réserves sur l’âge de départ à la retraite, et souhaite que cette mesure soit “optionnelle”, en tenant compte de la pénibilité de certains métiers. Le syndicat a aussi rejeté toute hausse des cotisations ou diminution des pensions.

Hausse des allocations familiales pour tous les enfants
À en croire la centrale syndicale, la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion de certains fonds constituent les principaux problèmes des caisses de retraite. D’où sa proposition de relancer le Comité national des régimes de retraites, composé de membres du gouvernement, d’employeurs, de syndicats et de directeurs de caisses de retraite.

Sur la liste des doléances soumises par le syndicat dirigé par Miloud Moukharik, figure aussi la hausse des allocations familiales pour tous les enfants sans distinction, pour atteindre 500 dirhams par enfant. Une revalorisation qui soulagerait les parents dont une bonne partie des dépenses sont consacrées aux frais de scolarité et aux soins.

Ouverture de dialogues spécifiques par catégories professionnelles
Par ailleurs, l’UMT appelle le gouvernement à ouvrir des dialogues spécifiques, particulièrement pour les administrateurs, les techniciens, les ingénieurs et les fonctionnaires en situation de handicap, afin de garantir l’égalité salariale et administrative. Elle l’invite aussi à satisfaire les revendications les plus urgentes, notamment sur le statut des fonctionnaires des collectivités territoriales, de l’enseignement supérieur et des inspecteurs du travail.

Du côté de la CDT, un chapelet de revendications a également été égrené. Le syndicat a surtout insisté sur la poursuite de la mise en œuvre des engagements définis dans les accords précédents entre l’État et les syndicats, notamment ceux ayant trait à la revalorisation du SMIG et du SMAG.

La centrale demande aussi la publication des statuts des secteurs ayant déjà abouti à des accords finaux et l’accélération des négociations de ceux en cours. Il s’agit, notamment, des statuts des agents de l’enseignement supérieur, des collectivités territoriales ainsi que du ministère de l’Équipement et du Transport.

La création d’une fondation des œuvres sociales en faveur des fonctionnaires et agents des administrations publiques fait aussi partie des revendications.

Renforcer les libertés syndicales
À l’instar de l’UMT et de la CDT, l’UGTM a également transmis ses recommandations à l’Exécutif. Elle l’invite ainsi à accélérer le projet de loi sur les syndicats, attendu depuis longtemps. Les trois syndicats ont réitéré leur souhait du respect des libertés syndicales, à travers la protection des représentants des travailleurs contre le licenciement, la réintégration de tout salarié licencié pour des raisons syndicales et l’abrogation de l’article 288 du Code pénal.

La fin de toutes les formes de pression contre l’action syndicale, aussi bien dans le privé que dans les établissements publics, la création d’un mécanisme centralisé de suivi et de traitement des plaintes syndicales et leur aboutissement, figurent aussi parmi leurs doléances. Reste à connaître les points sur lesquels gouvernement et syndicats trouveront un consensus à l’issue de ce round de négociations.

Principaux accords signés lors du précédent round social

Lors du round social d’avril 2024, le gouvernement, les syndicats et le patronat avaient paraphé un accord sur plusieurs points, dont, notamment, la hausse de 5% du SMIG en janvier 2025 et de 5% en janvier 2026, ainsi que l’augmentation du SMAG de 5% en avril 2025 et de 5% en avril 2026.

L’augmentation générale de 1.000 dirhams pour les salaires de la fonction publique, à l’exception des catégories ayant déjà bénéficié de hausses dans le cadre d’un dialogue sectoriel (éducation et santé), a aussi été actée. Il était prévu une hausse de 500 DH en juillet 2024 et de 500 DH en juillet 2025.

Concernant l’impôt sur le revenu (IR), une baisse d’un point (37% au lieu de 38%) pour la tranche supérieure et l’exonération générale des salaires inférieurs à 6.000 DH avaient été décidées. Des accords ont également été trouvés pour ce qui est de la loi sur la grève, adoptée ultérieurement par le Parlement, ainsi que pour la réforme de la formation continue et celle du Code du travail.

Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO



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