Maroc

Dessalement d’eau de mer : le Maroc multiplie les stations et accélère les partenariats public-privé

L’ambition affichée par le Royaume, en application de la politique de dessalement prônée par le Roi Mohammed VI, est de mobiliser plus de 1,3 milliard de m³/an d’ici 2030. Plusieurs projets de grande envergure, en mode PPP, sont actuellement en instance de lancement. 

À l’instar de la politique visionnaire du Roi Mohammed VI en matière de développement des énergies renouvelables, le Maroc est en train d’asseoir un nouveau modèle en matière de dessalement de l’eau de mer. L’ambition affichée par le Royaume est de mobiliser plus de 1,3 milliard de m³/an d’ici 2030 tout en assurant la sécurité hydrique nationale, notamment en matière d’eau potable et d’irrigation. Pour rappel, la dotation d’eau par habitant est passée de 2.560 m³/personne/an en 1960 à moins de 600 m³ actuellement. La politique de dessalement a permis, jusqu’à présent, d’atteindre une capacité globale de 179 millions m³/an grâce à la réalisation de 12 stations, auxquelles s’ajoutent quelque 37 millions de m³ issus du dessalement des eaux saumâtres. En plus de celles qui sont planifiées dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027, ce volet sera consolidé par le lancement de nouvelles stations, conformément aux orientations royales.

Stations de grande envergure en mode PPP: le Grand Agadir ouvre le bal
Ce n’est donc pas un hasard si les premières unités de dessalement et de déminéralisation ont été lancées dans les provinces du Sud, notamment à Boujdour où la première unité a été réalisée en 1976 par l’ONEE-Branche Eau, c’est-à-dire aussitôt après leur retour à la mère Patrie, en 1975. Par la suite, le portefeuille d’unités a été enrichi à travers la réalisation d’autres petites et moyennes stations, à la fois de dessalement de l’eau de mer et de déminéralisation des eaux saumâtres dont, entre autres, celles de Laâyoune, Tan-Tan, Tarfaya, El Hoceima et bien d’autres, avec la programmation de l’extension des capacités de nouvelles unités. Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, de nouvelle stations de dessalement ont été lancées en vue de diversifier les sources d’approvisionnement, et ce, en recourant à la contractualisation mutualisée et aux concessions de gestion déléguée à la base des Partenariats public-privé ( PPP) pour la réalisation d’unités de grande dimension.

À cet égard, c’est l’unité mutualisée de dessalement de l’eau de mer, destinée à l’approvisionnement de la province de Chtouka-Aït Baha, aux environs d’Agadir, qui a ouvert le bal au développement de cette nouvelle génération de stations. D’un coût global de 4,48 MMDH, ce projet de PPP, déjà opérationnel, a nécessité 2,35 MMDH pour l’eau d’irrigation et 2,05 MMDH pour l’eau potable. La station offre une capacité initiale de 275.000 m³/jour à raison d’un débit de 125.000 m³/jour pour les besoins en eau d’irrigation et 150.000 m³/jour pour l’eau potable du Grand Agadir. Quant au contrat de PPP pour la conception, la construction, le financement, l’exploitation et la maintenance de ces stations, il porte sur une durée de 30 ans.

Safi-El Jadida : 85 millions de m³ durant la période 2023-2025
Parmi les stations qui seront bientôt opérationnelles, figure le projet mutualisé de dessalement de l’eau de mer au profit des régies de Safi et d’El Jadida. Il a été lancé dans le cadre du plan d’urgence de production d’eau potable par dessalement pour ces zones et pour subvenir aux besoins industriels de l’OCP. Ce plan permettra de produire 85 Mm³/an au cours de la période 2023-2025 et dans une deuxième étape, 110 Mm³/an à partir de 2026. Il se base sur un mémorandum d’entente et un contrat de concession signé entre l’État et l’OCP. Au titre de la production d’eau potable, le plan d’urgence vise à assurer en 2023 (au prorata des mois de production effective), l’équivalent de 10 Mm³/an pour la régie de Safi et 30 Mm³/an pour la régie d’EL Jadida. Pour les années 2024 et 2025, le volume ciblé est de 15 Mm³/an pour la régie de Safi et 32Mm³/an pour celle d’El Jadida. Cette quantité sera portée, à partir de 2026, à 30 Mm³/an pour la régie de Safi et 45 Mm³/an pour la régie d’El Jadida. Concernant la production d’eau à usage industriel, le plan vise à assurer, à terme, la mobilisation de 35 Mm³/an d’eau dessalée traitée, chaque année. Les régies bénéficieront ainsi, à partir de 2026, de 75 Mm³/an d’eau dessalée/an pour les besoins des services publics et 35 Mm³/an seront alloués à l’usage industriel de l’OCP. L’eau de mer sera traité au sein de quatre unités de dessalement, dont deux sont situées dans le site industriel de Jorf Lasfar et deux autres à Safi.

Casablanca, Nador, Dakhla et bien d’autres suivront
Ce portefeuille sera enrichi ultérieurement par de nouvelles unités, plus grandes. Parmi elles, le mégaprojet de la station de dessalement d’eau de mer de Casablanca d’une capacité de 200 Mm³/an, extensible à 300 Mm³/an en faveur d’une population estimée à environ 6,7 millions d’habitants en 2020. Cette station sera réalisée en deux phases. La première, qui porte sur 548.000 m³/j, soit 200 Mm³/an, sera mise en service en juin 2026 alors que la seconde phase, de 274.000 m³/j (100 Mm³/an), sera exécutée à partir de 2030. Le projet consiste à concevoir, financer, réaliser et exploiter -pendant une durée de 30 ans -, une station d’une capacité de 548.000 m³ par jour d’eau traitée, extensible à 822.000 m³, y compris les travaux maritimes de prise d’eau de mer et de rejet ainsi que son alimentation électrique essentiellement par de l’énergie renouvelable. L’aire concernée par le projet est répartie en trois zones géographiques, à savoir le Grand Casablanca, Berrechid-Settat et El Jadida-Azemmour.

Par ailleurs, d’autres projets de stations de dessalement sont actuellement en phase d’études ou de lancement des travaux, notamment la grande station de Nador en faveur de la région de l’Oriental. D’une capacité de 100 Mm³ extensible à 200 Mm³, elle est destinée à la fois à l’eau potable et l’irrigation. S’y ajoute celle de Dakhla, d’un coût global de 2 MMDH, qui entrera en production début 2025. D’une capacité de production de 90.000 à 100.000 m³ par jour, cette station sera alimentée en énergie par un parc éolien d’une capacité optimale de 40 mégawatts (MW). Elle permettra la création d’un périmètre irrigué de 5.000 ha. De surcroît, les études spécifiques et détaillées de mise en place de deux autres projets de dessalement de l’eau de mer – qui s’ajouteront à celle de Tiznit-Sidi Ifni, notamment dans les zones de Guelmim et Essaouira -, ont déjà été confiées par l’ONEE-Branche eau. La capacité de la future station de Guelmim est d’environ 35 Mm³/an et celle d’Essaouira de près de 53 Mm³/an.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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