Des doigts en or

Fervent défenseur du caftan, Abdelhanine Raouh donne une touche résolument moderne et sophistiqué, il vient de s’attaquer à une collection de robes de soirée qui a su sublimer le tapis rouge du FIFM. Coulisses du beau.
Que ce soit de la mousseline, de la soie, de la dentelle, Abdelhanine Raouh a ce don de travailler la matière fluide comme personne. Précis, méticuleux, presque trop perfectionniste, le jeune créateur rend la tâche plus difficile à ceux qui désirent le copier. La finition est parfaite, il a le sens du détail, il pense aux formes d’abord, à l’affût de l’original. «Quand j’ai démarré en 2007, ma particularité, c’était de travailler les matières fluides. Les détails de la recherche, on œuvre dans la découpe, la recherche de formes. Quand je vais commencer une nouvelle collection, je ne vais pas prendre la même base et la broder de différentes manières, au contraire. On va faire de la recherche de chaque buste, chaque manche, chaque bas», confie le créateur marocain lauréat du Collège Lassale, qui a su très tôt qu’il voulait faire sa vie dans la mode.
Après un bac scientifique, il arrive à convaincre sa famille qu’il souhaite vivre de sa passion. «La mode a toujours fait partie de ma vie, j’ai toujours su que je voulais en faire mon métier, depuis tout petit. D’ailleurs, j’aurais voulu arrêter mes études plus tôt pour m’adonner à ma passion, mais je viens d’une famille où les études sont importantes, où il fallait être scientifique», confie celui qui a commencé par hasard sa carrière en 2007, lors d’un défilé de présélection du concours Caftan. Il est pris parmi une quinzaine de candidats et devient un talent confirmé de Caftan 2008 par la suite.
Le début d’une carrière florissante. «Pour moi, un atelier est un laboratoire. Je teste plein de choses pendant l’année, j’ai plein de portants. J’aime les créateurs qui sont dans la complexité du travail. Je peux créer et réaliser les modèles. Je fais les patronages de tout ce que je fais parce que j’aime toucher la matière, aller jusqu’au bout de ma création», confie le créateur surdoué qui continue de pousser ses limites, de se surpasser. Celui qui n’aime pas la surcharge, les tissus rigides qui emprisonnent le corps de la femme selon lui, inaugure sa collection de robes de soirée avec une création splendide présentée sur le tapis rouge de la dernière édition du FIFM. Une robe portée par l’actrice Sonia Okacha, tout droit sortie d’un rêve où il réinvente la structure, propose des volumes invraisemblables et une asymétrie parfaite. Un modèle féerique proposé par cet architecte du vêtement qui rassure sur sa nouvelle collection automne hiver 2016. Talent à suivre…