Démutualisation de la Bourse : Quel premier bilan ?
46% des 661 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm trouvent le bilan de la démutualisation de la Bourse positif. Au contraire, 54% des sondés en ligne trouvent ce bilan négatif.
Après plusieurs essais, en juin 2016, le processus de démutualisation de la Bourse de Casablanca entamé en 2015 a été clôturé. Désormais, le capital de la Bourse est détenu à 39% par les banques, à 25% par la CDG, à 20% par les sociétés de bourse indépendantes, à 11% par les compagnies d’assurance et à 5% par le CFC. Aussi, un nouveau Conseil d’administration a été mis en place et est désormais présidé par Hamid Tawfiki, le DG de CDG Capital.
Le Conseil d’administration de la Bourse de Casablanca est composé actuellement de 10 administrateurs (3 représentants des banques principales et 1 siège pour le reste des banques, 2 sièges pour les sociétés de bourse, 1 pour les assurances, 1 au CFC et 2 à la CDG) et il est prévu que 2 administrateurs indépendants rejoignent le conseil. Cette démutualisation s’est inscrite au cœur d’un projet global pour la Bourse de Casablanca à l’image de l’implémentation effective le 1er août 2016 d’une nouvelle plateforme technologique. Il en est de même pour le programme Élite qui a atteint une 3e cohorte avec un total de 35 entreprises. Ainsi, la nouvelle plateforme technologique: Millennium, développée par Millennium IT, filiale technologique de LSEG, permet d’élargir la palette de produits (ex : ETF ou OPCI) et d’adopter des règles de marché calquées sur les standards internationaux. Son coût est estimé à un peu plus de 200 MDH, selon les données bilantielles de la Bourse.
Par ailleurs, théoriquement, une fois la démutualisation achevée, une seconde étape est prévue. Il s’agit de l’ouverture à un opérateur stratégique pour une part comprise entre 15% et 20% ainsi qu’une cotation en Bourse. L’OPV potentielle qui porterait sur 20% du capital pourrait être concomitante à la cession de la participation à un partenaire stratégique. Enfin, pour le côté positif, comme un porte-bonheur, la démutualisation a coïncidé en 2016 avec une hausse des cours et une performance du MASI de 30,5% ainsi qu’un volume d’échange de 73 MMDH, en hausse de 40,4%. Quant à ceux qui trouvent le bilan négatif, ils associent probablement la société de Bourse dont le métier est la gestion de l’infrastructure technologique permettant la cotation des titres sur le marché des actions qui compte d’autres acteurs comme les banques d’affaires ou les institutionnels. En effet, la cote ne compte toujours que 75 sociétés cotées quant la Bourse de Tunis est déjà à 81 émetteurs cotés. Aussi, la réintégration du MSCI Emerging Markets n’est toujours pas à l’ordre du jour, le Maroc pesant même deux fois moins que le Koweït ou l’Argentine dans le Frontier Markets. Aussi, le nombre de petits porteurs demeure insuffisant car d’après les derniers chiffres disponibles, au niveau du marché des actions, le nombre de petits porteurs est légèrement supérieur à 105.000 investisseurs. À titre d’illustration, la France compte plus de 3 millions de petits porteurs.
Enfin, certains regrettent probablement l’absence de représentativité des petits porteurs et des gérants d’actifs. Ces catégories d’investisseurs auraient pu être associées d’une manière ou d’une autre à la gouvernance de la Bourse démutualisée.
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ÉCO : Est-il trop tôt pour juger le bilan de la démutualisation ?
Farid Mezouar : Oui et non car d’un côté, sur une année il est difficile d’avoir déjà des résultats tangibles. Aussi, la société gestionnaire de la Bourse de Casablanca n’est qu’une pierre de l’édifice du marché des actions qui compte une panoplie d’intervenants comme les investisseurs, les intermédiaires, le régulateur et les pouvoirs publics. Toutefois, la démutualisation peut déjà être analysée à la lumière des premières décisions prises et à la stratégie annoncée.
Est-ce qu’une OPV de la Bourse est intéressante pour les investisseurs ?
Tout à fait car le business model est intéressant avec la technologie comme outil de production ainsi que le marketing comme levier de développement. De même, c’est un procédé alternatif pour profiter de la reprise des marchés d’actions vu que la hausse des volumes d’échange stimule celle des bénéfices de la Bourse. Il en est de même pour l’augmentation des volumes d’OPV ou de levées de fonds. Enfin, c’est un moyen pour les petits porteurs d’assister aux AG et de participer à la gouvernance de la Bourse.