Défense : une réforme pour blinder l’industrie militaire
Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 s’affiche comme une pierre angulaire des ambitions stratégiques du Maroc, en particulier dans le domaine de la défense. Parmi les mesures phares, l’exonération fiscale accordée aux entreprises opérant dans l’industrie militaire ouvre la voie à un développement accéléré de ce secteur clé. Selon Abderrahmane Mekkaoui, spécialiste des questions stratégiques et militaires, cette réforme incarne la vision royale d’un Maroc souverain sur les plans militaire et économique.
Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 propose des mesures audacieuses pour répondre aux ambitions stratégiques du Maroc, notamment dans le secteur de la défense. L’une des annonces majeures est l’exonération fiscale pour les entreprises opérant dans cette industrie, un levier destiné à structurer un écosystème industriel robuste et souverain.
Pour Abderrahmane Mekkaoui, spécialiste des questions stratégiques et militaires, cette mesure «est un signal fort envoyé aux entreprises marocaines et internationales, les encourageant à investir dans ce secteur hautement stratégique».
Grâce à ces incitations, le Royaume s’attend à une modernisation rapide de ses capacités industrielles. Le Maroc a franchi un premier palier en 1922, en atteignant l’autosuffisance dans la production de munitions et d’armes légères.
Cependant, comme le souligne Mekkaoui, «les ambitions vont bien au-delà, il s’agit désormais de fabriquer des équipements plus sophistiqués, en partenariat avec des entreprises internationales prêtes à transférer leurs technologies».
Il s’agit, selon l’expert, d’équipements tels que les drones, les missiles balistiques et les pièces pour chars de combat comme l’Abraham. Ces développements s’inscrivent dans une stratégie de diversification des partenariats, incluant l’achat de brevets et la collaboration avec des géants internationaux tels que Tata Advanced Systems pour la production de véhicules blindés.
Attirer les investisseurs étrangers
Avec ses nouvelles dispositions, le Maroc renforce son attractivité pour les grands acteurs industriels mondiaux. Des entreprises américaines, coréennes, japonaises et chinoises ont déjà entamé des discussions pour s’implanter dans des villes stratégiques comme Casablanca, Tanger et Agadir, où des zones industrielles dédiées à la défense ont récemment été créées. Ces zones joueront un rôle clé dans ce processus, favorisant une synergie entre industriels marocains et partenaires étrangers, souligne l’expert.
De plus, «la possibilité d’importer des matières premières sans droits de douane et de réexporter sans taxes constitue un avantage concurrentiel indéniable», affirme Abderrahmane Mekkaoui. Les projets futurs incluent la production de pièces de rechange pour chars, la construction de canons de gros calibre et même des innovations dans le domaine spatial.
Pour Mekkaoui, ces développements nécessitent des investissements importants et un cadre législatif attractif, à l’image des mesures inscrites dans le PLF 2025. Cette dynamique marque une étape cruciale dans la quête d’autonomie militaire du Maroc. Mekkaoui rappelle que le pays a déjà atteint une «dissuasion militaire notable», grâce à une armée bien formée et équipée d’armes modernes et performantes. Néanmoins, le Royaume rivalise désormais avec des nations européennes comme l’Espagne ou l’Italie en termes de capacités technologiques et stratégiques.
«La mise à niveau de l’Armée royale marocaine, voulue par Sa Majesté le Roi, chef suprême des Forces armées royales, est en cours. Elle s’inscrit dans une perspective de partenariat stratégique avec des puissances comme l’OTAN», souligne l’expert.
Une économie gagnante
L’impact de cette révolution industrielle dépasse largement le cadre militaire. «Ce secteur pourrait absorber une grande partie des jeunes diplômés marocains, en particulier ceux formés dans les services militaires», explique notre expert. La réexportation des produits fabriqués au Maroc, permise par la législation nationale, offre par ailleurs des opportunités considérables sur les marchés internationaux. Cependant, le potentiel économique reste à quantifier précisément.
«Dans les dix premières années, le Maroc pourrait se positionner comme un acteur majeur, à l’image de pays comme l’Égypte ou le Brésil», anticipe Mekkaoui.
Avec cette réforme ambitieuse, le Maroc se positionne comme un futur leader régional dans l’industrie de défense. La combinaison d’incitations fiscales, d’investissements stratégiques et de collaborations internationales prépare le terrain pour une révolution industrielle et militaire. En redéfinissant son modèle, le Royaume affirme sa souveraineté et son rôle dans un monde en pleine mutation.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO