Maroc

De la COP22 à la COP23 : Les acteurs non étatiques au cœur de l’action

Trois mois après la tenue de la COP22, le Maroc se mobilise pour donner une voix aux différentes parties constituantes de la société civile en matière de suivi de la concrétisation des engagements pris de part et d’autre. Pour la première fois, les acteurs non étatiques vont participer activement à la mise en œuvre de l’accord de Paris.

La réunion organisée, hier à Rabat, par le comité de pilotage de la COP22 avec les représentants des acteurs non-étatiques accrédités par le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies pour les changements climatiques (CCNUCC), s’inscrit dans le cadre de la concrétisation des engagements de Marrakech où a été instauré, pour la première fois, un système de partenariat avec la société civile.

Il a en effet été décidé de mettre en place un système d’observation pour accompagner aussi bien l’agenda de l’action que les négociations. Généralement, les représentants de la société civile assistent aux négociations climatiques mais n’interviennent pas. L’expérience a démontré que leurs actions de lobbying sur les États avaient fini par donner leurs fruits, en matière de climat. À Paris, les représentants de la société civile ont, rappelons-le, pesé dans les débats. À Marrakech, où ils ont été présents en force, ils n’ont pas relâché la pression. Les acteurs non étatiques devront dorénavant jouer un rôle important dans la mise en œuvre de l’accord de Paris.

Ces acteurs sont composés de plusieurs réseaux accrédités: le monde de l’entreprise, les organisations environnementales, les administrations locales et autorités municipales, les peuples autochtones, les instituts de recherche et universités, les organisations syndicales, les associations œuvrant dans le domaine du genre, celles des jeunes et les organisations agricoles. Leur mission est de la plus haute importance dans la lutte contre les effets des changements climatiques. 80% des décisions concernant le climat se prennent au nivrterritoires, souligne la ministre de l’Environnement et championne de haut niveau du Maroc pour le climat, Hakima El Haité. Ce ne sont pas les gouvernements qui mettent en œuvre les mesures ayant trait au climat et à l’environnement mais plutôt la société civile, les élus, le secteur privé, l’industrie… Aussi, les acteurs non étatiques vont-ils, pour la première fois, participer activement à la mise en œuvre de l’accord de Paris.

À quelques mois de la tenue du prochain sommet climatique, la présidence marocaine, en étroite collaboration avec la présidente montante de la COP23 des îles Fidji, entend explorer les moyens de mettre en œuvre le partenariat avec toutes les composantes de la société civile en vue d’accélérer le rythme de mise en œuvre de l’accord de Paris. Pour renforcer davantage l’action de la société civile, il s’avère nécessaire de promouvoir le réseautage afin que les ONG -notamment africaines- puissent faire entendre leur voix dans le cadre de réseaux internationaux. Il s’agit aussi de la territorialisation de l’action pour l’environnement à travers l’implication des collectivités territoriales qui sont appelées à agir en partenariat avec les associations pour relever les défis des changements climatiques qui s’accélèrent à cause notamment de l’urbanisation rapide dans les pays en développement. 


Hakima El Haité
Ministre de l’Environnement et championne de haut niveau du Maroc pour le climat

Les Inspirations ÉCO : Quelles sont les priorités de la présidence marocaine de la COP pour 2017 ?
Hakima El Haité : Comme la COP de Marrakech a été portée sous la bannière de l’action, la première priorité est de pouvoir garantir davantage d’actions. Pour atteindre cet objectif, deux aspects sont importants: préparer des dossiers de financement pour les pays vulnérables (le renforcement des capacités et l’accompagnement de ces pays) et apporter des financements pour donner vie aux projets. La deuxième priorité est de pousser les grandes coalitions mondiales qui animent des initiatives à travers les pays du Nord à avoir des engagements concrets de réduction de gaz à effet de serre. Nous voulons mettre en place les outils pour vérifier que les engagements formulés à Marrakech soient respectés. Ce sont deux grandes priorités. Par ailleurs, tout l’arsenal en relation avec les négociations doit être déployé. Les priorités de cet arsenal n’ont pas changé. La COP22 s’est fixé les priorités de la transparence sur les Nationally Determined Contributions (NDC), le financement de la lutte contre les risques naturels… Marrakech a créé une nouvelle dynamique qui contraint les États à respecter l’accord de Paris. À titre d’exemple, la Chine a montré des ambitions qu’on ne lui connaissait pas à cause de la pression de la société civile. Dans les villes chinoises les plus polluées, les citoyens sortent avec des masques. Ce pays perd 4.000 personnes par jour. À cause de la pression, la société civile a pu inverser toute une tendance de politiques publiques, passant des énergies fossiles au renouvelable et à des pratiques plus propres. La Chine nous étonne aujourd’hui. Elle ambitionne d’aller vers le développement durable.

Quelles sont vos principales attentes de la COP23 ?
La COP23 est un tremplin vers 2018, année durant laquelle nous devrons rendre des comptes à la communauté internationale. La COP23 est une étape de mi-parcours qui devrait nous permettre de savoir où nous en sommes par rapport aux questions les plus importantes: la finance, la place de l’adaptation, le partenariat de Marrakech, l’action climatique. C’est un point d’évaluation et d’impulsion qui permet d’aller vers 2018 avec des résultats plus concrets qu’auparavant.

Pourquoi avez-vous opté pour ce timing, concernant la tenue de la réunion avec la société civile ?
Les derniers mois, nous avons mené plusieurs consultations avec toutes les parties. Nous avons dressé la feuille de route avec le champion pour le climat des îles Fidji. En gros, il s’agit de quatorze consultations avec 75 des coalitions les plus renommées du monde. Des voyages de consultation ont eu lieu en Afrique et en Europe. Le terrain a été préparé pour pouvoir recevoir les différentes parties constituantes. 


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