Maroc

Cueillette des pommes : une récolte pleine de promesses, malgré les défis

Les agriculteurs de la région de Fès-Meknès s’activent à cueillir et à stocker leurs productions de pommes, espérant obtenir des prix plus élevés dans les mois à venir. Les chutes de grêle ont toutefois impacté la récolte, obligeant parfois certains à vendre leurs produits à seulement trois dirhams le kilogramme. 

La campagne de récolte des pommes dans la région de Fès-Meknès prend son envol, marquant le début d’une période intense d’activité agricole dans cette partie du pays. Cette culture occupe actuellement un total de près de 50.000 ha, les deux tiers étant situés dans les régions de Draâ-Tafilalet et Fès-Meknès. Malgré le manque de pluie qui a préoccupé de nombreux agriculteurs, l’optimisme règne désormais quant à la qualité de la récolte.

Les agriculteurs de la région estiment que la production de pommes est nettement meilleure cette année que celle de l’année précédente. Ils s’activent pour cueillir les précieux fruits qu’ils disposent soigneusement dans des caisses spécialement conçues à cet effet.

Celles-ci sont ensuite acheminées vers des entrepôts frigorifiques, où elles seront stockées jusqu’à leur commercialisation. Hatim, propriétaire d’une exploitation à El Hajeb, explique que «cette étape permet à l’agriculteur d’éviter de vendre ses produits en pleine saison, lorsque l’offre est abondante sur le marché et que les prix sont généralement plus bas. Elle lui offre ainsi l’opportunité de valoriser sa récolte en espérant obtenir un prix plus élevé dans les prochaines mois».

Des pommes à prix cassés
Actuellement, le prix de vente en gros dans les exploitations agricoles varie entre 4,5 et 7 DH/kg selon les variétés. Pour la plupart des agriculteurs interrogés, cette hausse s’explique principalement par l’augmentation considérable des coûts de production.

En effet, la flambée du coût des intrants agricoles et la hausse des prix des carburants ont un impact significatif sur les dépenses des agriculteurs. Les chutes de grêle ont également marqué de leur empreinte la récolte cette année, affectant une bonne partie des cultures des provinces d’El Hajeb, Ifrane, Sefrou et Boulemane.

En effet, les agriculteurs ont dû faire face aux conséquences dévastatrices de ces tempêtes de grêle, qui ont endommagé de nombreuses exploitations, réduisant leur qualité et leur valeur marchande. Selon les agriculteurs, cette récolte impactée, n’ayant pu être conditionnée, a été mise en vente sur les exploitations agricoles à des prix ne dépassant pas trois dirhams/kilo, ce qui constitue un défi financier important pour les producteurs.

Une production estimée à 18 t/ha
Dans la province de Sefrou, la filière de production de pommes occupe une place prépondérante, représentant plus de 45% de la superficie consacrée aux rosacées. Avec une moyenne de production de 18 tonnes par hectare, la province de Sefrou se classe au deuxième rang en termes de capacité de production de pommes, juste derrière celle d’Ifrane, où la production peut même dépasser les 30 t/ha. Une prospérité qui stimule également l’emploi saisonnier.

En effet, environ 70% de la main-d’œuvre saisonnière est mobilisée pendant la période de récolte, ce qui équivaut à près de 50.000 journées de travail. De plus, la province de Sefrou se distingue par sa diversité en matière de variétés de pommes, avec plus de 14 types différents, allant des variétés précoces récoltées dès le mois de septembre aux tardives qui s’étendent jusqu’en novembre. Cette diversité contribue à la vitalité de l’industrie fruitière dans la région et à la satisfaction des demandes du marché tout au long de l’année.

L’INRA sensibilise sur les ravageurs des pommiers

Pour optimiser la récolte de cette année, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a mené une campagne de sensibilisation au profit des agriculteurs contre les ravageurs nuisibles aux pommes et aux poires, en réalisant une analyse détaillée des menaces.

L’étude de l’INRA révèle que la culture de ces fruits est confrontée à de nombreuses maladies et ravageurs, nécessitant environ 25 traitements chimiques dans les vergers. Le carpocapse, en particulier, représente une menace majeure, nécessitant près de 12 traitements par saison en moyenne. Une seule piqûre de cet insecte peut rendre les fruits impropres à la commercialisation. Malgré les efforts pour lutter contre le carpocapse, les dégâts continuent d’augmenter en raison de facteurs génétiques et enzymatiques.

Dans ce cadre, l’INRA souligne l’importance d’adopter une approche réfléchie pour la lutte contre les ravageurs, notamment en ce qui concerne le timing des interventions et l’utilisation adéquate des traitements. Cette sensibilisation vise à améliorer la qualité et la rentabilité de la production de pommes tout en réduisant la dépendance aux pesticides.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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