Croissance : une reprise contrastée selon les régions
Les perspectives de croissance des différentes régions du Royaume resteront tributaires, en 2022, de la diversification du tissu productif régional, de son insertion dans les chaînes de valeur, ainsi que du degré de dépendance de chaque région par rapport aux secteurs impactés par les effets négatifs de la pandémie.
Avec le retour progressif de la confiance des opérateurs et l’optimisme qui est toujours de mise quant à une saison agricole satisfaisante, les perspectives de croissance s’annoncent plutôt favorables, notamment pour certaines régions. Même si l’impact économique de la crise sanitaire a été ressenti à des degrés divers, la reprise est bel et bien là, mais de manière différenciée, selon le cas. Selon les indicateurs qui se dégagent du diagnostic remis aux parlementaires, à l’occasion de l’examen du PLF 2022, ce sont les Régions de Laâyoune-Sakia El Hamra, Guelmim-Oued Noun, Drâa-Tafilalet et Rabat-Salé-Kenitra qui affichent les signes de reprise les plus tangibles, augurant d’un taux de croissance qui devrait se situer entre 6% et 8%.
Pour leur part, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Souss-Massa et Marrakech-Safi devraient encore souffrir des conséquences du ralentissement de leurs activités. Cinq autres régions affichent, quant à elles, une forte résilience susceptible de leur permettre de se relever progressivement des impacts de la pandémie, avec une croissance qui ne devrait, cependant, pas dépasser les 2%. Il s’agit, en l’occurrence, de Casablanca-Settat, l’Oriental, Béni Mellal-Khénifra, Dakhla-Oued Eddahab et Fès-Meknès. À souligner que le taux de croissance devrait s’établir, en 2021, à 6,4% pour la région de Drâa-Tafilalet. Une baisse de 2,3% risque d’être enregistrée, cette année, par la Région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima. «Cette baisse est due, principalement, au secteur des industries mécaniques, métallurgiques et électriques (-2 points), aux hôtels et restaurants (-1,8 point) ainsi qu’au commerce et transport (-1,1%)», selon le constat dressé par le gouvernement.
Pour rappel, des signes encourageants ont été constatés pour la Région Casablanca-Settat, dont la valeur ajoutée, en 2021, devrait croître de 2,7% par rapport à son niveau d’avant pandémie. Ce résultat serait attribuable, en premier lieu, aux industries alimentaires et tabac, à l’administration publique, à l’immobilier et aux services rendus aux entreprises, selon la même source. Laquelle ajoute que «la dynamique de la Région ralentirait du fait du comportement de plusieurs secteurs qui peinent à retrouver leur niveau d’avant la crise sanitaire ». Sont particulièrement concernés, dans ce cadre, les secteurs mécaniques, électriques et métallurgiques ainsi que celui du transport.
Quel impact de l’effort budgétaire
Le PLF 2022 prévoit d’injecter près de 6,7 MMDH dans la lutte contre les inégalités spatiales et territoriales. En effet, la poursuite de ce programme figure parmi les mesures prioritaires qui seront activées en 2022, après que la pandémie ait ralenti, de manière significative, la cadence de réalisation des projets dans la majorité des régions. Des données remises aux parlementaires, il ressort que la contribution des Conseils régionaux devrait dépasser 3,6 MMDH, alors que le Fonds de développement rural consacrera une dotation de l’ordre de 2,1 MMDH pour le parachèvement des projets en cours. À noter qu’à fin août 2021, le taux de réalisation des dépenses engagées dans le cadre du Programme de réduction des inégalités spatiales a atteint 72%, «en dépit du ralentissement significatif de mise en œuvre des projets, constaté durant les années 2020 et 2021», précise le plan d’action de l’Exécutif. Outre la mise à jour régulière des indicateurs relatifs aux projets achevés et ceux en cours, le renforcement de la coordination entre l’ensemble des intervenants et l’accélération de la cadence de réalisation des chantiers s’imposent, plus que jamais, en vue d’atteindre les objectifs définis par la feuille de route tracée à cet effet.
Les principales rubriques des finances régionales particulièrement scrutées
La tendance baissière des indicateurs névralgiques des comptes des collectivités territoriales inquiète à plus d’un titre, poussant vers un renforcement des modes d’accompagnement des conseils élus durant le prochain exercice budgétaire. À l’ordre du jour, figure en bonne place, l’élaboration des nouveaux outils d’évaluation des projets, en cours de déploiement, en vue de les adapter aux besoins des communes et des régions. Les principaux indicateurs, portant sur les budget des régions, montrent que les recettes ordinaires ont connu une forte baisse en 2020, de l’ordre de 9,3%, soit un total de 25,4 MMDH. Concernant les montants qui ont été transférés, ils ont également fléchi, avec une baisse de 6,8%, une part importante de la baisse ayant impacté les fonds gérés directement par les régions et les communes, avec -13,1%. À noter que les soldes bénéficiaires, qui sont enregistrés annuellement, ont été impactés à leur tour. Pour 2021, il est attendu que la baisse des dotations classées dans cette rubrique dépasse les 1,1 MMDH.
Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO