Crise hydrique : seuls 32,2% des barrages sont remplis
La situation hydrique préoccupante au Maroc s’aggrave davantage alors que les réserves d’eau des barrages du pays atteignent des niveaux alarmants. Avec un déficit pluviométrique important, les chiffres récents révèlent que seulement 32,2% de la capacité totale des barrages est actuellement remplie. Comparé à l’année précédente, ce taux a chuté de manière significative, passant de 33,8% à 32,2%.
Ces chiffres inquiétants soulignent l’urgence d’agir pour faire face à cette crise hydrique imminente. Le barrage Al Wahda, le plus grand du Maroc, est une exception parmi les autres barrages du pays qui se trouvent presque à sec. Avec un taux de remplissage de 56,4%, il affiche des réserves relativement plus élevées. Cependant, cette situation ne doit pas masquer la réalité critique des autres barrages.
Les principaux barrages à leurs niveaux le plus bas
Le barrage Al Massira, deuxième plus grand du pays, est le plus touché avec un taux de remplissage alarmant de seulement 3,7%. Comparativement à la même période l’année précédente (marqué par la sécheresse), ce taux était de 7,6%, ce qui témoigne de la gravité de la situation.
Ce barrage, d’une capacité de 2,657 milliards de mètres cubes, ne dispose actuellement que de 99,2 millions de mètres cubes, bien en deçà des 200,9 millions de mètres cubes de l’année précédente. Le barrage Bin El Ouidane, classé troisième en termes de taille, présente également une situation préoccupante avec un taux de remplissage de 18,8%. Bien qu’il ait connu une légère amélioration par rapport à l’année dernière, où le taux était de 12,8%, les réserves actuelles de ce barrage restent insuffisantes, atteignant seulement 228,4 millions de mètres cubes. Le barrage Idriss 1er, le quatrième plus grand du pays, connaît également une baisse alarmante de ses réserves d’eau.
Avec un taux de remplissage de 24,1%, les réserves sont à présent de 272,5 millions de mètres cubes, en baisse par rapport aux 529,5 millions de mètres cubes de l’année précédente. Cette diminution drastique des réserves d’eau met en péril l’approvisionnement en eau potable, l’irrigation agricole et d’autres activités essentielles qui dépendent de ces barrages.
Redressement du programme national 2027
Pour améliorer la gestion de la sécheresse, le Roi Mohammed VI a présidé, récemment, une séance de travail dédié à l’examen du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027. Afin d’accélérer et de renforcer ce programme, un investissement supplémentaire considérable de 143 milliards de dirhams lui a été alloué.
Cette augmentation budgétaire permettra de réaliser, le plus tôt possible, la phase urgente de l’interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia sur une distance de 67 km.
De plus, de nouveaux barrages seront programmés et les coûts de vingt barrages prévus seront actualisés. Ces initiatives augmenteront la capacité de stockage d’eau douce de 6,6 milliards de mètres cubes, accéléreront les projets de mobilisation des eaux non conventionnelles grâce à des stations de dessalement de l’eau de mer et renforceront les capacités de réutilisation des eaux usées traitées.
L’approvisionnement en eau potable des zones rurales sera également renforcé, avec une couverture élargie pour inclure davantage de douars, ainsi que des améliorations logistiques et humaines.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO