Maroc

Corruption : la Covid-19 a compliqué la donne

Le Maroc a perdu trois points sur l’Indice de perception de la corruption (IPC) depuis l’année dernière. Menée dans 180 pays et territoires, l’enquête révèle des risques importants de mauvaise gestion des fonds et de corruption et des atteintes graves à la liberté d’expression dans le pays.

Transparency International se sacrifie à la tradition en révélant, jeudi 28 janvier, son classement 2020 de l’Indice de perception de la corruption (IPC). Menée dans 180 pays et territoires selon leurs niveaux perçus de corruption dans le secteur public, sur la base d’appréciations d’experts et de chefs d’entreprise, l’enquête utilise une échelle de zéro à 100, où zéro correspond à un pays très corrompu et 100 à un pays très peu corrompu.

Un score de 40, en dessous de la moyenne mondiale
Comme les années précédentes, plus des deux-tiers des pays obtiennent un score inférieur à 50 sur l’IPC de cette année, avec un score moyen de 43 seulement. Toutefois, figurent dans ce classement des pays qui font preuve d’exemplarité en matière de lutte contre la corruption. C’est le cas du Danemark et de la Nouvelle-Zélande qui se placent en tête du dernier classement de Transparency International. Sans surprise, les meilleurs de la classe n’ont rien en commun avec l’élève Maroc, si on se fie à l’IPC. Avec un score de 40, plus petit que la moyenne mondiale (43), le Maroc a perdu trois points sur l’IPC depuis l’année dernière. Et pour cause, lors de la pandémie de Covid-19, le pays a imposé un état d’urgence qui a conduit à la restriction des mouvements et à la fermeture des frontières nationales. Une série de mesures qui a gravement contribué à la dégradation de la note du Royaume. «Bien que le gouvernement ait pris des mesures exceptionnelles en réponse à l’urgence sanitaire, notamment en matière de marchés publics, ces mesures ont manqué de contrôle et ont autorisé des exemptions spéciales pour lesquelles le gouvernement n’a pas été tenu de rendre des comptes», déplore l’organisme. Le rapport de Transparency ajoute que ces initiatives s’étendent à des domaines allant au-delà des soins de santé et présentent des risques importants de mauvaise gestion des fonds et de corruption. De nombreuses atteintes à la liberté d’expression et de la presse, poursuit Transparency dans son enquête, se sont également produites. Pour Transparency International, au Maroc, la corruption contribue au mauvais fonctionnement du système de santé et à l’absence de réponse efficace à la pandémie de Covid-19. Mais le Maroc n’est pas un cas isolé dans la région. Avec un score moyen de 39 pour la troisième année consécutive, la région Moyen-Orient et Afrique du Nord est toujours perçue comme très corrompue, et peu de progrès ont été réalisés dans la lutte contre la corruption, regrettent les enquêteurs mobilisés par Transparency International.

Émirats arabes unis et Qatar
Les Émirats arabes unis et le Qatar, eux, sortent du lot. Ces deux pays sont les plus performants de la région sur l’IPC, avec des scores de 71 et 63 respectivement, tandis que la Libye (17), le Yémen (15) et la Syrie (14) sont parmi les moins performants. «Dans toute la région, des années de corruption ont laissé des pays terriblement mal préparés pour faire face à la pandémie de la Covid-19. Les hôpitaux et les centres de santé n’avaient pas les ressources et l’organisation nécessaires pour répondre efficacement à la première vague de cas», constate-t-on. Sous-approvisionnement et manque de personnel…de nombreux prestataires de soins de santé sont tombés gravement malade, indiquent les enquêteurs. Selon eux, ces nombreuses lacunes ont grandement participé à l’effondrement de la confiance dans le secteur public , notamment «lorsqu’il est apparu qu’il n’existait pas de bons protocoles de gestion de crise et que les administrations publiques étaient trop épuisées pour se réorganiser rapidement et efficacement». Malgré les petits progrès réalisés par la société civile au cours de la dernière décennie en vue d’élaborer des lois plus solides et plus durables pour lutter contre la corruption et promouvoir la transparence, dit-t-on, la crise de la Covid-19 et les mesures d’urgence qui en ont résulté ont essentiellement annulé ces efforts. Ce qui a fait reculer la région de plusieurs années privant ainsi la population régionale de ses droits fondamentaux, notamment l’accès à l’eau potable, aux soins de santé, à l’électricité sans interruption, aux possibilités d’emploi et à une infrastructure adéquate. À l’avenir, certains des plus grands défis de la région, en particulier lors de la reprise post-Covid-19, sont des questions de transparence et d’accès équitable aux traitements et vaccins contre la Covid-19, insiste Transparency International.

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco


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