Conjoncture : voici pourquoi les Marocains ont souffert en 2020
Victimes des effets collatéraux de la crise sanitaire Covid-19, qui ont occasionné des arrêts de travail et des cessations d’activité synonymes de pertes d’emploi, plus de 59% des ménages ont enregistré une dégradation de leur niveau de vie en 2020. Pour plus de 75%, les produits alimentaires étaient même devenus onéreuses.
Dure, dure était l’année 2020 pour la majorité des Marocains ! Touchés de plein fouet par les effets collatéraux de la crise sanitaire Covid-19, qui ont notamment occasionné des arrêts de travail et des cessations d’activité, synonymes de pertes d’emploi, 59, 8% des ménages ont enregistré une dégradation de leur niveau de vie au cours des 12 derniers mois. Seuls 27% ont pu maintenir un même niveau et une infime partie, c’est-à-dire 3,2% enregistré une amélioration. En tout cas, cet indicateur témoigne de la grande souffrance dans laquelle la crise a plongé les ménages marocains l’année dernière.
Plus de 33% des ménages ont dû s’endetter pour survivre
Et semble-t-il, c’est allé crescendo de mal en pire, puisque plus on s’approchait de la fin de l’année plus cela se corsait. En effet, le solde d’opinion sur l’évolution passée du niveau de vie est resté négatif, à moins 46,6 points, contre moins 35,6 points au trimestre précédent et moins 20 points au même trimestre de l’année passée. C’est ce qui ressort de l’enquête permanente de conjoncture menée par le HCP auprès des ménages, au quatrième trimestre 2020. Une enquête menée dans un contexte où, l’indice de confiance des ménages (ICM) a également continué à se dégrader, en s’établissant à 61,2 points au lieu de 60,6 points le trimestre précédent et 77,8 points le même trimestre de l’année précédente. Leur pouvoir d’achat a été tellement affecté que 73,1% d’ente eux contre 11,8% considéraient que le moment (4e trimestre 2020) n’était pas opportun pour effectuer des achats de biens durables. Le solde d’opinion de cet indicateur s’est ainsi établi à – 61,2 points contre – 63,5 points le trimestre précédent et – 29,2 points le même trimestre de l’année 2019. De toute façon, ils n’en avaient pas les moyens. Au quatrième trimestre de 2020, 61,9% des ménages estimaient que leurs revenus couvraient à peine leurs dépenses. Pire, 33,6% d’entre eux ont déclaré devoir s’endetter ou puiser dans leur épargne pour faire face à leurs dépenses. Seule une infime proportion de 4,5% a affirmé être parvenue à épargner une partie de son revenu. Du coup, le solde d’opinion relatif à la situation financière des ménages est resté ainsi négatif au quatrième trimestre, à – 29,1 points contre – 31,5 points le trimestre précédent et – 26,4 points l’année précédente. Sur les 12 derniers mois, 46,6% contre 6,7% des ménages considéraient que leur situation financière s’est dégradée. Le solde d’opinion relatif à cet indicateur est resté également négatif et a atteint son niveau le plus bas depuis le début de l’enquête en 2008 avec – 39,9 points contre – 34 points au trimestre précèdent et – 22,1 points au même trimestre de l’année précédente.
Plus de 75% trouvaient que les produits alimentaires étaient onéreux
C’était tellement dur que 75,8% des ménages trouvaient que les prix des produits alimentaires ont augmenté au cours des 12 derniers mois contre une proportion minime des ménages (1,1%) qui ressentent leur diminution. Le solde d’opinion est de cet indicateur est en tout cas resté négatif, à – 74,7 points, après avoir été de -75,1 points le trimestre précédent et de – 85,1 points une année auparavant. Concernant les perspectives d’avenir, c’est-à-dire une projection sur les 12 mois de l’année 2021 qui démarre, c’est le pessimisme qui prévaut. En effet, 41,7% des ménages s’attendent à une dégradation de leur niveau de vie, contre 34% à un maintien au même niveau et 24,3% à une amélioration. Côté emploi, c’est également le pessimisme à outrance puisque 85% des ménages interrogés, contre 6,7% s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois. S’agissant de l’évolution de leur situation financière au cours des 12 prochains mois, 23,2%, contre 22,6% des ménages s’attendent à une amélioration de leur situation financière. La majorité s’attend à une hausse moins prononcée des produits alimentaires. En effet, selon 67,5% des ménages, les prix des produits alimentaires vont certainement continuer à augmenter, au cours des 12 prochains mois, contre 2,9% seulement qui s’attendent à leur baisse. Normal, leur pouvoir va continuer à être affecté. Du coup, seuls 17,1% contre 82,9% des ménages, pensent pouvoir épargner au cours des 12 prochains mois.
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco