Climat : le Maroc parmi les bons élèves, malgré sa vulnérabilité
La COP 29 à laquelle le Maroc prend part avec une délégation présidée par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, rappelle cette année que la problématique du changement climatique doit, plus que jamais, être considérée comme «l’ennemi public» numéro un. Le Royaume, qui dispose déjà de son Plan climat national à l’horizon 2030, prépare actuellement sa 5e communication nationale sur les changements climatiques ainsi que le 1er rapport biennal sur la transparence.
Dans de nombreux pays, les effets du changement climatique amputent le PIB de près de 5%, selon Simon Stiell, secrétaire exécutif de l’ONU climat lors du Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climatique de la COP 29, à Bakou en Azerbaïdjan.
Au total, sur plus de 50 pays touchés par la problématique du changement climatique au niveau mondial, 36 pays dont le Maroc se situent en Afrique. Le Royaume, qui a déjà accueilli la COP 22 à Marrakech, et dont les effets néfastes des perturbations climatiques sont devenus une réalité, est l’un des pays qui en subit de plein fouet les effets.
Ce qui accentue, d’année en année, sa vulnérabilité en raison de l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes. Et rien que pour le bilan partiel des catastrophes naturelles, notamment les inondations, les séismes, la sécheresse et les vagues de chaleur ayant eu lieu depuis plus d’un siècle, le Maroc a dressé un tableau alarmant, avec 14.413 décès recensés, plus d’un million de personnes affectées, et des dégâts matériels estimés à 14,144 MMDH. C’est la raison pour laquelle la COP 29, à laquelle le Maroc a pris part avec une délégation présidée par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, a insisté sur la problématique du changement climatique, un phénomène à considérer désormais comme l’ennemi public numéro un.
Au-delà du débat sur le principe du pollueur-payeur, guère appliqué par les pays industriels les plus pollueurs au dioxyde de carbone (CO2), la réponse à cette problématique passe forcément par le leitmotiv «Penser local et agir global». Ceci passe par les deux principaux volets de l’action climatique : l’atténuation et l’adaptation, d’où le débat sur l’engagement des pays au sujet de leurs plans nationaux en matière d’action climatique (CDN).
Changement climatique : le Maroc prépare sa 5e communication nationale
Le prochain cycle de plans d’action climatique nationaux doit intensifier considérablement cette action. Et bien que ces plans ne soient pas uniformes et qu’ils soient déterminés au niveau national, ils doivent tous respecter trois critères, notamment le fait de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C (déjà dépassé de février 2023 à janvier 2024).
Ils doivent aussi être ventilés par secteur et par gaz, et soutenus par des réglementations, des lois et des financements concrets afin de garantir la réalisation des objectifs et la mise en œuvre des plans. Le Maroc, qui dispose déjà d’un Plan climat national à l’horizon 2030, prépare sa 5e communication nationale sur les changements climatiques et le 1er rapport biennal sur la transparence.
Pour rappel, le Royaume, dans le cadre de ses engagements vis à vis de la convention-Cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) a déjà préparé et soumis quatre communications nationales, respectivement en 2001, 2010, 2016 et 2021, ainsi que trois Rapports biennaux actualisés (2016, 2019 et 2022).
Suite à l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris, et conformément aux modalités, procédures et lignes directrices, les parties doivent soumettre leur premier BTR et leur rapport d’inventaire national (si celui-ci est soumis séparément du BTR), au plus tard le 31 décembre 2024. Le projet «Cinquième communication nationale et Premier rapport biennal sur la transparence à la CCNUCC» vient répondre à ce besoin. Il appuie le Maroc dans l’élaboration d’un rapport combiné contenant la cinquième communication nationale et le premier rapport relatif à la transparence (CCN-RBT1) à la CCNUCC.
Les objectifs du Maroc revus à la hausse
De ce fait, le Maroc est l’un des pays respectant la préparation des communications nationales dans le cadre des obligations de la CCNUCC. Pour soutenir le processus de déclaration, le Royaume a également développé un système national institutionnalisé d’inventaire des GES qui dispose désormais d’un ensemble d’inventaires préparés conformément aux lignes directrices 2006 du GIEC (2004, 2006, 2008, 2010, 2012, 2014, 2016 et 2018).
Par ailleurs, le Maroc qui a ratifié, entre autres, l’Accord de Paris en 2016 a entamé en 2020 la révision de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN). Celle-ci a été présentée au secrétariat de la CCNUCC le 19 septembre 2016 et sa version révisée a été soumise le 22 juin 2021.
Dans le cadre de la déclinaison de la politique climatique au niveau territorial, sept régions ont été dotées de Plans climat régionaux (PCR) tout en capitalisant sur le processus de la régionalisation avancée. La CDN révisée du Maroc a augmenté ses objectifs conditionnels et inconditionnels de réduction des émissions dans la CDN révisée.
L’objectif inconditionnel est désormais fixé à 18,3% de réduction d’ici 2030 par rapport au statu quo, alors que l’objectif conditionnel a été porté à 45,5% de réduction d’ici 2030. La composante adaptation de la CDN a également été élargie avec davantage d’actions pour faire face aux risques climatiques alors que le pays a mis en place une plateforme en ligne de mesure, notification, vérification (MNV) dédiée au suivi de la mise en œuvre de la CDN.
Ces derniers doivent avoir un horizon temporel allant jusqu’à 2035, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Ils doivent détailler par ailleurs les priorités et les investissements en matière d’adaptation afin de protéger les secteurs essentiels, les infrastructures et les populations des effets du climat.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO