Campagne céréalière : la pluie de printemps boostera la production prévisionnelle
Bien que la production prévisionnelle au titre de la campagne agricole 2020-2021 ait été estimée, selon le ministère de l’Agriculture, à 98 millions de quintaux, ce chiffre pourrait repartir à la hausse en raison des pluies de printemps qui contribuent au remplissage des graines céréalières.
Comme attendu, la pluviométrie de cette année place la campagne céréalière 2020-2021 sous de bons auspices. En témoigne la production prévisionnelle annoncée ce vendredi par le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Après deux années de sécheresse consécutives ayant fortement impacté les rendements des céréales, la campagne agricole 2020-2021 des trois principales céréales, à savoir le blé tendre, le blé dur et l’orge, est actuellement estimée à 98 millions de quintaux (Mqx). Par espèce, la production céréalière prévisionnelle a atteint 48,2 Mqx de blé tendre, 23,4 Mqx de blé dur et 26 Mqx d’orge au titre de cette campagne 2020-20201. En comparaison avec la moyenne de ces cinq dernières années (63,3 Mqx), la hausse est estimée à 54,8%. En remontant à cette période de la campagne précédente, la production céréalière avait atteint 32 Mqx, et 52 Mqx pour la même période de 2018-2019. Pour leur part, les résultats définitifs des campagnes céréalières de 2017-2018 et 2016-2017, qualifiées de bonnes campagnes par le ministère, sont de, respectivement, 103 et 96 millions de quintaux. «Avec les pluies de printemps qui contribuent au remplissage des graines céréalières, surtout avec les récentes pluies de mars et avril, cette production prévisionnelle peut être dépassée», prévoit, non sans optimisme, Mohamed Alamouri, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et de développement rural (COMADER).
Une pluviométrie qui s’inscrit dans la durée
Cette campagne agricole a enregistré une pluviométrie de l’ordre de 291 mm au 29 avril, inférieure de 12% par rapport à la moyenne des 30 dernières années (332 mm) et dépassant de 32% la campagne précédente (221mm) à la même date. Dans le détail, les précipitations de la campagne en cours se sont aussi caractérisées par leur durée avec une bonne répartition spatiale. À cela s’ajoute une synchronicité avec les stades clés de développement des céréales, notamment le tallage, la montaison et remplissage. Cette campagne s’est également caractérisée par des températures relativement inférieures à celles de 2020. Selon le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, cette campagne se situe, en termes de performances, parmi les meilleures campagnes des dix dernières années dont la production a dépassé 95 Mqx. S’agissant du rendement prévisionnel, la campagne 2020-2021 a enregistré un rendement supérieur de 10% au rendement moyen des cinq meilleures campagnes céréalières (20,1 qx/ha) depuis 2008. Pour le couvert végétal, le suivi par satellite montre des profils de végétation similaires aux campagnes records dans les régions situées au nord d’Oum Errabia, notamment dans les régions de Doukkala, Chaouia, Gharb, Saiss, Zaër, Prérif… En revanche, dans les régions de l’Oriental et de Marrakech, la campagne reste normale avec des variations intra-régionales.
De bonnes perspectives pour les autres cultures
En dehors des céréales, les autres cultures affichent, selon le ministère de tutelle, un état favorable, notamment la betterave à sucre dont la récolte a déjà commencé. Même constat pour les agrumes et les oliviers en stade de floraison. Ils affichent de bonnes perspectives, mais restent tributaires de l’évolution des conditions météorologiques, particulièrement les températures du mois de mai et juin. Par ailleurs, grâce aux disponibilités fourragères sur parcours et à la bonne campagne céréalière en vue, la situation alimentaire du cheptel s’est nettement améliorée depuis le début de la campagne, annonçant une reprise du secteur de l’élevage après deux campagnes de sécheresse. Toujours selon le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, la valeur ajoutée agricole prévisionnelle pourrait atteindre 130 MMDH au titre de l’année 2021, soit une croissance de 18,2%. Cette prévision confirme la résilience du secteur agricole, surtout avec le Plan Maroc vert, malgré les problématiques structurelles liées à la sécheresse et à la pénurie d’eau dans certaines régions. De ce fait, après deux campagnes sèches et le contexte de pandémie de Covid-19, le secteur agricole devrait connaître, selon le ministère, une croissance significative par rapport à 2020, absorbant ainsi les baisses successives de 2019 et 2020 et réalisant une croissance additionnelle. Sur le plan économique, le PIB agricole, indicateur clé et synthétique des résultats du PMV, a permis une meilleure contribution à la croissance économique et la modernisation de l’agriculture.
PIB agricole : 125,4 MMDH en 2018
Le PIB agricole a connu une augmentation de près de 93%, passant de 65 MMDH en 2007 à 125,4 MMDH en 2018, avec un taux de croissance annuel moyen de l’ordre de 5,25%. Cette évolution a été 2,5 fois plus rapide comparativement à la décennie antérieure au PMV (1997-2007), qui n’était que de +2,5% en moyenne annuelle. Avec une valeur ajoutée agricole additionnelle moyenne de 47 MMDH, le Plan Maroc vert a ainsi contribué à hauteur de 17,3% à la croissance économique nationale contre 7% durant la période 1998-2008. Une situation qui a aussi permis le renforcement de l’intégration de l’agriculture marocaine au marché mondial et une amélioration de sa compétitivité à travers une amélioration de la valeur des exportations agricoles qui a augmenté de 139% entre 2008 et 2018, pour atteindre 36 MMDH en 2018. Ceci a contribué d’une part à l’amélioration du taux de couverture des importations par les exportations agricoles et à la réduction du déficit commercial agricole de près de 31%, passant de -25,2 MMDH en 2008 à -17,4 MMDH en 2018.
Amélioration alimentaire moyenne par habitant
Une situation qui a aussi permis l’amélioration de la sécurité alimentaire grâce aux efforts en matière de promotion des investissements dans le secteur agricole, de l’amélioration de la productivité et de l’offre agricole et de la consolidation des revenus des agriculteurs, et ce, à travers une amélioration de la disponibilité alimentaire moyenne par habitant entre 2008 et 2018 pour les principaux produits alimentaires. Il s’agit d’une évolution de 16% pour les céréales, de 18% pour les fruits et légumes, 31% pour les viandes rouges, 43% pour les viandes blanches et 23% pour le lait. En ce qui concerne le taux de couverture des besoins nationaux pour les principaux produits alimentaires entre 2008 et 2018, cet indice s’élève à 65% pour les céréales, 47% pour le sucre, 99% pour le lait, les viandes rouges et les viandes blanches et 100% pour les fruits et légumes. À cela s’ajoute une stabilité relative des prix des denrées alimentaires au Maroc, malgré l’augmentation des prix sur le marché mondial.
Yassine Saber / Les Inspirations Éco