Maroc
Campagne agricole 2022-2023 : une récolte moyenne pour les céréales
La campagne agricole 2022-2023 devrait se solder sur une production prévisionnelle des principales céréales de 55,1 millions de quintaux (qx). Une récolte moyenne en raison d’un cumul pluviométrique de 207 mm, en baisse de 36% par rapport à une année normale (322mm) et en même temps en hausse de 13% par rapport à la campagne précédente (184 mm).
Meilleure que la précédente, la campagne agricole 2022-2023 devrait se solder sur une production prévisionnelle des principales céréales de 55,1 millions de quintaux (q), soit une hausse de 62% par rapport à la campagne 2021-2022. Toutefois, ce chiffre est à relativiser puisque la production définitive des céréales principales au titre de la campagne agricole 2021-2022 a enregistré 34 millions de quintaux (Mq).
Selon le ministère de l’agriculture, cette production est issue d’une superficie semée en céréales principales de 3,67 millions d’hectares contre 3,57 millions hectares en 2021/22, soit une hausse de 2,8% en comparaison avec la précédente campagne malmenée par la très faible pluviométrie et la sécheresse avec une baisse de 67% par rapport à la campagne de 2020-2019 qui a enregistrée une performance de 103,2 Mq. Par espèce, cette production prévue de 55,1 Mq englobe d’une part la production du blé tendre s’établira à 29,8 Mq.
D’autre part, le blé dur atteindra 11,8 millions de quintaux alors que celle de l’orge est estimée à 13,5 millions de quintaux. Il va sans dire que quatre régions participent à hauteur de 82,9% de la production nationale, notamment, Fès-Meknès (27,1%), Rabat-Salé-Kénitra (26,5%), Casablanca-Settat (16,9%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (12,4%).
Des conditions climatiques défavorables
En termes de conditions climatiques, l’actuelle campagne agricole, a enregistré au 27 avril 2023, un cumul pluviométrique de 207 mm, en baisse de 36% par rapport à une année normale (322 mm), mais en hausse de 13% par rapport à la campagne précédente (184 mm) à la même date.
Dans le détail, le début de la campagne a été caractérisé par des conditions climatiques défavorables avec un retard des premières pluies en plus d’un déficit hydrique notable et une répartition spatio-temporelle inadéquate, en particulier depuis le mois de septembre jusqu’à la 1ère décade du mois de novembre 2022, ce qui a retardé l’installation des cultures d’automne et impacté négativement l’état des parcours.
Aussi, les pluies ont été concentrées sur la période de la deuxième décade de novembre 2022 à fin février 2023 avec de faibles précipitations en mars et début avril sur certaines régions. De ce fait, la campagne actuelle se caractérise également par des températures instables, avec des minima bas en février et mars et au-dessus des niveaux de la campagne précédente à partir du mois d’avril.
33% de remplissage des barrages
Quant au taux de remplissage des barrages au 27 avril, il est de 33%, contre 31% à la même période de la campagne précédente. La retenue totale nationale à usage agricole a atteint près de 4,48 milliards de m3 contre 4,26 milliards la campagne précédente à la même période. En dehors des régions du Gharb et du Loukkos où l’irrigation continue normalement, les autres grands périmètres ont subi les restrictions, voire l’arrêt de l’irrigation à partir des barrages dédiés à cette opération.
En effet, de grands barrages affichent de faibles taux de remplissage notamment dans les régions du Haouz et Tadla. La campagne agricole s’inscrit par ailleurs dans une séquence climatique de 5 années difficiles marquées par la succession des années sèches.
Selon la tutelle, il s’agit de 4 années sur les 5 dernières années. Quant à la production prévisionnelle des principales espèces arboricoles, elle est en hausse, après avoir connu une baisse en 2022, sous l’effet des conditions climatiques défavorables. En effet, les conditions favorables, relativement meilleures que celles ayant prévalu en 2022, ont permis une bonne floraison annonçant un retour prévisible à la normale des productions agrumicoles et oléicoles. Les conditions climatiques exceptionnellement favorables au sud de l’Atlas annoncent également une campagne dattier en hausse par rapport à l’année dernière.
Les prix de la pomme de terre toujours en hausse
Pour sa part, la production maraîchère du printemps a permis un redressement du marché des principaux légumes, à savoir la tomate, l’oignon et la pomme de terre. La production de primeurs en cours a permis aussi d’approvisionner le marché national et de répondre à la demande à l’export avec une régulation du marché des tomates. Les basses températures de février et mars ont perturbé les récoltes et induit des hausses des prix par période. Selon le ministère, à l’exception de la pomme de terre, les prix des oignons verts et des tomates sont en baisse et se situent à des niveaux normaux. Quant à l’installation des cultures maraichères de printemps, le programme se déroule normalement selon la même source. Il est à noter que l’inflation qui a rattrapé le secteur agricole a beaucoup impacté les coûts de production avec une hausse notable des intrants agricoles particulièrement ceux importés tels que les engrais azotés et les produits phytosanitaires.
Le secteur laitier se redresse
Après une succession d’années sèches, la campagne 2022-2023 se caractérise par un couvert végétal correct des parcours particulièrement dans le sud, Timahdit et les zones de montagne. De ce fait, le secteur de l’élevage s’est nettement amélioré par rapport à 2022, suite à l’amélioration des conditions climatiques et la mise en œuvre du programme de réduction de l’impact du déficit pluviométrique lancé en mars 2022.
Ce programme porte sur la distribution de l’orge subventionnée et d’aliments composés subventionnés au profit des éleveurs, ainsi que l’appui à l’abreuvement du cheptel à travers l’aménagement et l’équipement de points d’eau. De plus, les mesures prises en matière de suspension des droits de douane et de la TVA ont permis de contenir l’augmentation des prix des viandes. Le secteur laitier a connu un net redressement pour enclencher son retour à l’équilibre. Quant aux préparatifs d’Aid Al Adha, l’identification des cheptels ovins et caprins destiné au sacrifice à l’occasion de l’Aïd Al Adha a atteint 2,25 millions de tête actuellement, soit 33% de l’objectif de l’effectif destiné à cette occasion.
Le nombre d’unités potentielles d’engraissement et de préparation des ovins et des caprins pour l’Aid est d’environ 214.000 unités. Quant à la situation sanitaire du cheptel, elle est satisfaisante selon le ministère. Un suivi sanitaire régulier est assuré actuellement par les services de l’ONSSA et des vétérinaires privés mandatés par l’ONSSA.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO