Boycott de l’AMO. Les cliniques privées mettent leurs menaces en stand by
Les cliniques privées reportent leur décision d’arrêter de prendre en charge les assurés de l’AMO. Le secteur libéral veut réviser à la hausse les tarifs des soins.
Anas Doukkali, ministre de la Santé, a réussi à désamorcer la crise avec les cliniques privées. Suite à une réunion tenue avec l’Association nationale des cliniques privées (ANCP) et des représentants de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), le 6 mars dernier, les propriétaires des cliniques ont décidé de reporter leur décision d’arrêter de prendre en charge les personnes couvertes par l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Auparavant, l’ANCP avait menacé de recourir à cette mesure à partir du mois de mars. «Cette décision est due à la non-révision des Conventions tarifaires (CT). Une situation qui fait subir aux citoyens assurés le coût de la prise en charge médicale à hauteur de 57%», explique l’ANCP, dans un communiqué conjoint signé avec le Collège syndical national des médecins spécialistes, le Collège syndical des médecins généralistes du secteur privé et le Syndicat national des médecins du secteur privé. La décision des cliniques et du secteur de la médecine libérale devrait permettre de reprendre les négociations avec le ministère et l’ANAM sur les CT, gelées depuis 2009.
Les cliniques veulent «une carte vitale»
«Notre décision de report fait suite aux promesses du ministre de revoir les CT rapidement pour permettre un meilleur accès aux soins pour les assurés», déclare Redouane Semlali, président de l’ANCP lors de ce point de presse tenu à Casablanca. L’absence de révision des CT et le manque de transparence du système facturation de certaines structures de soins privées contribuent à la multiplication de zones d’ombre dans la relation clinique-patient. L’ANCP souhaite rompre cette spirale. «Le secteur libéral et les cliniques sont malheureusement traités des pires insultes. Or, les personnes à blâmer sont les responsables publics chargés de réviser les CT. Ces instances devront assurer les remboursements adéquats à leurs adhérents», se défend Semlali qui renvoie la balle aux caisses d’assurance maladies, notamment la CNOPS qui, selon l’ANCP, bloquerait la conclusion de nouvelles CT. L’ANCP propose de mettre fin à toute relation financière avec les patients et passer par le système du tiers payant. «Les patients pourront bénéficier d’une «carte vitale» leur permettant un accès à l’ensemble des soins sans avoir à débourser de l’argent et ainsi mettre fin à toute relation de nature financière avec nos patients. Le remboursement pourrait se faire auprès des caisses d’assurance via un système informatisé, clair et transparent. C’est la manière qui nous permettra de mettre fin au sentiment d’injustice du citoyen qui se trouve à payer de sa poche les frais de soins», propose le président de l’ANCP.
Les Conventions tarifaires : Mode d’emploi
Pour assurer une gestion transparente de l’AMO, des conventions ont été signées en 2006 avec les biologistes privés, médecins dentistes privés, médecins généralistes et spécialistes, établissements de soins privés, secteur à but non lucratif (fondations et Croissant Rouge), les CHU et les pharmaciens d’officine. Ces conventions fixent les tarifs des prestations et les modalités de remboursement. Ces accords sont venus à échéance en 2009. Faute de consensus, ils n’ont pas été renouvelés. Actuellement, la consultation du généraliste est facturée par l’AMO à 80 DH et le spécialiste à 150 DH.