Maroc

Audiovisuel. La HACA répond aux plaintes des citoyens

Le verdict de l’instance chargée du contrôle du respect du cahier des charges des deux chaînes publiques a appelé à trouver des canaux pour faire entendre les attentes du public quant aux feuilletons télévisés. Plusieurs lignes rouges ont été tracées par le gendarme du secteur audiovisuel pour le contenu des programmes diffusés.

La gestion des plaintes émanant des citoyens a dominé les activités de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), qui a reçu durant le mois de mai dernier 80 plaintes émanant de personnes physiques concernant certaines catégories de programmes, «en particulier des œuvres de fiction comme les feuilletons, sitcoms et séries comiques diffusées sur les chaînes publiques Al-Aoula et 2M TV durant le mois de ramadan dernier», indique la HACA. Après l’examen du contenu des plaintes, c’est l’instance décisionnelle de la HACA, en l’occurrence le conseil supérieur qui a statué sur l’opportunité des plaintes qui ont été adressées par les téléspectateurs insatisfaits ou frustrés devant le contenu des programmes attaqués devant le gendarme du secteur. Pour la HACA, il s’agit d’abord d’assurer «la liberté de création, notamment quand il s’agit d’œuvres de fiction qui font partie intégrante de la liberté de la communication audiovisuelle consacrée par la loi 77-03 relative à la communication audiovisuelle et la loi 11-15 portant réorganisation de la Haute autorité».

Vigilance pointue
Tout en insistant sur le droit de regard sur tous les contenus audiovisuels diffusés par les radios et télévisions, publiques et privées, plusieurs lignes rouges ont été réaffirmées. La liste présentée porte successivement sur le respect de la dignité humaine, le respect de la présomption d’innocence, la non-incitation au racisme, à la haine ou à la violence, la non-discrimination à l’égard de la femme ou l’atteinte à sa dignité, la protection de l’enfant et du jeune public et sa non-exposition à des contenus comportant des risques physiques, psychologiques ou mentaux, la non-incitation à des comportements nuisibles à la santé et à la sécurité des personnes. Pourtant, la principale exigence invoquée par le verdict reste sans aucun doute «les pratiques d’auto-régulation au service des attentes et de l’intérêt général des citoyens-usagers des médias, qui doivent assurer une mise en œuvre appropriée et optimale des mécanismes internes prévus par les cahiers des charges et dédiés à la consolidation de l’écoute et de l’interaction avec le public et au recueil de ses attentes et de ses aspirations à l’égard de l’offre audiovisuelle», souligne la réponse de la HACA aux 80 plaintes émises durant le mois écoulé. Il s’agit de mettre en œuvre plusieurs mécanismes qui permettent de prendre en compte les remarques des téléspectateurs, essentiellement la réception et le traitement des opinions et des suggestions du public et l’activation des comités chargés d’examiner les considérations relatives à la déontologie des contenus et de donner son avis à ce propos avant diffusion, insiste la HACA. Pour améliorer le seuil de satisfaction des Marocains, le gendarme du secteur propose aussi d’intégrer le comité de sélection des programmes soumis par les producteurs externes aux chaînes au circuit des appels d’offre imposés par la loi. D’un autre côté, la HACA met en avant la nécessité de doter les deux ailes du pôle public audiovisuel des «ressources nécessaires à l’établissement de baromètres qualitatifs et à la réalisation d’études périodiques de mesure de la satisfaction du public à l’égard des programmes et contenus diffusés». Cette exigence d’ailleurs prévue par le cahier des charges demeure cruciale, selon la Haute autorité qui est renforcée par les données collectées par le système de mesure d’audience.


Les recommandations pour le traitement du Covid-19

Les pistes d’améliorations évoquées concernent au total 9 recommandations phares qui ont été émises par la HACA. En tête de liste des missions qui sont allouées aux opérateurs figure la prise de «toutes les précautions pour éviter le risque de stigmatisation des personnes touchées ou présumées l’être par le coronavirus (Covid-19) et veiller au respect de leur dignité, de leur droit à l’image et de leur vie privée». Le gendarme du secteur insiste également sur l’interdiction de divulguer l’identité des personnes présumées avoir enfreint les dispositions prises par les autorités publiques encadrant l’état d’urgence sanitaire, «tout en se gardant de toute confusion entre la présentation critique des violations commises et l’incitation à la haine à l’encontre de leurs auteurs présumés». La HACA appelle aussi à éviter tout traitement pouvant lier des villes et des quartiers spécifiques à l’augmentation du nombre de personnes infectées par le coronavirus pour prévenir tout risque de stigmatisation de leurs habitants.



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