Maroc

Assia El Asri Charai : ‘‘La parité n’est pas une question de chiffres’’

Entretien avec Assia El Asri Charai, Présidente de l’agence Massmedia

Vous êtes présidente de Massmedia. Comment assumez- vous cette responsabilité ?
Je pense que chaque chef d’entreprise doit être, avant tout, un leader exemplaire. Etre exemplaire ce n’est pas être parfait, ce n’est pas être supérieur, c’est avec les autres. Avec la crise de la Covid-19, ma préoccupation et ma responsabilité majeures étaient de continuer à fournir des services à forte valeur ajoutée à mes clients et surtout de préserver tous les postes de mes collaborateurs. Cette responsabilité exige une grande capacité à diriger et motiver et souligne toute l’utilité et l’importance de la «décentralisation» du leadership en mettant en lumière les nombreux atouts des responsabilités partagées, de la délégation de pouvoirs, de la confiance et d’une liberté utilisée à bon escient. Chez Massmedia, nous avons 64 % de femmes. La parité, chez nous, n’est pas une question de chiffres mais d’équité et de management qui ne fait aucune discrimination. Dans toutes mes prises de décisions je vois avant tout les compétences et l’octroi du poste au mérite.

Peu de femmes sont présentes dans les organes de décision au Maroc. Pourquoi ?
Les pays nordiques restent ceux où la proportion de femmes est la plus forte, 36,4 % en moyenne. C’est en Suède que les femmes sont les plus nombreuses, selon un récent rapport de l’ONU. Ces chiffres peuvent s’expliquer par de nombreux facteurs comme l’égalité d’accès à l’éducation, le fait que les femmes sont conscientes qu’il est important de voter et d’influer sur les résultats des élections et la mise en place de politiques nationales visant à concilier vie de famille et responsabilités professionnelles, tant pour les femmes que les hommes. Je pense que nous devons prendre exemple sur ce modèle inspirant pour avoir plus de femmes dans les organes de décisions : l’égalité d’accès à l’éducation, voter pour influer sur les résultats des élections et, enfin, une politique nationale pour concilier responsabilités professionnelles et vie familiale.

Comment valoriser les compétences managériales des femmes au sein des entreprises ?
Les inégalités hommes-femmes s’accroissent, surtout pour les non diplômées. Pour les combattre, il faut valoriser des compétences invisibles. Chaque chef d’entreprise devrait avoir une politique RH qui fera ressortir ces compétences invisibles, celles que les collaborateurs n’évoquent pas, tant elles semblent naturelles. Cette démarche permettrait de réévaluer le niveau de qualification des femmes. Les qualités indispensables aujourd’hui en entreprise sont fondées sur des compétences dites «non-cognitives», sans lien direct avec les connaissances spécifiques liées au métier exercé. L’aptitude à gérer le temps de manière efficace, à travailler de façon productive avec les autres ou à coordonner des activités constituent des atouts majoritairement mentionnés par les femmes, diplômées ou pas. 

Sanae Raqui / Les Inspirations Éco



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