Aïd Al Adha : rien n’est encore joué
À cinq mois de l’Aïd al-Adha, les spéculations sur une éventuelle annulation alimentent déjà les débats, dans un contexte marqué par une sécheresse persistante. Mais pour les professionnels, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions.
Quelque cinq mois nous séparent de la Fête du sacrifice, et les spéculations commencent déjà à fuser de toutes parts sur une éventuelle annulation. Des allégations qui, selon les professionnels du secteur, n’ont aucun fondement, et il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Certes, le pays traverse une période des plus critiques en termes de sécheresse, mais est-ce une raison valable pour annuler cette fête, qui fait vivre bon nombre d’éleveurs et d’agriculteurs ?
Le recensement des bêtes lancé
De plus, ce scénario se répète chaque année. Certains professionnels avaient même exhorté le gouvernement, l’année dernière, à annuler le rite. Lors du point de presse à l’issue du Conseil de gouvernement, jeudi dernier, Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, a indiqué que l’Exécutif suit de près la situation et a déployé de nombreux efforts pour trouver des solutions à ce problème. Pour précision, l’opération de recensement et d’identification des bêtes ovines et caprines destinées au sacrifice est d’ores et déjà lancée.
Selon Abderrahmane Mejdoubi, président de l’Association nationale des ovins et caprins (ANOC), mandatée par le ministère de l’Agriculture pour mener cette opération, les équipes sont déployées à l’échelle nationale. L’opération devrait prendre fin dans une vingtaine de jours. Les chiffres seront ensuite collectés et traités par le ministère avant d’être communiqués officiellement. Ce recensement permettra d’avoir une meilleure visibilité sur la situation du cheptel national.
Les importateurs en stand-by
À noter que le besoin annuel est estimé à 6 millions de têtes. De leur côté, les importateurs n’ont pas encore activé le branle-bas de combat en vue de l’Aid al-Adha. Toutefois, l’inquiétude commence à gagner du terrain.
Pour l’instant, toute l’attention est focalisée sur les importations pour subvenir aux besoins quotidiens des consommateurs, bien que les conditions actuelles ne soient pas favorables.
«Pour l’heure, les importateurs sont dans l’expectative. Ils ne peuvent pas importer des quantités importantes pour l’Aïd, de peur de se retrouver avec un surplus en cas d’annulation. De plus, les prix à l’international ne sont pas donnés», souligne Mohamed Jabli, président de la Fédération marocaine des acteurs de la filière élevage (FMAFE).
Le professionnel renseigne sur les prix à l’importation et précise que, pour les têtes de bovins en provenance du Brésil, le prix est de 40 dirhams le kilo. Ceux provenant d’Espagne reviennent plus cher, soit entre 53 et 60 dirhams, en fonction de la qualité. Pour les ovins, le prix est de 57 dirhams.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO