Maroc

Agriculture. Mohamed Alamouri: « les objectifs de la Comader »

Mohamed Alamouri. Président de la Confédération marocaine de l’agriculture et de développement rural

Quelle place la Comader accorde-t-elle au milieu rural?
La Confédération marocaine de l’agriculture et de développement rural est une organisation professionnelle agricole sous forme d’une Association des interprofessions agricoles conformément à l’article 21 de la loi 03-12 relative aux interprofessions agricoles et halieutiques. Aujourd’hui, on compte 19 interprofessions représentant les filières végétales et animales au sein de la Comader. Comme son nom l’indique, la Comader se consacre essentiellement au développement du monde rural puisque l’agriculture y est une activité clé. Pour que notre institution soit au service d’une ruralité plus viable, la Comader a mené une étude en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts pour renforcer son rôle axé principalement sur le développement agricole et rural. De ce fait, une Comader forte nécessite des ressources financières propres et permanentes pour accompagner le développement agricole en général et rural en particulier afin qu’elle soit mieux structurée avec une déclinaison de son intervention au niveau régional. C’est pourquoi la cotisation obligatoire par voie réglementaire permettra d’atteindre cet objectif et requiert actuellement une attention particulière en raison de sa relation avec le renforcement de la mission de la Comader. Actuellement, l’arsenal juridique, notamment les textes de loi et les arrêtés y afférents, a été déjà préparé et soumis au Secrétariat général du gouvernement avec lequel les pourparlers continuent afin de rendre obligatoire la cotisation des adhérents sur le plan réglementaire dans le cadre des accords interprofessionnels.

Quel regard portez-vous sur le développement agricole en milieu rural dans le cadre du Plan Maroc Vert?
Le Plan Maroc Vert a eu le mérite d’opérer une profonde mutation du modèle agricole marocain. Tout d’abord, à travers son incidence sur le milieu rural par le biais de la stabilisation des communautés rurales et l’amélioration de leurs revenus. En outre, le Plan Maroc Vert a permis, durant cette dernière décennie, de développer l’amont productif grâce à l’approche filière adoptée dans le cadre des contrats-programmes conclus avec les différentes filières et interprofessions agricoles, mais aussi grâce à l’effort accompli à l’aval industriel. Par conséquent, plusieurs filières ont atteint l’autosuffisance complète, notamment la filière des fruits et légumes et les produits animaux, tels que le lait et la viande. En ce qui concerne le sucre, le taux d’autosuffisance avoisine les 50% avec l’amélioration des techniques de production afin de relever le niveau de production des cultures de la canne à sucre et de la betterave à sucre. Pour les céréales, les récoltes sont liées à une pluviométrie régulière. De plus, le Plan Maroc Vert a fait du partenariat public-privé son credo qui a permis l’injection de l’investissement public, qui a exercé un effet d’entraînement sur le secteur privé avec une augmentation significative à la fois de la production et des exportations.

Deux nouvelles stratégies, «Génération Green» et «Forêts du Maroc», ont été lancées. Permettront-elles de répondre aux attentes du milieu rural ?
Depuis sa création, la Comader s’est fixé pour objectif d’accompagner tous les chantiers mis en œuvre, notamment le Plan Maroc Vert, qui est déjà arrivé à échéance, en plus de «Génération Green» et «Forêts du Maroc». Le facteur humain est placé au cœur de ces deux stratégies à travers une meilleure inclusion économique des jeunes dans les zones rurales à travers la génération d’une nouvelle classe moyenne et le lancement d’une nouvelle génération d’organisations agricoles qui permettront de renforcer le taux de regroupement. Dans ce sens, l’encadrement professionnel de l’ensemble des institutions, dont la Comader, est très important. Notre but est de renforcer ce rôle à travers la création de projets viables et rentables en faveur des jeunes et familles, petits et moyens agriculteurs. Ces catégories sont confrontées à plusieurs difficultés, notamment l’accès au foncier agricole et au financement, le partage de propriété par plusieurs ayants droits en plus de la décomposition des terres agricoles à cause de la question de l’héritage, ce qui pénalise davantage la rentabilité économique. Parallèlement aux efforts fournis par les autres intervenants, notre mission d’encadrement est d’unir les forces de ces catégories dans le cadre de la création de coopératives agricoles, Groupements d’intérêt économique (GIE) ou Méga Groupements agricoles pour une meilleure rentabilité agricole. Pour ce faire, les infrastructures régionales doivent également suivre surtout en termes d’offre de formation, clé de voûte pour accompagner la jeunesse rurale.

Le potentiel rural est-il bien exploité ?
Non, ce potentiel n’est pas suffisamment exploité. Mais, pour profiter pleinement de ce potentiel dans le cadre d’un développement inclusif, toutes les conditions doivent être réunies, notamment la qualification du facteur humain, la disponibilité des ressources hydriques et les terres agricoles. Afin de garantir ces trois facteurs de cette équation de développement, le facteur humain nécessite une formation surtout pour la jeunesse rurale et agricole. S’agissant de la problématique de l’eau, il faut trouver des solutions pérennes, telles que le dessalement de l’eau et l’économie d’eau qui sont déjà entreprises par le Maroc alors que la mobilisation des terres agricoles nécessite la résolution des contraintes précitées. Elles sont liées aux exploitations agricoles afin de disposer de plateformes de production suffisamment fortes et performantes en plus de l’amélioration des autres paramètres liés à la rentabilité économique, l’accès au marché et aux débouchés commerciaux.

Yassine Saber / Les Inspirations Éco Docs


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