Maroc

Agadir : une nouvelle vie pour les anciennes places de l’après-séisme

Parmi les actions prévues pour le 65e anniversaire du tragique tremblement de terre de 1960 à Agadir, figure l’aménagement des anciennes places commémoratives de l’après-séisme. L’estimation du coût des prestations a été arrêté à 16,8 MDH. 

Si le littoral reste la destination privilégiée par les touristes à Agadir, la valorisation du patrimoine architectural d’avant et après le séisme dévastateur du lundi 29 février 1960 devrait consolider l’attractivité de la ville comme prévu dans le Programme de développement urbain (PDU) d’Agadir 2020-2024.

Parmi les projets qui sont actuellement attendus, surtout à l’approche du 65e anniversaire du tragique tremblement de terre, figure l’aménagement des anciennes places commémoratives pour 16,8 MDH.

Dans le détail, les travaux portent sur les places du cinéma Rialto jouxtant l’immeuble «A», la place du Prince héritier, celle de l’Hôtel de ville en face de la municipalité ainsi que le marché central.

Un plan d’aménagement sectoriel et de sauvegarde du centre urbain
Pour rappel, le plan d’aménagement sectoriel et de sauvegarde du centre urbain et secteur touristique et balnéaire de la ville d’Agadir a été approuvé dans un contexte marqué par la recrudescence des actes de défiguration architecturale des bâtiments construits au temps du Haut-commissariat à la reconstruction d’Agadir (HCRA).

À l’époque, aucun document règlementaire n’existait pour la protection de ce patrimoine architectural. Dorénavant, les dispositions dudit plan d’aménagement protègent l’aire de sauvegarde principale du centre-ville qui est le principal noyau patrimonial initié par le HCRA. Un recensement des bâtiments d’avant et après le séisme d’Agadir – lesquels présentent un intérêt public au point de vue historique, culturel et surtout architectural – a été réalisé pour les inscrire au patrimoine national. Celui-ci est scindé en deux catégories et englobe plus de 80 sites au total.

La première catégorie rassemble les édifices rescapés du séisme de 1960. Ils sont connus sur le bout des doigts. Parmi eux, le site historique d’Agadir Oufella déjà réhabilité. À cela s’ajoutent des sites plus modernes tels que le cinéma Salam, l’immeuble de la municipalité, qui est actuellement le siège de la wilaya de la région Souss-Massa, en plus de l’immeuble Sibra, appelé communément Sept étages, le lycée Youssef Ben Tachfine, l’immeuble de la «Paternelle» ainsi que les escaliers de la Satas, entre autres.

La seconde catégorie, quant à elle, regroupe l’ensemble des bâtiments qui ont été construits depuis la mise en place du Haut-commissariat à la reconstruction. Cette catégorie nécessite aussi une préservation particulière puisqu’elle englobe des œuvres de référence de la période de reconstruction d’Agadir après le tremblement de terre. De nombreux architectes de la reconstruction d’Agadir ont contribué à cette opération. Ils sont issus en majorité du mouvement moderniste qui rassemble des figures telles qu’Elie Azagury, Michel Ecochard, Mourad Ben Embarek, Henri Tastemain, Jean-François Zevaco, Patrice de Mazières, Abdeslem Faraoui, Louis Rioux, Armand Amzallag, entre autres.

Architecture moderne : Agadir, une pépinière expérimentale
Notons que c’est au niveau du centre-ville que se concentre la majorité des bâtiments aménagés entre 1963 et 1973. À commencer par le Mur de la commémoration, également appelé Mur du souvenir, dédié aux victimes du tremblement de terre de 1960 sur lequel est inscrite la déclaration du roi Mohammed V au lendemain du séisme : «Si le destin a décidé de la destruction d’Agadir, sa reconstruction dépendra de notre foi et de notre volonté (…)».

Parmi les autres édifices notoires, figurent l’immeuble A, l’immeuble D, la poste principale, le marché municipal, la caserne des pompiers, ou encore le collège Souss El Alima. Après le séisme, la ville a été un grand chantier de reconstruction et de renaissance.

Certes, le célèbre architecte Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, n’a pas travaillé sur ce projet pharaonique comme l’espéraient les Gadiris, mais ses disciples ont appliqué nombre de ses théories sur l’architecture moderne d’Agadir. Ce fut le cas, notamment, dans le quartier administratif et dans la nouvelle ville avec la forte présence de béton brut dans les édifices.

Ces derniers ont été construits verticalement dans un style d’architecture fonctionnelle avec un accent sur l’éclairage et la ventilation. Agadir est devenue alors une pépinière expérimentale pour l’architecture moderne, qui, à l’époque, semblait être le choix officiel de l’État en matière d’urbanisme. Tout cela a paru dans plusieurs ouvrages, dont la poste centrale, la caserne des pompiers, des écoles et des logements de fonction par Jean-François Zevaco ; l’immeuble A par Louis Rioux et Henri Tastemain ; l’hôtel de ville par Emile Duhon ; la délégation de la santé à Talborjt et le tribunal de «sadad» (actuel tribunal administratif) par Elie Azagury ; le marché de gros et sa coupole ainsi que le marché municipal par Claude Verdugo…

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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