1er mai. Pas de défilés mais des revendications
C’est un 1er mai pas comme les autres. La «fête des travailleurs» au Maroc comme partout dans le monde n’aura rien de festif dans le fond comme dans la forme. Le confinement dicté par le Covid-19 n’a pas manqué de provoquer des ravages dans les revenus, sans oublier son lot de réduction des staffs, d’arrêts de travail et autres baisses drastiques dans les revenus. Pas de bain de foule non plus pour les chefs syndicaux, ni de banderoles aux slogans redondants. Place à un tantinet d’innovation à travers un autre type de plateformes digitales, réseaux sociaux et autres. Quant aux cahiers revendicatifs classiques, ils ont été tout simplement sapés par l’urgence de la crise.
Dans son appel du 1er mai, l’Union marocaine du travail (UMT) s’est adressée au gouvernement et aux autorités publiques les exhortant à œuvrer pour le respect des droits des travailleurs et des libertés syndicales et à renforcer les moyens de contrôle pour dissuader certains employeurs de profiter de la crise pour licencier leurs salariés. À l’adresse du patronat, la centrale de Miloudi Moukharek lance un appel qualifié de pressant pour renforcer les mesures préventives et doter les unités de production et les administrations des moyens de protection. Objectif : garantir la sécurité et la santé des travailleurs ainsi que leur droit à la vie.
Dans ce sens, le syndicat incite l’ensemble des représentants syndicaux et les membres des comités d’hygiène et de sécurité à faire usage du «droit de retrait» en cas de défaillance des moyens de protection dans leurs entreprises et de la notifier aux autorités. L’UMT appelle le gouvernement à l’adoption d’une loi sur cet aspect. Quant à la célébration du 1er mai en soi, le programme de l’UMT est parsemé d’activités en visioconférence qui, de bout en bout, versent dans le sujet d’actualité, à savoir la pandémie du Coronavirus. La centrale a réservé une intervention sur la période post-Covid-19 qu’il va falloir aussi prendre très au sérieux. En effet, la relance de l’économie ne manquera pas d’apporter son lot de conflits liés au travail et aux attentes des salariés vis-à-vis de leurs entreprises et du gouvernement. Le fait aussi que les syndicats ne soient pas représentés au sein du Comité de veille économique en leur qualité de représentants des salariés, a laissé un arrière-goût amer.
Se sentant exclus, ils ne manqueront pas de revenir à la charge quant aux choix pris par le gouvernement pour gérer la crise d’un point de vue économique. Pour sa part, l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) a mis l’accent sur la solidarité nécessaire en cette période difficile.
Dans un communiqué, la centrale a attiré l’attention sur l’importance de rester vigilant face à ceux qui voudraient profiter de la situation pour maximiser leurs gains. À l’image des autres syndicats, la CDT a opté pour la célébration du 1er mai sur les réseaux sociaux avec un discours diffusé via Facebook. La centrale a mis en relief le nécessaire retour de tous les travailleurs en arrêt temporaire de travail suite à la suspension des activités de leurs entreprises. Elle a également mis l’accent sur la préservation des acquis sociaux. Outre les aspects liés à la pandémie et ses ramifications sociales, les syndicats comptent remettre sur la table l’accord tripartite du 25 avril 2019 car si sur le fond, l’accord suscite peu ou prou de désaccord, sa déclinaison dans la pratique pose problème. Les syndicalistes critiquent aussi la non-ratification par le Maroc de la convention internationale n°87 portant sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical.
Dans la même veine, le projet de loi organique régissant le droit à la grève ne manquera pas de figurer sur la liste des revendications pressantes. En effet, une petite avancée a été réalisée par l’actuel ministre de l’Emploi pour rapprocher les différents points de vue mais tout dépend de la tournure que ledit texte prendra une fois soumis au débat parlementaire. En tout cas, les syndicats auront du pain sur la planche juste après que la pandémie sera éradiquée. Des tonnes de dossiers mériteront leur attention car la reprise ne sera pas aussi facile qu’on pourrait le croire.