Sur les traces de Tchekhov
Assaad Bouab ne cesse de faire parler de lui. Après une année 2017 des plus concluantes, durant laquelle il campe un des rôles principaux dans la série à succès de France 2 Dix pour cent, il est sur les planches du Théâtre de l’Odéon jusqu’au 22 décembre. L’acteur franco-marocain fait partie du casting select de la nouvelle adaptation par Simon Stone du chef d’œuvre-de Tchekhov «Les Trois sœurs». Coulisses.
Avec Hicham Janowski, personnage aussi pédant qu’attachant de la série «Dix pour cent» de France 2 , Assaad Bouab séduit la France et écume les classements des acteurs les plus beaux et les plus remarqués de l’année. Talent naturel au service d’une belle technique, le jeu d’Assaad Bouab lui permet de s’exprimer au cinéma, à la télévision et au théâtre. Il vient de jouer les premières représentations du classique de Tchekhov «Les Trois sœurs», adaptation moderne et contemporaine par le jeune réalisateur australien de 33 ans Simon Stone. Une adaptation décalée où les trois sœurs parlent mode de vie vegan, Facebook et Trump. «C’est une adaptation originale, elle s’inspire des Trois sœurs certes; mais la pièce s’inscrit dans notre actualité», explique l’acteur qui n’a pas eu à travailler le personnage de la pièce, mais plutôt à se concentrer sur un personnage d’aujourd’hui avec les questions existentielles actuelles. Le personnage est inspiré de l’amant d’une des trois sœurs, le lieutenant-colonel du régiment de 42 ans au début de la pièce, ancien compagnon d’armes du père des Prozorov. Mal marié avec une femme neurasthénique, il rêve d’un foyer harmonieux ailleurs, mais est condamné à ne pas s’enraciner, devant aller de garnison en garnison. «Mon personnage est l’équivalent de celui de Verchynine. Il est marié et père de deux enfants et va tomber amoureux de Macha avec laquelle il va avoir une aventure». Un rôle tout en sobriété et en retenue, pour lequel le comédien a travaillé sur la simplicité pour gérer tous les non-dits de son personnage et des personnages, chose qui finira par une explosion finale. «C’est incroyable d’être dirigé par Simon Stone, il ne cherche pas la performance d’acteur, il nous pousse vers l’ennui, la solitude, car les personnages, même entourés, souffrent de cette solitude. Il est toujours juste, a toujours le bon conseil! Avec lui, on lâche prise, on a confiance».
Pour ce faire, le metteur en scène propose une scène sous forme de maison en verre où l’on voit évoluer tous les personnages. La pièce de théâtre a des allures de film. «C’est à la fois déroutant et intéressant de pouvoir jouer dans cette maison où l’on évolue les pièces, la terrasse. Nous n’avons pas les pieds sur la scène et l’on sent moins la proximité du public, cette proximité que nous offre le théâtre. C’est une expérience incroyable», continue Assaad Bouab qui joue aux côtés de Jean-Baptiste Anoumon, Éric Caravaca, Amira Casar, Servane Ducorps, Éloïse Mignon, Laurent Papot, Frédéric Pierrot, Céline Sallette, Assane Timbo et Thibault Vinçon, en compagnie desquels il joue pratiquement tous les soirs à l’Odéon de Paris jusqu’au 22 décembre et du 8 janvier au 17 février en province et à Anvers et Turin.
En parallèle, il pense déjà au tournage de la saison 3 de «Dix Pour cent» qui arrive à grand pas, et se permet d’être en lice pour devenir le Gentleman de l’année selon GQ. L’acteur est également heureux de retrouver le grand Simon Abkarian en 2018 à la Cartoucherie de Paris pour défendre des pièces de théâtre, dont L’Envol de la cigogne. «J’adore travailler avec Simon Abkarian. C’est très différent de Simon Stone, on est plus dans le corps. C’est extravagant et extraverti, c’est méditerranéen». Un programme bien costaud…