Stratégie : les visées africaines d’engie
Bruno Bensasson
Directeur général d’ENGIE pour l’Afrique
ENGIE, nouveau nom du Français «GDF Suez», voit grand en Afrique. Son département dédié au continent ambitionne d’étendre sa présence, sur celui-ci, aux pays de la région subsaharienne. Pour Bruno Bensasson, directeur général d’ENGIE pour l’Afrique, le Maroc constitue un bel exemple en termes de gestion du secteur électrique.
Les Inspirations ÉCO : Pourquoi ENGIE décide-t-elle de mettre le cap sur l’Afrique ?
Bruno Bensasson : Ce n’est pas aujourd’hui que nous nous lançons en Afrique. Cela fait 10 ans que nous sommes sur le continent. Nous sommes particulièrement heureux des activités que nous développons ici, au Maroc, en partenariat avec Nareva, ainsi que dans les services. Malgré cette présence, nous avons aujourd’hui l’ambition d’accélérer notre développement sur le continent. En dehors de l’Afrique du Nord et du Sud, ENGIE entend être plus présent dans la partie subsaharienne du continent africain. Nous sommes dans une vision partenariale, de valeurs partagées avec les clients africains, ainsi qu’avec les collectivités locales et les entreprises.
Quels types d’investissements comptez-vous effectuer en Afrique ?
Nous ambitionnons de nous développer dans trois types d’activités. D’abord, dans les services d’efficacité énergétique, c’est-à-dire dans l’accompagnement de nos clients dans leurs besoins en matière de fournitures de services, notamment les entreprises industrielles, ainsi que celles opérant dans le domaine agricole et le secteur tertiaire. Ensuite, ENGIE vise la production d’électricité centralisée, principalement dans les énergies renouvelables et le gaz. Il s’agit d’un secteur dans lequel nous avons une grande expertise, surtout pour tout ce qui concerne l’exportation et le transport de gaz naturel, sans oublier la production d’électricité à partir du gaz naturel. D’ailleurs, c’est un très bon complément aux énergies renouvelables car ils se marient parfaitement sur la base d’un nouveau mix énergétique conçu dans certains pays comme le Maroc. Enfin, notre dernière activité concerne l’offre de solutions pour satisfaire une certaine partie des besoins des populations. Les cibles principales sont les régions les plus distantes et les moins denses.
Quels sont les principaux pays ciblés par ENGIE ?
Cette question est très délicate. Je n’aimerais pas faire de jaloux en y répondant (rires). Ce que je peux dire, c’est que nous sommes très heureux de notre présence au Maroc et dans d’autres pays du Maghreb, ainsi qu’en Afrique du Sud. Désormais, nous voulons aller au-delà de ces pays en pénétrant de nouveaux marchés en Afrique de l’Ouest, du centre et de l’Est. Dans cette logique, nous avons déjà ouvert deux bureaux à Abidjan et à Nairobi. Nous ne comptons pas nous arrêter là, car vu les enjeux de l’électricité sur le continent, il nous faudra développer des projets locaux en fonction des pays. Il est encore très tôt pour livrer une liste exhaustive de pays, mais nous sommes à la recherche de cadres institutionnels ouverts à des partenariats avec des acteurs locaux. Ainsi, il serait intéressant d’avoir des cadres réglementaires qui permettraient aux investisseurs privés de nouer des partenariats avec des acteurs locaux afin d’investir dans la durée. Cela permettrait une profitabilité raisonnable avec des risques limités.
Quelles solutions préconisez-vous pour l’électrification du continent ?
L’Afrique fait face à de nombreux défis, mais il y a aussi une raison de penser que ces défis peuvent être relevés. On note une très forte demande et des progrès dans la gouvernance du secteur électrique. Certains pays, à l’instar du Maroc, sont exemplaires dans ce domaine. Moyennant une bonne gouvernance, il y a une bonne raison de penser que l’offre satisfera la demande. Dans un autre sens, les progrès des énergies renouvelables peuvent contribuer à un mix énergétique pour arriver au bout du défi de l’électrification. À l’image du secteur des télécoms, l’électricité peut également développer des modèles de business rentables.