Les Cahiers des ÉCO

Samira Sitail : «Je n’aime pas le 8 mars !»

Samira Sitail, directrice générale-adjointe de 2M en charge de l’information, des magazines et du sport

Samira Sitail, directrice générale-adjointe de 2M en charge de l’information, des magazines et du sport, ex-star du PAF préfère travailler dans l’ombre pour laisser la place à la jeune génération. Portrait d’une journaliste au parcours inspirant et inspiré qui a su marquer ces Panafricaines qu’elle soutient sans faille.

Après avoir marqué cette matinée des Panafricaines par un discours franc et passionné, Samira Sitail n’hésite pas à avouer qu’elle n’aime pas le 8 mars. La directrice générale-adjointe de l’information, des magazines et du sport de 2M, une femme forte, qui a inspiré de par sa capacité à animer des débats politiques à l’antenne, n’aime pas ce que cette date symbolique est devenue : une date marketing. Parce que pour la journaliste, il n’y a rien à célébrer, bien au contraire, le combat est encore long.

« J’ai une admiration sans limites pour ces femmes qui ont menées de bout en bout ces combats mais je ne me sentais pas directement concernée jusqu’à ce que je les vive. Je les ai vécus à 10.000 reprises», confie Samira Sitail qui a fait face à des réflexions déplacées sur sa façon de s’habiller, ses kilos en trop, des sautes d’humeur liées systématiquement à des soucis conjugaux. «Je n’ai jamais vu un homme se faire critiquer pour la couleur de sa cravate ! On ne vous critique jamais de manière frontale, on l’enrobe.

Je suis certaine que si je m’appelais Samir, je n’aurai pas eu 80% des confrontations féministes que j’ai pu avoir avec les politiques, les confrères et même en interne à 2M!». Une niaque que l’on pourrait assimiler à une passion pour le métier depuis toujours. Et pourtant, la directrice de l’information n’était pas destinée au monde du journalisme. Elle était, certes, attirée par le monde de la communication et a commencé des études en langues. Elle intègre Paris 7 pour une formation espagnol-anglais afin de maîtriser les langues.

Pour arrondir ses fins de mois, elle trouve un job de baby-sitter et tombe sur celui qui va devenir son mentor et qui va changer sa vie : Hubert Machtou, journaliste et ancien conseiller de Raymond Barre. La jeune étudiante côtoie les journalistes qui déferlent chez son patron, leur répond au téléphone. Elle a soudain une révélation : elle veut devenir journaliste ! «L’image m’intéressait au moment où les éditorialistes avaient le dessus sur tout le reste et qu’on regardait les journalistes à la télévision comme des speakers, le tournant a été pris une dizaine d’années après. Je me suis spécialisée dans le journalisme et la maîtrise de l’image, le journalisme audiovisuel.», confie la journaliste qui est née et a grandi en France et qui décide de faire un stage au Maroc pour arrondir ses fins de mois !

Samira Sitail se retrouve à la RTM et se voit proposer un poste dans la chaîne nationale quelques mois plus tard. 2 ans et demi plus tard, après s’être heurtée à la réalité marocaine et à la censure où elle se voit refuser la diffusion d’un reportage à elle sur le Sida, la jeune journaliste intègre 2M en mai 1990 :  «tout était à construire. C’était une extraordinaire expérience avec laquelle j’ai grandi». Que ce soit en matière de sécurité apportée à la pratique de notre métier, ou de rapport à la politique et à l’indépendance des médias. «L’indigence de la classe politique et de la scène politique marocaine a fait que cette presse privée qui a commencé à émerger dans les années 90 et qui a grandi au début du nouveau règne, est devenue plus importante en termes d’influence dans la société, en termes de propositions ou de force de propositions que la classe politique ou les politiques eux-mêmes. Il y a eu des rôles qui ont été un peu inversé. On devenait journaliste opposant, opposant à travers le journalisme. Cela a beaucoup brouillé les cartes, cela a eu pour conséquence de situations regrettables pour notre métier ».

Mais aujourd’hui, Samira Sitail a l’air apaisé par la force des Panafricaines et l’espoir qu’elles apportent avec elle. Pour la directrice de l’information, l’évènement est important parce que nous vivons dans un monde globalisé et que la solution pour le Maroc est le continent africain où l’on crée un réel échange pour aller en immersion les uns chez les autres. «Comment expliquer que sur ce continent en développement, nous n’utilisions pas notre influence en tant que journaliste pour essayer de faire avancer certaines problématiques ! C’est énorme, c’est le Pacifique ! Mais construisons brique par brique pour arriver à faire grandir ce projet tous ensemble !».  


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