Salwa Tazi : La guérisseuse de l’âme
Elle a une aura et une bonté contagieuses. Ce charisme, elle le puise dans cette vie très riche. Seulement, un drame la pousse à écrire le «Journal d’une mère en deuil» dans lequel elle raconte comment surmonter le décès d’un enfant. C’est l’histoire d’une femme courage. C’est le récit de Salwa Tazi, la femme de la semaine.
Ses yeux sourient, elle donne sans jamais compter, elle qui a besoin de recevoir. Salwa Tazi est un exemple de femme courage qui s’est battue pour sa famille, ses enfants, ses passions. Il y a quelques années, elle vit un drame qu’elle retranscrit avec les bons «maux» dans «Journal d’une mère en deuil». En lisant le titre, le lecteur peut prendre peur ou être sceptique mais en parcourant les premières pages, l’auteur nous rassure, nous apaise, nous donne une leçon de vie. «Effectivement, ce récit de vie est une ode à la paix intérieure. C’est voulu. Après cette tragédie, il me fallait trouver coûte que coûte du réconfort. C’était une question de survie. Je ne trouvais pas de livres avec une réponse qui puisse me consoler totalement. Je récoltais ça et là des explications. Autour de moi, je glanais des réponses à ma quête, à mes questionnements.
Alors, l’idée d’écrire m’est venue pour rassembler tout ce qui était susceptible de m’aider à me relever et à avancer et l’aventure a commencé», confie l’auteur née à Sefrou, qui a vécu à Rabat jusqu’à ses 10 ans avant d’aller en Irak, en Lybie et en Tunisie. Le bac en poche, elle part étudier la psychologie à Nancy qu’elle arrête pour passer un Deug d’Anglais. Elle enseigne dans une école pour enfants inadaptés mentaux, prend des cours en diététique, écrit un livre : «Maigrir avec appétit ou le régime des combinaisons alimentaires» ainsi que cinq manuscrits et rédige même des chroniques pour Al Bayane, Maroc Hebdo où elle écrit des sujets de société. «J’ai immigré au Canada (Montréal) où je me suis présentée aux élections municipales. J’étais la première femme africaine, marocaine, musulmane à le faire ! J’ai fait beaucoup de bénévolat à Montréal. J’écrivais pour des journaux en freelance», continue la Marocaine aux 1001 vies tellement son parcours est incroyable. Le tout en étant une mère de famille irréprochable et elle est très impliquée dans l’associatif puisqu’elle est membre de AIWA (American, International Women’s Association) depuis 1984 et présidente d’une association pour la défense des animaux.
Celle qui avoue avoir eu un parcours hétéroclite confie qu’elle a «tout fait et rien fait»…«J’ai toujours suivi mon intuition et mes passions. J’ai abandonné mes études pour aller préparer les repas de mon mari, m’occuper de mes enfants, pour vivre dans un Ashram, ou pour changer de ville ou de pays ! J’ai repris des études en sociologie et Women’s Studies, à Montréal, vingt ans après ! J’ai eu la chance de pouvoir faire ce que je veux», continue Salwa Tazi, qui a trouvé en la foi, un chemin pour la construire et l’entretenir. Elle est la preuve que la foi et la liberté sont en total accord. «L’être humain possède des ressources insoupçonnables ! J’avoue que je ne m’en croyais pas capable. Jusqu’à aujourd’hui, je ne sais pas comment j’en suis arrivée à ce stade, mais je commence à réaliser le pouvoir de la foi.
On dit qu’elle soulève des montagnes, je soutiens, qu’elle guérit de tout. Il suffit de lui faire confiance et de la suivre humblement». C’est grâce à sa force intérieure qu’elle éprouve le besoin de mettre des mots sur les «maux». C’est le titre «Apollon de lumière» qui l’inspire. «Apollon parce que mon fils était un bel homme tel un apollon et lumière parce qu’il s’en est allé dans la lumière ! Rien de plus. Petit à petit, en écrivant, j’ai découvert qu’Apollon est aussi le nom d’un papillon. Puis j’ai appris que le papillon symbolise l’âme dans toutes les philosophies, religions et croyances. Le papillon est un exemple pour l’homme. Comme lui, nous traversons plusieurs étapes d’existence.
De transitions en transitions jusqu’à la transformation finale quand nous nous enfermons dans le cocon de la mort pour en ressortir des êtres de lumière». Grâce à ce processus, elle a non seulement trouvé une paix sereine, mais elle réussit à se reconstruire, à guérir, un exploit qu’elle n’imaginait même pas. «Pour me distancer de cette effroyable tranche de ma vie, j’écris. De victime, je deviens scénariste. L’écriture me donne un certain recul qui me procure une joie indicible. Elle me permet d’observer de loin mon personnage. La mère en deuil qui se livre me délivre». Le livre la délivre et il nous livre une leçon de vie. Merci !